Coopération franco malienne IBK doit tirer leçons politique française Afrique
L’on ne dira jamais assez que depuis la traite négrière, la politique de la France en direction de l’Afrique a toujours été et reste toujours la même et cela quelque soit le régime français. Ainsi, faut-il le rappeler, Droite, Gauche, Centre, Centre-Gauche, Extrême Droite ou Extrême Gauche, sont une seule et même réalité : il s’agit de servir les intérêts fondamentaux de la France des spoliateurs, même si les chemins pour y parvenir varient d’un régime à l’autre. Cette politique de la France repose sur un serment absolu à savoir : «La France n’a pas d’amis, elle a des intérêts». Ce serment c’est le général De Gaule qui a osé le mettre au grand jour et à la face du monde. Ce serment politique rendu public par De Gaule trouve tout son fondement dans cette cyniquement célèbre phrase du ministre français de la Colonisation le sieur Jules Ferry.
Celui-ci disait à la face du monde pour justifier l’intrusion coloniale française en Afrique : «Rayonner sans agir, sans se mêler des affaires du monde pour une grande nation comme la France, c’est abdiquer.». Et pour ne pas «abdiquer», la cynique politique de la France en Afrique s’est illustrée par sa hargne contre l’honneur et la dignité d’homme des peuples africains. Est-il besoin de rappeler ici encore que la traite négrière, dont la France s’est elle aussi rendue coupable, a dévasté le continent de quatre cents millions (400 millions) d’hommes.
Sans vergogne, la France a justifié l’occupation de la terre de nos ancêtres par le fallacieux et ignoble prétexte de «mission civilisatrice» française en Afrique. Mais elle a jugé indispensable, tout en voulant venir «nous civiliser» de livrer à nos populations une guerre meurtrière sans précédent dans l’histoire des sociétés humaines. C’est pour cette raison double qu’on a coutume d’entendre que la colonisation est venue en Afrique «la Bible dans la main droite et l’épée dans la main gauche».
Mais à la faveur de la participation de l’Afrique à la libération de la France de l’occupation allemande lors de la Seconde Guerre mondiale, Paul Valéry n’avait pas pu se retenir d’affirmer à la face du monde qu’il n’y a pas de grande et de petite civilisation : «Toute grande civilisation est métisse. Nous, autres civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles.»
Pour continuer à rayonner et donc sucer le sang des peuples d’Afrique, De Gaule a cru bon de proposer aux colonies françaises d’Afrique de rester dans la Communauté française avec la promesse de leur indépendance progressive. Dans le cas contraire, les pays qui le voudraient, pourraient prendre leur indépendance immédiate.
Le président Ahmed Sékou Touré, convaincu que la France ne peut servir les intérêts fondamentaux de l’Afrique et en particulier de la Guinée, a tout simplement jeté à la face du général De Gaule lors de sa tournée africaine de Conakry du 28 septembre 1958 : «La paix dans la pauvreté est préférable à l’opulence dans l’esclavage. Non à la communauté française. Oui à l’indépendance immédiate».
Surpris et désemparé par ce choix historique de Sékou Touré et de son peuple, De Gaule a répondu que si la Guinée veut son indépendance, elle peut la prendre et que la France ne s’y opposera pas. Mais, a-t-il menacé : «mais avec toutes les conséquences».
Ces conséquences, on en a vu et on en verra toujours tant que des Africains diront non au diktat français. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la guerre dissimulée engagée en Guinée d’abord contre Sékou Touré et ensuite contre le capitaine Moussa Dadis Camara. Là, la France a coutume de dresser les Africains de Guinée les uns contre les autres ! Malheur à tous ceux qui déshonorent l’Afrique pour servir les intérêts sordides français. Le lieutenant Tomba Diakité l’apprendra à ses dépens tant la roue de l’histoire tourne.
Dans l’histoire des relations franco-africaines, il est à retenir que la France poursuit la même politique de spoliation, d’occupation et d’étouffement des peuples africains. Cette cynique et triste réalité, Ibrahim Boubacar Keïta doit en tirer des leçons en vue d’une compréhension judicieuse de la politique française en Afrique.
Le cas Bokassa pour rappeler IBK
Le constat dans les relations franco-africaines est tout simplement cuisant. Ce n’est pas l’occasion de faire le triste bilan de ces relations. Nous nous contenterons ici de parcourir quelques pages sombres récentes de cette politique française en Afrique.
En Centrafrique, par exemple, la France avait pendant longtemps soutenu le président Jean-Bedel Bokassa. Lorsque ses intérêts n’étaient plus dans les mains de Bokassa, une guerre atroce de désinformation et d’intoxication a été engagée par une certaine presse occidentale, notamment française.
Une fois Bokassa accusé de massacres d’enfants de Centrafrique par «Amnesty International» (selon toutes nos informations, il a été placé dans l’œil du cyclone de l’Elysée. Comme en témoigne le message que le cousin du président de la République française Valéry Giscard d’Estaing a bien voulu transmettre à Bokassa à l’occasion d’un séjour d’un mois en France de celui-ci.
En fait, Bokassa a effectué un séjour d’un mois en France, du 20 septembre au 18 octobre 1978. C’est lors de ce séjour en France du président de Centrafrique que le cousin du président Valéry en la personne de François Giscard d’Estaing a rendu visite à Bokassa à Sologne (France). C’était dans la première semaine du mois d’octobre. François Giscard d’Estaing était porteur d’un message du président Valéry Giscard d’Estaing à son homologue centrafricain.
