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Promesses de réalisations saoudiennes : Le coup porté à l’accord pour la paix par IBK

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Aéroport de Kidal, route Gao-Sévaré, tronçon Kidal-Frontière algérienne, ces infrastructures que la partie saoudienne s’est engagée à réaliser au nom de la coopération qui la lie au Mali sont toutes inclues dans l’accord  pour la paix et réconciliation. Et, on le sait, la mise œuvre de cet accord est financièrement  assurée par d’autres partenaires disposés dès le départ à accompagner l’Etat malien. L’entrée en jeu de ce partenaire de dernière minute pourrait fissurer l’accord de paix. Comment ?

 “C’est le lieu de renouveler l’appel aux pays amis et aux organisations partenaires ayant fait des annonces de contributions lors des conférences successives sur le développement du Mali, à les honorer, de manière à nous aider la mise en œuvre effective et intégrale de l’accord”. C’est en ces termes que le ministre malien des Affaires étrangères, lors d’un récent passage au Conseil de sécurité de l’ONU, rappelait aux pays amis et organisations partenaires ayant fait des promesses de dons de les honorer pour soutenir le pays dans le processus de paix. Ce rappel sous-entend que tous ces pays et organisations qui s’étaient engagés à accompagner le Mali dans le processus de la paix peinent à respecter leurs engagements.

A l’origine du non-respect des engagements de ces partenaires qui sont en partie des pays membres de l’UE se trouvent l’incertitude et les tâtonnements autour de la mise en œuvre de l’accord de paix. Les pays donateurs ne manquent pas de fonds pour tenir les promesses, mais, dit-on, une profonde crise de confiance existe entre eux et l’Etat malien depuis les différents scandales financiers qu’a connus le pays ces quatre dernières années et surtout avec les incertitudes autour de la mise en œuvre de l’accord. De fait, l’on comprend aisément comment il y a réticence de la part des partenaires du Mali.

Réticence ! Cette situation risque de  détériorer très prochainement avec l’entrée dans le jeu  de l’Arabie saoudite, ce pays qui, jusque-là, n’avait rien promis et n’avait rien posé comme acte dans la mise œuvre de l’accord. Son entrée en solo dans le processus de paix est perçue comme une “infraction”. La bonne démarche voulait que le partenaire saoudien, au lieu de se prononcer seul, s’associât aux autres partenaires impliqués depuis 2013 pour apporter une pierre commune au processus de paix au Mali. Au nom de la rivalité diplomatique et au nom des conflits d’intérêts, soutiennent de nombreux observateurs avertis, beaucoup de partenaires qui avaient fait promesses au Mali se voient déjà dans le doute de respecter leurs engagements.

Rivalités ?

Outre les partenaires occidentaux qui vont désormais réfléchir à deux fois avant de s’engager pour la cause du Mali, il y a un  autre problème. Il s’agit de l’Algérie, chef de file de la médiation dans le processus de paix au Mali. Ce pays est un rival de longue date de l’Arabie saoudite. Cette rivalité repose en partie sur des intérêts économiques.

L’Arabie Saoudite, murmure-t-on, est jalouse de l’indépendance économique du pays de Bouteflika qui, à chaque occasion, est taclé. Illustration : En fin 2015, l’Arabie Saoudite incluait l’Algérie parmi quinze pays pauvres pourvoyeurs de domestiques. Cette liste qualifiée de celle de la “honte”, classait ces 15 pays comme des pays dans lesquels et pour cause de leurs pauvretés,  il est permis “d’importer” des domestiques des deux sexes.

Les rivalités entre les deux pays ne sont pas qu’économiques, “elles sont certes d’ordre idéologique et anciennes, mais aussi conjoncturelles. Dans les années noires de la guerre civile algérienne, les militaires algériens avaient souvent coutume de pointer un doigt accusateur sur l’Arabie saoudite comme un pays qui encourage les postures terroristes”, indique le site web “atlasinfo”. Ces mêmes raisons qu’évoquent nos confrères, ont été à l’origine d’une  “guerre froide” en 2016. En quoi ça impacte  le Mali ? Tenez !

Ce n’est pas pour rien que la partie saoudienne ne s’était pas encore prononcée sur le processus de paix au Mali en faisant de telles propositions. Les raisons énoncées ci-dessus constituaient un vrai obstacle, et l’implication de l’Arabie saoudite dans de pareilles conditions dans le processus de paix est perçue comme une provocation à l’endroit de la partie algérienne puisque, soutiennent les observateurs, ce sera très surprenant de voir le pays de Bouteflika accepter dans ces conditions des réalisations saoudiennes sur son sol.  Parmi les infrastructures promises par l’Arabie saoudite figure le tronçon Kidal-Frontière algérienne. L’avis positif de l’Algérie est inévitable pour la réalisation de ces travaux.

IBK croit-il encore aux partenaires du Mali ?

