Paix Mali obstacles notoires qu’épineux
Voici les principaux points d’achoppement de l’accord de paix au Mali signé il y a deux ans, que le nouveau président français Emmanuel Macron a exhorté les signataires à faire avancer « sans barguigner ».
« On sait où sont les difficultés principales et ce que nous devons faire », a lancé vendredi M. Macron devant son homologue Ibrahim Boubacar Keïta, lors d’une visite à la base militaire française de Gao, principale ville du nord du Mali. Cet accord a été signé en mai-juin 2015 par le gouvernement malien, les groupes armés pro-Bamako, et l’ex-rébellion à dominante touareg du Nord.
– CALENDRIER ET INSTITUTIONS –
L’accord prévoit une période intérimaire de 18 à 24 mois pour mettre en oeuvre une série de mesures, portant notamment sur la révision des textes législatifs, la sécurité, ou l’administration transitoire des régions du Nord.
Mais en raison des désaccords qui ont jalonné son application, les retards se sont accumulés, au point que la période intérimaire devra très probablement être prolongée au-delà des deux ans maximum prévus.
Le texte prévoit la création dans les cinq régions du Nord d’Assemblées dotées de pouvoirs importants, désignées au suffrage universel direct, dirigées par un président élu lui aussi.
A l’approche du deuxième anniversaire, les progrès « ont jusqu’à présent été inégaux et nombre de dispositions importantes de l’accord, y compris des mesures prises à titre provisoire essentielles d’ordre politique et sécuritaire, ne sont toujours pas appliquées », regrette le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali.
Quant à la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire, elle reste un voeu pieux, notamment dans les bastions de l’ex-rébellion comme Kidal (nord-est).
– SECURITE/REFONTE DE L’ARMEE –
Malgré la présence d’une force de l’ONU, la Minusma, comptant quelque 12.000 soldats et policiers, les militaires de l’opération française Barkhane (4.000 hommes pour toute la zone sahélienne, dont la majorité déployés au Mali), et une mission européenne de formation de l’armée malienne, l’insécurité s’étend inexorablement.
L’accord prévoit un processus de DDR « Désarmement, Démobilisation et Réinsertion » des combattants des groupes armés signataires au sein d’une armée nationale restructurée, plus représentative des populations du Nord en particulier.
Mais les huit sites de cantonnement construits pour les accueillir restent vides et les « patrouilles mixtes » associant militaires maliens, membres de groupes pro-gouvernementaux et ex-rebelles, n’ont commencé qu’il y a trois mois, très partiellement.
Le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, a imputé la semaine dernière cette situation à la « méfiance qui existe entre les deux mouvements », pro-Bamako et ex-rebelles.
« Il est urgent qu’une stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité et des critères d’intégration soient mis au point », a souligné le secrétaire général de l’ONU à l’intention du gouvernement, ajoutant que de leur côté « les groupes armés signataires doivent accélérer le cantonnement de leurs combattants ».
– PARTAGE DES RICHESSES –
L’accord porte création d’une Zone de développement du Nord dotée d’une stratégie visant à le « hisser au même niveau que le reste du pays en termes d’indicateurs de développement » dans un délai de 10 à 15 ans.
Mais cette stratégie reste à définir, tout comme le « mécanisme de transfert de 30% des recettes budgétaires de l’Etat aux collectivités territoriales (…) avec une attention particulière pour les régions du Nord », censé être mis en place pour 2018.
Source: MA
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