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16 avril 2017 à Tombouctou, un crime de guerre à Alphaou Taraba sans justice : Viol collectif sur 10 filles dont la plus jeune n’avait que 12 ans

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Alphaou Taraba est un petit village à l’ouest de Tombouctou entre Goundam et Bintagoungou. La majorité des habitants sont du groupe ethnique songhaï. Avec un taux de chômage élevé, les jeunes quittent souvent le village pour aller chercher un emploi ailleurs au Mali ou à l’étranger. Dans la tradition locale, lorsqu’un jeune émigre, ses parents et ses amis organisent une fête d’adieu pour lui. Dans la soirée du 16 avril 2017, le village d’Alphaou Taraba organisa une telle fête pour l’un de leurs jeunes hommes. La fête commença bien, les jeunes mangeaient, dansaient et riaient.

Mais, vers 20 heures, un véhicule et une moto se sont approchés du village. Les occupants étaient, des hommes armés avec des armes automatiques. Arrivés au village, ils ont tiré cinq coups de feu dans l’air. La foule se dispersa dans toutes les directions. Certains villageois sont allés se réfugier dans une maison à proximité. Les terroristes ont ouvert la porte avec des tirs sur la serrure. Ils ont volé des téléphones cellulaires et des vêtements, obligé les jeunes hommes à se déshabiller complètement, puis ils ont ligoté leurs pieds et mains. Ils choisissaient deux filles à chaque fois et les amenaient dans une pièce voisine où elles subissaient un viol collectif. Au total, 10 filles ont été agressées sexuellement. La plus jeune victime avait seulement 12 ans. Selon ses parents, il y avait du sang sur ses vêtements quand elle est rentrée chez elle. Le viol est une expérience très stigmatisante dans cette société conservatrice. C’est une grande humiliation pour la victime et sa famille, qui peut durer plusieurs générations. Beaucoup préfèrent simplement nier publiquement qu’elles ont été violées. Mais, la jeune fille et ses parents ont eu le courage de raconter leur histoire. Au fur et à mesure qu’elle parlait de son épreuve, les larmes coulaient le long de ses joues. Elle était tellement submergée par les émotions qu’elle ne pouvait pas continuer. Ses parents étaient également éperdus.

Lorsque les autorités ont été informées de l’incident, une équipe médicale a été dépêchée de Goundam pour administrer les premiers soins aux victimes. Mais, aucune police n’a enquêté sur le crime. Les jeunes victimes ont besoin d’une aide médicale et psychologique à long terme. Au moment de la rédaction de cet article, elles n’avaient toujours pas reçu de telles aides. Le lendemain, un autre groupe armé est venu dans le village pour informer les habitants qu’ils enquêtaient sur l’incident qui a eu lieu la veille. Mais, ils ne sont pas venus aider. Au contraire, ils ont volé les biens et l’argent des habitants.

Selon les villageois, c’est la troisième fois que leur village a été la cible de groupes armés. Ils ont refusé d’identifier leurs assaillants par crainte de représailles. Le gouvernement est complètement absent de la région et l’état de droit n’existe plus. La population civile est à la merci des terroristes et des groupes armés. Des crimes semblables se déroulent régulièrement au nord et au nord-est du Mali. Ils ne sont pas signalés en raison de l’absence de toute forme de gouvernement. Ce qui s’est passé à Alphaou Taraba était un crime de guerre. Un crime de guerre est commis lorsque les règles internationales de la guerre sont violées. Le viol en tant qu’instrument de guerre est considéré comme un crime de guerre.

Malgré la présence d’une armada internationale, le nord et le nord-est du Mali sont encore en proie à des groupes armés et à des terroristes. L’insécurité détruit le tissu social et sème la discorde entre les groupes ethniques. Si la tendance n’est pas inversée rapidement, le Mali pourrait devenir un état défaillant dans tous les sens du terme.

Amadou O. Wane

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Source: Tjikan

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