L’on est en droit de poser cette question au regard de la moisson en termes d’infrastructures  faite par la délégation malienne en Arabie saoudite. Les réalisations promises par le partenaire saoudien sont toutes inclues dans l’accord de paix. Ce n’est pas la région de Kidal seule qui a droit à un aéroport, toutes les régions du Nord du Mali devront être dotées d’un aéroport et avec beaucoup de routes selon les dispositions de l’accord (voir liste des infrastructures annoncées par l’accord).

Pour la réalisation de ces infrastructures, le Mali a élaboré un plan stratégique à mettre à la disposition des partenaires qui se sont engagés pour le financement. Avant même l’accord de paix et avant l’élaboration du plan stratégique du gouvernement malien, une conférence internationale de haut niveau pour le soutien et le développement du Mali, co-présidée par l’Union européenne et la France, avait été organisée à Bruxelles le 15 mai 2013.

A ce rendez-vous, des pays et organisations se sont engagés à faire des dons au Mali pour le soutenir dans le processus de paix. Cinq conférences dont la dernière s’est tenue à Bamako en février 2015, ont fait le suivi de ces promesses faites en mai 2013 à Bruxelles où le président IBK retournera en octobre 2015 pour faire la grande récolte : 3 milliards d’euros, soit un équivalent de plus de 2000 milliards de F CFA, c’est la somme que les partenaires ont annoncée en faveur du Mali.

Au nombre de ces promesses de dons, beaucoup de pays s’étaient engagés à se prononcer le plutôt possible. La Suisse avait annoncé que Bamako allait recevoir de sa part entre 2015 et 2017 une enveloppe de 71 millions d’euros, soit plus de 46 milliards de F CFA. Même promesse de la part de la France qui avait annoncé 360 millions d’euros, soit un peu plus de 235 milliards de F CFA, entre 2015 et 2017.

Beaucoup d’autres partenaires s’étaient aussi engagés à respecter leur parole courant l’exercice 2015 et 2017 période au cours de laquelle le président IBK fait d’autres récoltes pour les mêmes objectifs, à savoir le développement du Mali. Les partenaires n’ont-ils pas respecté leurs engagements ? Au sommet de l’Etat croit-on à la réussite de l’accord de paix ? De toute façon, la déclaration du président IBK à son retour d’Arabie sème la confusion : “J’ai la confirmation que l’aéroport de Kidal sera construit…” Est-ce à dire qu’il y avait encore doute sur la réalisation de cette infrastructure pourtant annoncée par l’accord de paix ? Et même pour les routes annoncées par l’Arabie saoudite qui sont aussi annoncées par l’accord ?

En somme, l’implication de l’Arabie saoudite dans le processus de paix ne pose pas problème, mais c’est le moment et la manière. La moisson saoudienne du président IBK aurait été sans crainte si, à l’image de l’hôpital (aussi) promis, les infrastructures annoncées avaient visé autres localités du Mali loin des régions nord du Mali directement ciblées par l’accord de paix.

  1. Samaké

ANNEXE 3: Actions et projets de développement économique, social et culturel à réaliser dans            les régions          du Nord du Mali à court, à moyen et à long termes

Au titre du développement des infrastructures structurantes il sera procédé à ce qui suit :

– La réalisation des axes routiers :

  • Relier “Kidal, “Gao” et “Tombouctou” à la Route transsaharienne ;
  • Gao-Bourem- Taoussa ;
  • Bourern- Kidal ;
  • Kidal-Timiaouine (Frontière algérienne)
  • Anefis- Tessalit-Bordj Baji Moctar ;
  • Kidal-Ménaka ;
  • Ansongo-Menaka-Anderamboukane- Frontière Niger ;
  • Goma-Coura-Tombouctou ;
  • Douentza-Tombouctou ;
  • Douentza-Gao (réhabilitation) ;
  • Gossi-Gourma-Rharous ;
  • Piste Boré-Korientzé-Aka ;
  • Piste-Mounia-Diafarabé-Dia-Tenenkou-Youwarou ;
  • Piste lndelimane-frontière”Niger ;
  • Piste Ansongo-Tessit-Frontière Burkina Faso ;
  • Léré-Fassala.

– La réalisation des aéroports de Kidal, Tessalit, Taoudeni, Menaka, Gao (réhabilitation) et Goundam.

– La  réalisation des centrales solaires  et diesel dans les localités de Tombouctou, Goundam, Dire, Niafunke, Gao, Ménaka, Kidal, Tessalit, Gourma  Rharous, Ansongo, Tin Essako, Abeibara, Bourem, Douentza, Tenikou, Youwarou, Léré.

– Relier  les  trois régions du Nord au projet structurant régional de  Gazoduc transsaharien.

– La construction de quais dans les escales fluviales de Bamba, Dire et Youwarou.

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Source: La Sirène 

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