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Hassan Ag Fagaga : « Un jihadiste n’est qu’un homme comme les autres, avec une Kalach »

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Hassan Ag Fagaga : « Un jihadiste n’est qu’un homme comme les autres, avec une Kalach »

Hassan Ag Fagaga jihadiste  homme comme  autres Kalach 

L’assemblée régionale de Kidal n’est toujours pas opérationnelle. Pourtant Hassan Ag Fagaga, qui préside les nouvelles autorités intérimaires, y est installé depuis février. Rencontre avec un ancien chef rebelle qui a aujourd’hui une grande responsabilité dans l’application de l’accord de paix d’Alger.

Jeune Afrique : En tant que nouveau président du conseil régional de Kidal, quel message adressez-vous aux Maliens ? 

Hassan Ag Fagaga : Je dis au peuple malien que la solution à la crise doit venir de l’intérieur du pays. Nous devons compter sur nos propre moyens et nos propres forces armées et non pas sur ceux qui viennent de l’extérieur.

Pourquoi le conseil régional ne fonctionne toujours pas à Kidal ?

D’abord, parce que nous n’avons pas encore fait la passation de service avec l’ancien bureau. Le gouvernement n’a envoyé ni le gouverneur ni le ministre de la Décentralisation pour que cela se fasse. C’est un blocage qui vient du gouvernement malien comme c’est le cas avec beaucoup d’autres structures prévues par l’accord de paix.

Pourtant il y a quelques semaines, le gouverneur était venu à Kidal, mais c’est vous qui avez refusé de le recevoir…

Le gouverneur était venu sans en informer quiconque. Lorsqu’il a atterri dans le camp de la Minusma à Kidal, il a commencé à appeler les gens au téléphone pour qu’on vienne le récupérer. Nous étions surpris par son arrivée, tout comme le bureau régional de la Minusma. L’arrivée du gouverneur n’était pas organisée, il est retourné à Bamako. D’ailleurs, le gouverneur lui-même a reconnu qu’il avait tort de venir ainsi.

La visite du gouverneur doit être sécurisée par le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), mais pourquoi tardez-vous à en donner la liste des membres ?

D’abord parce que la Minusma n’a pas encore aménagé le camp du MOC à Kidal. Ce travail doit prendre quelques semaines. Nous voulons établir cette liste à la veille du départ de nos combattants au MOC pour éviter de fâcher des chefs d’unités ou de combattants, car beaucoup de gens veulent intégrer le MOC. Si cette liste est établie quelques jours avant, il y a aura des fuites et certains viendront se plaindre pour demander une place.

Aujourd’hui toutes les structures instituées par l’accord de paix ne sont encore que des coquilles vides

Le Conseil régional ne marche pas, le MOC tarde à venir… On a comme le sentiment que les choses ne bougent pas vraiment à Kidal…

Le problème vient du gouvernement malien qui ne veut pas revenir à Kidal selon la voie tracée par l’accord de paix et qui brûle les étapes. C’est pour cela qu’aujourd’hui toutes les structures instituées par l’accord de paix ne sont encore que des coquilles vides. La médiation internationale doit faire en sorte que toutes les parties signataires repartent rapidement vers l’application concrète de l’accord avant que la situation sécuritaire n’échappe à tout le monde.

Au niveau du MOC de Gao, des soldats volent des véhicules de leurs troupes mais aussi de la population… Des membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rebelles) sont fortement soupçonnés…

On s’est rendu compte que ces vols sont le fait de soldats de la CMA en complicité avec ceux de la Plate-forme. Les soldats voleurs se dirigent vers les zones contrôlées par la Plate-forme, car c’est là qu’ils ont des facilités pour se cacher. Et c’est aussi là qu’en général les véhicule volés disparaissent ou sont récupérés.

On a l’impression qu’à Gao en tout cas, le MOC amène plus d’insécurité que de sécurité…

Vous savez, Barkhane et la Minusma pensaient qu’il fallait mettre les combattants ensemble pour les former militairement afin de faire des patrouilles, mais je leur avais dit qu’il fallait aussi établir un programme d’éducation morale pour que ces jeunes changent de mentalité. Ils doivent savoir que les choses ont changé. Cela va prendre plus de temps certes, mais c’est nécessaire pour qu’ils puissent comprendre leur mission.

Qu’est-ce que vous pensez du nouveau groupe djihadiste « Jamaât Nasr al Islam wa al Mouminin » (JNIM, Groupe pour la victoire de l’islam et des fidèles) dirige par Iyad Ag Ghaly ?

On voit que les mouvements non signataires de l’accord de paix se sont mieux restructurés et ils multiplient les attaques. C’est une nouveauté. La situation sécuritaire demande une véritable union entre les parties signataires de l’accord de paix. Si les forces armées ne s’unissent pas pour sécuriser le pays, il risque d’y avoir des zones tampons au centre mais aussi au nord du pays, contrôlées par les jihadistes, et dont le but est d’empêcher la circulation de personnes entre deux zones du même pays.

Iyad dit qu’il se bat pour l’application de la charia. C’est une cause noble. Par contre, je n’approuve pas sa méthode pour y parvenir

On dit de vous que vous êtes un proche de Iyad Ag Ghaly, le chef du JNIM…

Iyad est un cousin mais ceux qui me connaissent depuis longtemps savent bien qu’on ne partage pas la même vision. Pendant la rébellion de 2005-2006, j’avais demandé un statut particulier pour les régions du Nord, qu’on appelle Azawad. Iyad lui était pour le gouvernement malien à l’époque.

Vous étiez dans le même mouvement, le Mouvement populaire de libération de l’Azawad (MPLA), devenu ensuite le Mouvement populaire de l’Azawad (MPA) en 1991…

Qui n’était pas MPLA à l’époque ? Lorsque nous sommes revenus de la Libye, tout le monde était dans le même mouvement. C’est après qu’il y a eu scission.

Aujourd’hui, êtes-vous d’accord avec l’action de Iyad Ag Ghaly ?

Iyad dit qu’il se bat pour l’application de la charia. C’est une cause noble. Par contre, je n’approuve pas sa méthode pour y parvenir. J’ai même un doute sur sa volonté réelle d’appliquer la charia. Notre prophète nous a enseigné que si on veut réussir une chose, il faut la faire dans la plus grande discrétion. C’est tout le contraire de ce que fait Iyad.

On dit souvent que les combattants jihadistes permutent, selon les circonstances, entre certains mouvements de la CMA et Ansar Dine d’Iyad Ag Ghaly. Est-ce que c’est vrai ?

Il faut d’abord comprendre qu’il est haram (interdit) pour un jihadiste de combattre pour une autre cause qui… Lire l’intégralité sur Jeune Afrique

 

Hassan Ag Fagaga jihadiste  homme comme  autres Kalach 

 

Source: Jeune Afrique

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