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Festival de Cannes : Souleymane Cissé invité pour le 70è anniversaire

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Souleymane Cisse
Festival  Cannes Souleymane Cissé invité 70è anniversaire

Le 70ème anniversaire du Festival de Cannes aura lieu du 17 au 28 mai 2017. Notre compatriote Souleymane Cissé, icône du cinéma, sera parmi les invités de ce rendez-vous du cinéma mondial. Bien que n’ayant pas de film dans la compétition, notre compatriote n’ira pas à Cannes les mains vides. À la faveur d’un point de presse qu’il a organisé le 15 mai 2017, à sa résidence de Badalabougou, Souleymane Cissé a levé le voile sur son film «Nyè» ou l’œil du cyclone, qu’il compte amener à Cannes pour une projection privée, avec un certain nombre d’amis.

«Nyè» ou l’œil du cyclone est un film documentaire de 24 minutes que Souleymane Cissé a réalisé entre le 11 et le 22 mai 2005, à Cannes, pendant le Festival du cinéma. «Le film Nyè est une lettre que j’envoie à mon fils depuis Cannes. Je lui raconte ce que c’est que le Festival de Cannes, ce que je vois à Cannes», a-t-indiqué. Mais, mieux que ce que capte l’objectif d’une caméra fixe posée quelque part sur la croisette, «Nyé» est un film documentaire très engagé. En lieu et place de l’objectif de la caméra, Souleymane Cissé a décidé d’utiliser ses yeux et la réflexion, d’où le titre «Nyè», qui veut dire l’œil en bambara.

Loin du continent où la liberté d’expression n’est pas totale, Souleymane Cissé a été impressionné par l’absence d’une quelconque censure à Cannes. «Comme vous l’avez vu dans mon film, Cannes est un grand espace de communication et d’expression artistique. Certes dédié au cinéma, ce festival fait beaucoup de place à toutes les autres expressions culturelles qui occupent la Croisette. Et, tous les films qui contribuent à la construction d’un humanisme y sont projetés. Je n’y ai jamais senti la censure», a-t-il déclaré.

En effet, le film «Nyè», la lettre filmée de Souleymane Cissé, pose les vrais problèmes du continent africain, même s’il ne dégage pas des pistes spécifiques de solution. Mais quand on sait qu’un problème identifié est à moitié résolu, l’on ne peut que saluer cette démarche cinématographique. De la même manière que Souleymane Cissé va interroger tout ce qu’il voit dans la rue, il ne va pas hésiter à interroger le luxe de sa chambre d’hôtel. Il va vite se rendre compte que la chambre de l’hôtel de luxe à Cannes n’arrive pas à lui enlever ses réflexions. Il y perd même le sommeil, tant sa préoccupation à réfléchir sur l’avenir du continent est grande. Comme pour dire que les Africains n’ont pas droit à un repos tant que le continent ne se mettra pas au même niveau que les autres, en termes de développement, de démocratie et de liberté d’expression et d’opinion.

Souleymane Cissé, dans son film, n’hexite pas à comparer l’Europe à l’Afrique en terme de protection des droits de l’homme. Parlant de l’Europe, il dira que même les droits des animaux y sont respectés, au moment où sur le continent la vie n’a aucune valeur. «En Europe les animaux sont chéris. Chez nous des êtres humains sont violentés, souvent même au prix de leur vie», a-t-il dénoncé. Mais la réflexion sur l’avenir du peuple noir d’Afrique occupe une bonne partie du film. Cette réflexion a été suscitée par la caméra qui chope des images d’Indiens d’Amérique latine, sur la croisette. Et ces images amènent Souleymane Cissé à demander à son fils destinataire de la lettre, s’il a déjà réfléchi sur le sort qui sera réservé aux Africains dans 200 ans.

En termes très clairs, il a voulu savoir si les Noirs d’Afrique ne vont pas disparaître comme ce fut le cas des Indiens dans plusieurs contrées d’Amérique. Pour conjurer ce sort, il exhorte son fils et toutes les filles et fils du continent africain à chercher à maîtriser la science et la technologie pour assurer un futur au continent.

Quand le cinéma devient une thérapie

La résurgence de ce film de 24 minutes, réalisé par Souleymane Cissé depuis 2005, n’est pas fortuite. L’icône du cinéma malien n’arrive pas à s’expliquer le fait que l’ORTM n’a pas encore diffusé son dernier film «OKA», d’autant qu’il a mis ce film gracieusement à la disposition de toutes les chaînes de télévision. «Pour réaliser ce film, j’ai bénéficié d’une contribution du Président de la République que je salue. Pour cela, il était de mon devoir de le mettre gracieusement à la disposition des chaînes de télévision», a-t-il déclaré. Aujourd’hui, Souleymane Cissé pense et en est convaincu qu’il a été censuré par des journalistes au niveau de l’ORTM. Et, comme il est artiste dans l’âme, il s’est souvenu que quelque part dans le monde, sur une croisette, il y a un Festival qui ignore la censure et qui lui rend très souvent hommage : Le Festival de Cannes. Celui qui a découvert pour la 1ère fois le Festival de Cannes en 1982, y était en 1983 avec son film «Finyè». En 1987, il y arrivait avec le film «Yelen». En 1995, le Malien y est allé avec son film «Wati». En 2009, il a proposé «Myè» et en 2015, le monde y découvrait «OKA». Mieux, lors de son 60ème anniversaire, ce grand rendez-vous du cinéma mondial a salué la contribution de Souleymane Cissé à l’œuvre cinématographique mondiale, en l’immortalisant aux côtés d’autres personnalités du cinéma mondial, sur les affiches.

«Nyè» ou l’œil du cyclone, réalisé en 2005, pour rendre hommage au Festival de Cannes, symbole de l’absence de censure, est aujourd’hui d’actualité au Mali. Sans le dire, Souleymane Cissé le pense. Et, dans sa démarche, il voudrait inviter ses «censeurs» à tourner les yeux vers Cannes, cet espace de communication à ciel ouvert où toutes les expressions culturelles ont leur place à côté du cinéma, pour dire que depuis la déclaration universelle des droits de l’Homme, la liberté d’expression et d’opinion est une réalité, même si sous les tropiques nous peinons, pour certains, à l’admettre. En attendant que l’ORTM décide de lever ce que Souleymane Cissé considère comme une censure de son film «OkA», le réalisateur malien de renommée internationale a décidé de se souvenir du Festival de Cannes, où la censure est bannie.

Festival  Cannes Souleymane Cissé invité 70è anniversaire

Assane KONE

Source: Le Reporter 

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