Le contenu de ce message était, on ne peut plus, clair. Voici ce que François à dit à Bokassa : «Le président m’a chargé de vous prévenir que la France et lui-même ne seraient pas en mesure d’agir ou de vous aider s’il vous arrivait quelque chose en Centrafrique».
Ce message était l’aboutissement du développement de relations hostiles entre Paris et Bangui. Mais Jean- Bedel Bokassa n’en était pas surpris tant il savait que s’il n’acceptait pas de livrer les richesses de son pays à la France, le président Valéry Giscard d’Estaing ne pouvait plus le porter dans son cœur. Bokassa averti, a laissé entendre que le président français n’avait rien omis de son père d’Estaing.
Il a dit : «Valéry Giscard d’Estaing est bien le fils de son père, qui a commencé à faire la fortune de la famille, dans nos pays quand régnait encore l’esclavage. Mais ce n’est plus une colonie française et ce n’est pas la France. Il ne s’en rend pas compte…».
Jean-Bedel Bokassa a mis à nu son lâchage par la France dès lors qu’il avait osé dire à la face du monde que ce pays n’est actionnaire dans son pays. A ce sujet, Bokassa a laissé entendre : «Contentieux économique, parce que, sous le prétexte que la France aide financièrement mon pays, il croit (le président français précisé par nous) que cela le fait pas actionnaire majoritaire du Centrafrique, avec droit de veto…).»
Il faut simplement rappeler ici ce gage de la France : «La France n’a pas d’amis, mais des intérêts». Ainsi, dès lors qu’un président africain lui dit non, la France planifie de le sauter de son fauteuil par d’autres Africains interposés. Loin de nous que Bokassa était un président africain exemplaire mais son cas permet de mieux saisir la politique française en Afrique. La seule solution pour les dirigeants africains c’est de travailler sans réserve pour les peuples d’Afrique et refuser l’aide française qui nous aliène.
A Ibrahim Boubacar Keïta, il faut dire que la France n’a jamais été et ne saurait être amie du Mali car le passé franco-malien en dit long. Les vrais amis de notre peuple sont entre autres la Chine, Cuba, la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) la grande et puissante Russie qui a toujours respecté le droit des nations à disposer d’elles- mêmes.
En disant non à la politique spoliatrice de la France, notre peuple sera débout comme un seul homme autour de son président pour dire à la France que le Mali n’est pas un gouvernorat français. Mais nul besoin de dire qu’il ne peut bénéficier de ce soutien déterminant de notre peuple et de son armée que lorsqu’il choisit sans nuage de défendre les intérêts fondamentaux de notre pays.
Le président malien doit aussi faire la bonne lecture des problèmes géopolitiques que connaît le Tchad depuis le président Goukouni Waidaï. Le peuple tchadien, par le jeu néocolonial de la France, a perdu des milliers de ses fils et filles. Le pays soigne toujours les plaies de ce cataclysme qui s’est abattu sur lui.
IBK doit se rendre à l’évidence que la France ne cherche que les richesses minières du Nord-Mali entre autres l’eau de nappes phréatiques de meilleure qualité, le pétrole, le manganèse, l’uranium.
Signalons en passant que les ressources naturelles de la France sont totalement épuisées sur un petit territoire de 550.000 Km2. Aussi, le président doit-il se rappeler que partout où s’est rendue la France, il ne peut y avoir ni paix ni développement étant entendu que son bonheur réside dans la pauvreté de masse des populations africaines.
Le cas de la République centrafricaine est un exemple vivant : la religion a été utilisée dans ce pays pour allumer le feu égoïste et impérialiste entre les paisibles populations de ce pays. Le Mali risque de vivre le même cataclysme si nous ne remercions pas à temps les forces françaises stationnées sur notre sol. Que Dieu nous en garde !
Mais le président IBK peut-il à froid chercher à s’orienter dans cette direction au bénéfice de son peuple ?
Rien n’est moins sûr au regard des liens qui l’attachent à la France de son «frère» et ami François Hollande et donc au dauphin politique de celui-ci en la personne de Emmanuel Macron. Mais il y a fort à parier que IBK ne peut opérer un tel choix historique qui consiste à dire à la France : «Les intérêts fondamentaux du Mali d’abord !».
En tout cas, il est peu probable (quand bien même c’est ce qu’il faut) que le président malien s’inspire utilement de la présence française en Centrafrique, à Djibouti, en Côte d’Ivoire, et son lugubre passage dans les affaires intérieures du Tchad et son soutien au régime sanguinaire de Blaise Compaoré.
Le philosophe allemand Friedrich Hegel disait : «Chaque époque, chaque pays se trouve dans des conditions particulières, forme une situation si particulière que c’est seulement en fonction de cette situation unique qu’il doit se décider. Dans le tumulte des événements du monde, une maxime générale est d’aussi peu de secours que de se souvenir des situations analogues qui ont pu se produire dans le passé. Car un pâle souvenir est sans force dans la tempête qui souffle sur le présent. Il n’a aucun pouvoir sur le monde libre et vivant de l’activité».
Ce que IBK doit faire, c’est de s’inspirer utilement de la présence française aliénante au Tchad, en Centrafrique, en Côte d’Ivoire, à Djibouti, etc. La meilleure façon de servir le peuple du Mali, c’est de ne pas compter un seul instant sur la politique française en Afrique et en particulier au Mali.
Une fois encore, le président IBK doit se rendre à l’évidence que la France fait partie du problème malien et non de sa solution. Un petit sondage à travers le pays le confirmera immanquablement.
Coopération franco malienne IBK doit tirer leçons politique française Afrique
Fodé KEITA
Source: Inter de Bamako