Crise football malien Bêtise humaine
Le football paie la lourde facture de l’ingérence du ministre des sports Housseini Amion Guindo dans la gestion de la Fédération malienne de Football (FEMAFOOT). A la suite de la décision ministérielle en date du 8 mars 2017 qui dissout l’organe exécutif de la FEMAFOOT, la Fifa a d’abord répondu par une lettre divertissement le 9 mars. Hélas, le ministre persiste et décide de mettre un comité provisoire en lieu et place de l’organe faitière du football malien le 13 mars pour une durée d’un an. Toute chose qui amène la FIFA à passer à l’acte en suspendant la FEMAFOOT de toutes ses activités par une lettre en date du 16 mars avec effet immédiat pour le 17 mars. La Fifa va plus loin dans sa sanction qui ne sera levée que si le ministre des sports annule la décision de dissolution de l’organe exécutif de FEMAFOOT et que le Président Boubacar Baba Diarra soit réinstallé.
Depuis le 17 mars dernier, les premières conséquences sont tombées comme un coup de massue. Quatre arbitres maliens présents à Ouagadougou pour la Ligue des champions sont renvoyés à la maison par le CAF. Le Djoliba et les Onze Créateurs en déplacement en Egypte et au Rwanda sont disqualifiés de la Coupe CAF alors qu’ils étaient en pole position pour se qualifier pour le prochain tour au vu des résultats de la manche aller (2-0 pour le Djoliba et 1-0 pour les Onze Créateurs).
L’installation officielle du comité provisoire présidé par Sidy Diallo (Vice-président de la Fédération malienne de boxe) a fait monter la tension dans la famille du football malien. Ainsi, 13 clubs de Ligue1 sur 18 ainsi que leurs supporters et 6 Ligues régionales sur 9 se mobilisent et décident de ne pas reconnaitre le comité provisoire. Ils réclament même l’annulation de la décision ministérielle, seule condition de la levée de la suspension de la Fifa. Ils multiplient d’ailleurs les meetings de contestations par grandes mobilisations sur le terrain de l’AS Réal (2 fois) et sur le terrain Sakaly de Medina-coura. Lors de la rencontre du terrain Sakaly, la mobilisation a été totale avec la présence effective des supporters, des présidents de clubs de Ligue1, des parents de footballeurs, des clubs de D2, D3 et du football féminin. Parallèlement, l’Union Nationale des Footballeurs en Activités a mobilisé ses troupes pour interpeller le ministre des sports. Le corps arbitral enfonce le cloue à travers une pétition de 203 arbitres qui décident de boycotter tous les matchs de football sur le territoire national. Même les matchs amicaux et la coupe corporative sont concernés. C’est le blocage total.
Pendant ce temps, le comité provisoire démarche les leaders religieux, les notabilités de Bamako, les jeunes musulmans pour solliciter leurs bénédictions et leurs soutiens. Malheureusement, le comité provisoire s’est confronté au refus catégorie de l’adhésion de la grande majorité de Ligue1, des 6 ligues régionales, du corps arbitral et des footballeurs en activité.
Contre toute attente, le ministre des sports a fait déloger le personnel administratif de la fédération du siège de la FEMAFOOT avec l’aide de la police et huissiers et fermer les locaux. Quelques jours plus tard, les bureaux ont été rouverts et le comité provisoire a vainement instruit au personnel de reprendre le travail.
Dans l’exécution de sa feuille de route (gérer les affaires courantes, réconcilier le monde du football, faire l’audit financier de l’ancienne Fédération et organiser des élections inclusives), le comité provisoire se heurte aux rigoureuses exigences du droit bancaire quand il a voulu s’approprier les comptes de la FAMAFOOT afin d’accéder aux fonds (des centaines de millions). Les banques lui en ont exigé une décision de justice pour ce faire
Après tous ces échecs sur terrain, le ministre et son comite provisoire entament des démarches auprès du comité exécutif dissout pour prier le président déchu, Boubacar Baba Diarra, à démissionner. Hélas leurs tentatives ridicules et absurdes n’ont produit aucun effet. La dernière trouvaille du comité provisoire est l’envoi de quatre missionnaires à Lausanne (Suisse) pour attaquer la décision de suspension du Mali devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS).
Toujours en quête de légitimité et de légalité, le président du comité provisoire Sidy Diallo a franchi le rubicond le 8 avril dernier en trompant tout un peuple. En se référant sur l’accusé de réception d’une plainte de Yeli Sissoko et consorts auprès du TAS, il déclare dans la presse que son comité provisoire a été reconnu par le Tribunal Arbitral du Sport. Il va plus loin en disant que la suspension du Mali sera levée dans 72 heures. Nous sommes aujourd’hui le 21 avril et on attend toujours la fin des 72 heures de Sidy Diallo car le Mali reste suspendu par la Fifa.
Pendant ce temps, la non pratique du football sur le territoire national fait des ravages sur le plan finances. Aujourd’hui, la majorité des clubs de l’élite du football malien sont en cessation de payement de leurs joueurs et encadrements techniques. A quand le bout tunnel ?
L’espoir pourrait venir très prochainement du verdict de la section administrative de la Cour suprême qui juge la légalité des lois, décrets, arrêtés et décisions des autorités. Pour rappel, depuis quelques jours, la FEMAFOOT a attaqué la décision de dissolution de l’organe exécutif de la FEMAFFOT auprès de cette cours. Autre signal fort de sortie de crise, c’est l’entrée à l’internat sur décision du ministre des sports mercredi dernier de l’équipe nationale cadets pour les préparatifs de la CAN U17 qui se disputera du 14 au 28 mai prochain au Gabon. Le Mali, détenteur du trophée doit aller défendre son titre. Il y a enfin la décision de la CAF avec la date butoir du 30 avril prochain pour l’annulation de la décision ministérielle. Le cas échéant, le Mali sera remplacé par l’Ethiopie à la CAN cadets.
Toutefois, le monde du football malien maintient la pression. Hier jeudi 20 avril, une grande marche a mobilisé des milliers de personnes à l’invitation des supporters des 13 clubs de ligue1, des 6 ligues régionales des footballeurs en activité et des arbitres. Ils ont marché de la Bourse du travail à la Primature et ont remis leurs doléances au Premier ministre nouvellement nommé, Abdoulaye Idrissa Maïga.
Au Mali, depuis le 8 mars dernier, les activités du football sont paralysées, le front social du ballon rond est en ébullition et réclame la libération du football par ceux l’ont pris en otage. Le feuilleton continue.
Crise football malien Bêtise humaine
La Rédaction
Source: Match