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La classe politique française fait sa mue. A la faveur de la présidentielle en cours, tous les acteurs et observateurs de la vie politique française sont unanimes à reconnaître l’existence d’un fort courant centrifuge propice au renouvellement de génération, et aussi au renoncement au vieux clivage Droite – Gauche. Il y a comme un air de jouvence qui souffle sur la « Vieille France » qui voudrait re-conquérir son statut de « Douce France ». La France d’aujourd’hui ne se satisfait nullement d’être la proie de quelques gros caïmans habitués à faire la loi dans son marigot politique, et qu’il faut renvoyer à une retraite « méritée ». Tant mieux si cette rupture « En marche » est porteuse de nouvelle espérance et si, nous l’espérons, elle ancre davantage la France dans une perspective progressiste, soucieuse de ses engagements internationaux et des valeurs portées par la Charte des Nations Unies signée à San Francisco le 26 juin 1945. Cette France-là, nous l’aimons, nous l’admirons et nous l’approuvons en ce qu’elle est proche du faible et du pauvre, qu’elle défend la veuve et l’orphelin, qu’elle répand une culture dans laquelle nous nous reconnaissons. Même ceux d’entre nous qui ne se l’avouent pas pour des raisons que je comprends bien, rien de ce qui se passe en France ne nous indiffère. Plusieurs siècles d’histoire dont tous les comptes ne sont pas encore définitivement soldés ont scellé notre communauté de destin. La diversité des relations que nous entretenons avec la France renforce cette proximité qui nous propulse parfois, à notre corps défendant, au cœur de l’actualité française. Rien que de penser aux dizaines de milliers de nos concitoyens établis en France et aux ressources vitales que ceux-ci envoient aux familles restées au pays, on se dit « A barika ». Quid de cette coopération bilatérale qui fait de la France le premier partenaire économique du Mali ! Il ne serait pas non plus de bon aloi de faire l’impasse sur toute cette jeunesse malienne et africaine qui a soif de savoir et qui fréquente assidûment les bancs des universités et des grandes écoles de l’ancienne « Métropole ». A l’image de leurs grands-parents passés par l’École normale William Ponty et de quelques autres écoles prestigieuses, ils feront partie de l’élite de demain pour conduire nos nations à la prospérité et au rendez-vous des peuples. Et je m’en voudrais éternellement d’oublier de rappeler l’Opération Serval de janvier 2013 qui a brisé les reins des hordes de jihadistes qui déferlaient sur la Mère-Patrie avec le dessein sombre de nous ramener au Moyen-Age. Avec cette intervention militaire, la francophilie ne s’est jamais autant portée bien au Mali qui sait être reconnaissant… même si, par la suite, un petit air de déception a flotté et continue de flotter sur la relation du couple franco-malien. Péripétie, dira-t-on ! Aussi, me voyez-vous amusé par le petit débat maliano-malien sur l’intérêt que nos compatriotes portent à la présidentielle française et manquent, parfois, d’en venir aux mains. Dans les bureaux, dans les commerces, à la maison, dans les « grins »… ça débat fort et ça argumente très « intello ». Les soutiens – une poignée de franco-maliens ont voté à Bamako – et sympathisants de Macron ont du mal à se la jouer fine face aux sympathisants de Fillon qui cachent mal leurs têtes des mauvais jours. Mme Le Pen et « Mélenchon-Le-Tribun » ont aussi tapé dans l’œil de beaucoup de nos concitoyens. Leurs stratégies de conquête du vote des citoyens français sont analysées avec beaucoup d’intérêt dans les états-majors politiques maliens. Tout comme est passé à la loupe le flop qu’a été la campagne du « camarade » Benoît Hamon, champion du PS, parti au pouvoir. Les six autres candidats, ces lilliputiens de la présidentielle française, ont eux-aussi leur fan club malien constitué d’hommes et de femmes qui restent admiratifs face au courage et à la combativité de ces candidats convaincus qu’ils ne gagneront pas mais qui sont déterminés à faire entendre leur petite voix dans ce concert de mastodontes. Quelle générosité qui pourrait faire des émules sous nos latitudes ! Quelle que soit l’issue du scrutin le 7 mai prochain, nous retiendrons que cette présidentielle française aura été un excellent tournoi sportif au cours duquel les protagonistes ont fait montre de performance, d’endurance, de don de soi et de combativité. On retiendra aussi la dimension technique et tactique des coaches et de tous les staffs qui est très déterminante pour les protagonistes en vue d’aller au terme d’une telle compétition qui est longue, rude et épuisante. Enfin, on aura du regret et même beaucoup pour les pronostics déjoués, les contre-performances, les erreurs tactiques, les « anti-jeu » et le manque de fair-play inhérent à une telle compétition.
Serge de MERIDIO
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Source: Info-Sept