Menace nord-coréenne navires japonais rejoignent porte-avion américain
Des navires japonais se sont joints aujourd’hui au porte-avion nucléaire américain Carl-Vinson et sa flottille dans un contexte de tensions accrues avec la Corée du Nord. Après plus d’une semaine d’incertitude sur l’endroit où elle se trouve, l’armada américaine s’approche de la péninsule coréenne. Elle doit effectuer des exercices conjoints avec les navires japonais partis du sud de l’archipel. Le Japon veut ainsi manifester sa solidarité envers son allié et protecteur américain en dépit des contraintes de sa Constitution pacifique.
On pensait que les tensions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord s’étaient apaisées à la suite des déclarations du vice-président américain. Mike Pence qui avait indiqué qu’une issue pacifique était envisageable. Mais ce dimanche 23 avril, la situation a de nouveau changé, rapporte notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Selon un journal nord-coréen qui fait office d’organe des autorités, la Corée du Nord menace de couler le porte-avion américain Carl-Vinson. Son arrivée au large de la péninsule coréenne pourrait coïncider mardi avec le 85e anniversaire de la création de l’armée nord-coréenne. Pour Pyongyang, c’est souvent l’occasion d’une démonstration de force. Peut-être d’un sixième essai nucléaire…
Le Japon prend un risque en dépêchant deux de ses destroyers aux côtés de l’armada américaine. Les Etats-Unis n’excluent pas des frappes préventives des sites nucléaires nord-coréens. La Corée du Nord a déjà averti qu’elle réagirait en détruisant les bases américaines au Japon.
L’inquiétude est grande au Japon, à la veille de cet anniversaire en Corée du Nord. Les Japonais n’ont jamais autant consulté le site internet de la protection civile du gouvernement.
Les médias japonais entretiennent un climat de peur, des politiciens appellent le gouvernement à équiper le pays d’armes capables de détruire les capacités de lancement des missiles nord-coréens. Quant au Premier ministre Shinzo Abe, il se sert de son côté de cette crise pour convaincre les Japonais de réviser leur Constitution pacifique.
L’Australie également dans le viseur de Pyongyang
La Corée du Nord ne menace pas seulement l’armée américaine ou le Japon. Le régime dictatorial de Kim Jong-un annonce qu’elle frappera aussi l’Australie si celle-ci continue de soutenir « aveuglément » les Etats-Unis.
Le programme nucléaire de la Corée du Nord « représente une menace sérieuse contre l’Australie », déclarait, il y a quelques jours, Julie Bishop, la ministre australienne des Affaires étrangères, rappelle notre correspondante à Melbourne, Caroline Lafargue. Pyongyang a riposté par une escalade verbale : « Si Canberra persiste à soutenir la politique américaine d’isolement de la Corée du Nord », prévient le régime, ce sera « suicidaire, le jour ou l’Australie sera à la portée des armes nucléaires nord-coréennes ».
C’est la première fois que le régime nord-coréen s’en prend aussi explicitement à l’« île-continent », fidèle alliée stratégico-militaire de Washington. Ces menaces coïncident avec la visite du vice-président américain à Canberra.
Les côtes nord de l’Australie sont situées à environ 6 000 km au sud de la Corée du Nord, trop loin pour être menacées par une attaque nucléaire. Les experts australiens estiment que le régime de Kim Jong-un pourrait développer des armes capables de frapper l’Australie d’ici quatre ans au plus tôt. Et ils doutent encore que Pyongyang puisse tirer des missiles nucléaires sur le Japon ou la Corée du Sud, ou de nombreux expatriés australiens résident.
Lors de sa visite officielle en Australie, Mike Pence a remercié le Premier ministre, Malcolm Turnbull, d’avoir appelé la Chine à faire pression sur Pyongyang pour stopper ses essais nucléaires.
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Malcolm Turnbull en revanche a refusé de dire si l’Australie serait prête à participer à des frappes préventives contre la Corée du Nord, aux côtés des Américains.
Un deal entre Xi Jinping et Donald Trump ?
Pour Jean-Vincent Brisset, directeur de recherches à l’Iris, spécialiste des questions de sécurité en Asie, il n’y a rien de surprenant dans ces passes d’armes. « Je pense qu’on est dans une manipulation de la carotte et du bâton de la part des Etats-Unis et dans la rhétorique tout à fait normale et classique de la Corée du Nord. C’est la millième fois qu’ils annoncent ce genre de choses. »
Selon le spécialiste, ce qu’il faut surveiller, c’est davantage l’évolution de la position chinoise, selon lui. « Ce qui est intéressant c’est de voir qu’il y a un autre partenaire dans cette affaire qui est la Chine, qu’on voit moins. La Chine, depuis la rencontre entre Xi Jinping et le président américain, il y a eu des tas de modifications dans la politique chinoise vis-à-vis de la Corée du Nord. Je suppose qu’il y a eu un deal entre les deux présidents. »
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Et le chercheur d’étayer cette affirmation par des exemples récents : « La Chine a d’abord refusé une cargaison de charbon qui venait de Corée du Nord. Puis la compagnie aérienne chinoise Air China a supprimé les liaisons directes Pékin-Pyongyang et il semblerait que la Chine ait bloqué ses exportations de pétrole et de carburant en direction de la Corée du Nord. »
Et de conclure : « Manifestement, il y a eu un échange qui a été fait entre les deux présidents. Donc, d’un côté Trump a annoncé qu’il était prêt à aller très loin sur le plan militaire et il montre qu’il est capable de le faire. D’un autre côté, dans le même temps, la Chine est mise face à ses responsabilités et elle semble les assumer pour le moment. »
Menace nord-coréenne navires japonais rejoignent porte-avion américain
Source: RFI