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Joli coup de filet de l’office central des stupéfiants : Arrestation du cerveau d’un réseau international de trafic de cocaïne Depuis son arrestation le prévenu nargue la justice

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Joli coup de filet de l’office central des stupéfiants : Arrestation du cerveau d’un réseau international de trafic de cocaïne Depuis son arrestation le prévenu nargue la justice

Ibrahima Bah dit Rougeot, le cerveau d’un des plus grands réseaux de trafic de drogue de la sous-région, est désormais en prison, après être tombé dans les filets de l’Office central des stupéfiants (Ocs) le mercredi 17 mai, suite à plusieurs mois de filature et de surveillance. Agé de 33 ans et de nationalité guinéenne, le gros bonnet de la cocaïne et dérivés, Ibrahima Bah dit Rougeot, est né en Côte d’Ivoire, mais circule avec de faux documents maliens. C’est en remontant la filière, après avoir alpagué ses lieutenants, que les éléments de l’Ocs, sous la conduite de leur chef, le magistrat lieutenant-colonel Adama Tounkara, ont pu alpaguer ce baron du crack qui sert d’interface, au Mali, entre la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Nigeria. Après avoir tenté en vain de corrompre les éléments de l’Ocs partis l’arrêter, Rougeot n’a pas arrêter de les abreuver d’injures, en les rassurant de sa liberté très prochaine une fois jeté en prison car s’ils ont refusé son argent, d’autres n’hésitent pas à le prendre, comme d’habitude, pour le laisser reprendre ses activités. Un véritable défi lancé à la justice malienne !

Connu de tous les services de sécurité et pratiquement de tous les commissariats de police de Bamako qu’il est parvenu à infiltrer pour être informé des moindres initiatives à son encontre, Ibrahima Bah dit Rougeot, contre lequel plusieurs plaintes ont été déposées pour ses agissements dans la zone de la gare routière de Sogoniko qu’il tentait de transformer en une plaque tournante de trafic international de drogue, a été interpellé le mercredi dernier par les éléments de l’Office central des stupéfiants (Ocs), chez lui, à la Cité Unicef à Niamakoro.

Le cerveau de ce réseau qui vient ainsi d’être démantelé, a su construire un véritable réseau de trafic de cocaïne et dérivés, lequel opère depuis plusieurs années au Mali et principalement à Bamako où il a des distributeurs dans toutes les six communes.

Il faut comprendre que Rougeot est loin d’être du menin fretin car il s’approvisionne en cocaïne en Côte d’Ivoire et en Guinée pour procéder au conditionnement dans un laboratoire clandestin qu’il a ouvert quelque part à Bamako. Selon les premiers éléments de l’enquête, sa recette journalière dépasse toujours le million de francs Cfa. Ce qui lui a permis de construire un vaste empire de blanchiment de cet argent sale, notamment avec l’ouverture d’un bureau de change, deux bars-restaurants et une boutique de vente de téléphones et autres matériels électroniques.

Cette boutique lui permet aussi de jouer le rôle de grand receleur de tous types de matériels électroniques volés lors de cambriolages effectués sur la rive droite. Il payait à vil prix ce matériel volé avec l’argent frais dont il disposait toujours, avant de les écouler au niveau de sa boutique.

Les enquêteurs sont aussi sur les traces des autres biens du chef dealer  Rougeot, car issus du produit de ses activités criminelles. Nous n’en dirons pas plus pour ne pas brouiller l’enquête en cours, mais d’ores et déjà, son champ et son parc impressionnant de véhicules de luxe, en plus de quelques biens immobiliers, sont dans le collimateur de la justice.

Ibrahima Bah alias Rougeot menait une véritable vie de nabab et il est particulièrement connu dans les coins de Bamako By-Night où tout le monde finissait par le désigner du doigt lorsqu’il arrivait, parce que les gens s’étonnaient de la forte capacité financière dont il faisait l’étalage dans ces endroits où il réglait toujours des factures énormes.

