Allemagne parti extrême droite AfD semble radicaliser
Le parti populiste de droite allemand, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), tient un congrès, ce week-end, à Cologne, marqué par des déchirements internes et par la défaite cinglante de sa co-présidente, Frauke Petry, dont la motion pour une ligne moins radicale du parti a été rejetée par les délégués. Ce congrès se tient, par ailleurs, dans une ville en état de siège. 4 000 policiers sont déployés sur place, plusieurs contre-manifestations hostiles à l’AfD ayant eu lieu, ce samedi 22 avril, et 50 000 manifestants étant attendus tout au long du week-end.
Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Les rassemblements contre l’AfD à Cologne se sont déroulés dans le calme, jusqu’en fin d’après-midi, ce samedi 22 avril. Deux policiers ont toutefois été légèrement blessés lorsque des manifestants ont tenté d’empêcher les 600 délégués de l’AfD de rejoindre l’hôtel du centre de Cologne où se tient le congrès.
Les délégués de l’AfD prennent-ils un virage à fond à droite ?C’est en tout cas l’impression qu’ils donnent. L’AfD fondé il y a quatre ans par des intellectuels conservateurs hostiles aux programmes d’aide au sein de la zone euro a évincé depuis les pères fondateurs pour devenir un parti populiste de droite plus radical.
L’arrivée massive de réfugiés en 2015 a permis au mouvement, en perte de vitesse à l’époque, de rebondir en exploitant les ressentiments contre les migrants et l’islam. Depuis, l’AfD est allée de succès en succès lors de diverses élections régionales et compte bien rentrer au Bundestag lors des élections générales de septembre.
Une motion de Frauke Petry prônant la modération rejetée
Mais les déchirements internes, qui ont toujours existé, persistent. La co-présidente du parti, Frauke Petry, qui incarne le mouvement, a vu sa motion prônant un cours plus modéré contre des membres plus radicaux retoquée par le congrès réuni à Cologne ce samedi 22 avril. Son annonce surprise, mercredi 19 avril, de ne pas emmener le parti lors des législatives de septembre pour mieux faire accepter sa motion, n’a pas porté ses fruits.
Le rejet par les délégués de sa motion est un coup dur pour Frauke Petry, qui fait planer des doutes sur son avenir politique. Elle, qui avait pris le pouvoir il y a deux ans en s’alliant avec l’aile radicale du mouvement, veut se débarrasser aujourd’hui des sorties racistes aux relents nazis de certains camarades de parti.
Les applaudissements frénétiques de la salle pour l’autre co-président de l’AfD, Jörg Meuthen, qui estime que l’Allemagne est menacée avec une certitude mathématique de devenir un pays dominé par l’islam, montrent bien que les délégués soutiennent une ligne plus radicale.
Le congrès se poursuit, ce dimanche 23 avril, avec des débats sur le programme de l’AfD pour les élections générales de septembre. Ces nouveaux déchirements internes interviennent alors que le parti est en recul dans les sondages depuis le début de l’année. Les deux prochaines élections régionales, en mai, diront si le parti profitera ou non de cet énième rebondissement.