rififi nouvelle équipe gouvernementale Quand ministre Bathily refait décret PM
La lune de miel n’est pas totalement digérée que le Gouvernement Abdoulaye Idrissa Maiga révèle ses premiers signes de fébrilité et contradictions internes. Il semble, en effet, que l’équipe du successeur de Modibo Keïta a même frôlé la défection de l’un de ses membres les plus influents ministres, suite à des tiraillements sur le décret des attributions.
Il s’agit du ministre Mohamed Ali Bathily, qui s’est retrouvé avec un portefeuille complètement relooké à la faveur du remaniement ayant porté Abdoulaye Idrissa Maïga à la tête du Gouvernement. De ministre des domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, l’ancien Garde des sceaux est désormais le chef d’un département libellé comme suit : ministre de l’Urbanisme de l’Habitat et des Affaires foncières. Comme il est loisible de le constater, la notion de ”domaines de l’Etat” disparait du coup de l’architecture gouvernementale et ce n’est pas fortuit. La démarche, selon toute vraisemblance, vise à décharger le gênant avocat d’un secteur devenu très polémique et conflictuel depuis l’avènement du régime IBK, avec notamment des mesures de suspensions parfois injustifiées, des bras-de-fer et contentieux judiciaires à répétition aux relents de règlement de compte et au détour d’un assainissement plus couteux qu’efficaces. Et pour déjouer et freiner les ardeurs de Me Mohamed Ali Bathily, les autorités comptait tirer parti du décret d’attributions et de répartition des différents services entre les départements ministériels. C’est ainsi qu’en vertu du décret N°2017-0360 du 26 avril 2017 les domaines de l’Etat ne sont restés dans l’escarcelle du ministre Bathily que «pour emploi», en même temps du reste que l’Inspection des Domaines ou encore l’Administration des Biens de l’Etat. La gestion desdits services est désormais dévolue à l’Hôtel des Finances et à Boubou Cissé, mais c’était sans compter avec l’inflexibilité du membre de l’équipe délesté desdites attributions. Me Mohamed Ali Bathily, selon des sources concordantes, a opposé une fin de non-recevoir au décret au chef du Gouvernement. Et, à en croire les mêmes sources, il a exprimé son désaccord en boudant les activités de l’Exécutif, y compris le dernier conseil des Ministres où il aurait brillé par son absence. Pas question de prendre part à quoi que ce soit tant que son département n’aura pas été pourvu de ses services traditionnels. Ce n’est pas tout. Il nous revient en outre que le ministre reconduit a clairement menacé de rendre le tablier faute d’avoir gain de cause, une menace qu’il était prêt à mettre à exécution si les hautes autorités n’avaient mobilisé le ban et l’arrière-ban pour le supplier. Les démarcheurs ont réussi avec beaucoup de labeur à épargner au Gouvernement la déconvenue d’une défection aussi énorme, mais en échange d’un net recul du Premier ministre par rapport à l’objet de la discorde : reconsidérer la mouture initiale du décret.
Aux dernières nouvelles, le Premier ministre n’a eu finalement d’autre choix que de rétrocéder à son puissant collaborateur les services amputés de son département. Aucune source n’a encore attesté du décret rectificatif mais il semble qu’une assurance verbale assez ferme en a été donnée au ministre des Affaires Foncières. Comme quoi, ce n’est pas demain la veille d’une gestion moins tumultueuse et moins conflictuelle du secteur des domaines, un service d’assiette caractérisé par une chute drastiques des revenus domaniaux ainsi que par les nombreuses frustrations causées par les expropriations extra-procédurières, les annulations abusives de titres, entre autres mesures de rétorsion préjudiciables à la politique nationale de logement quoique dirigées contre les grands propriétaires terriens. Comme beaucoup d’observateurs, ces derniers se demandent pourquoi le ministre Bathily est-il un wagon aussi libre de la locomotive et jouit du privilège de choisir des services rattachés à son département. En tout cas, les commentaires et supputations pleuvent sur la question et tous observent avec étonnement qu’un membre du Gouvernement contrarie et défie la hiérarchie en se hissant au-dessus des autres.
A KEITA
Source: Le Témoin