Notons qu’il est notoirement connu des services de sécurité pour avoir déjà séjourné en prison. Pour la petite histoire, après sa première arrestation, il narguait la justice en installant un téléviseur écran plat dans plusieurs cellules de la prison.

En effet, ce baron du trafic de cocaïne et dérivés dans Bamako montre qu’il n’a rien à craindre de la justice qu’il défie en permanence. N’a-t-il pas lancé aux éléments de l’Ocs partis l’arrêter, qu’ils ont refusé son argent pour le laisser partir, mais une fois en prison, l’argent sera encaissé par d’autres en contrepartie de sa liberté ? En d’autres termes, il considère la justice comme corrompue. Ce qui lui garantit une impunité. Le président IBK qui entend lutter farouchement contre la corruption saura bien apprécier ce cas et aura certainement à faire suivre ce dossier pour que ce dealer international ne se retrouve pas en liberté contre espèces sonnantes et trébuchantes.

Une organisation digne des grands cartels sud-américains

C’est donc un réseau très bien structuré que vient de démanteler le magistrat lieutenant-colonel Adama Tounkara, directeur de l’Office central des stupéfiants. En effet, le rôle de chacun des membres du réseau était bien défini et tout était bien cloisonné de sorte que les membres dudit réseau ne se connaissaient pas. Deux équipes travaillaient pour Rougeot au niveau du laboratoire et se relevaient chaque jour à huit heures, sans se voir. En plus, une seule personne était chargée de toujours venir récupérer la drogue au laboratoire clandestin, à une heure précise et selon un mode opératoire bien précis, pour ne pas être reconnu des autres. Le réseau de revendeurs de la drogue était centralisé par un agent-comptable qui procédait aussi au recouvrement.

Lorsqu’il a su que ses activités étaient finalement connues dans les environs de la Gare routière de Sogoniko où plusieurs plaintes étaient déposées contre lui et ses gens, il a voulu ouvrir de nouveaux bureaux à travers la capitale, dans des quartiers populaires qui permettaient aux membres de son réseau d’opérer  en se fondant dans les mouvements de la masse.

Lui-même, Ibrahima Bah dit Rougeot, se contentait de tout chapeauter et de mener une vie de pacha, avec ses deux épouses, une Malienne et une Sénégalaise dont on dit même qu’ils ne seraient qu’en concubinage.

Comment le baron de la cocaïne et dérivés est-il tombé ?

Depuis près de huit mois, il a été mis sous filature et surveillance par les éléments de l’Ocs, notamment ceux de l’antenne de l’Ocs à Faladié qui étaient informés de ses activités. C’est ainsi que sentant filé ou certainement ayant reçu l’information de ses nombreuses taupes tapies dans les rouages des services de sécurité et qu’il arrose à coups de millions de francs Cfa, Rougeot a disparu subitement de la circulation, pour se rendre en Côte d’Ivoire. Mais la surveillance de son domicile et des autres endroits qu’il fréquentait n’a jamais faibli et c’est ainsi qu’il a été cueilli à son domicile de la Cité Unicef de Niamakoro. Il venait de garer sa voiture au parking pour aller s’installer dans son salon. C’est en ce moment précis que les éléments de l’Ocs sont arrivés pour lui signifier qu’il était en état d’arrestation.

Il proposa alors sur le champ une forte somme d’argent aux éléments venus l’interpeller, mais ces derniers refusèrent et le prièrent de les suivre. Ce qu’il fera, non sans prendre le temps de les insulter copieusement. Il continuera ce jeu d’insolence jusqu’au moment où il a été déféré au parquet. C’est ensuite que le Procureur du Pôle spécialisé de la Commune VI de Bamako, le magistrat Boubacar Samaké, connu pour son intégrité et sa rigueur professionnelle, l’a placé sous mandat de dépôt. Depuis vendredi dernier, 21 mai 2017, Ibrahima Bah alias Rougeot est embastillé à la prison centrale de Bamako.

Le Procureur du Pôle spécialisé de la commune VI de Bamako, Boubacar Samaké, a encore prouvé tout le bien que l’on dit de lui car au moment où les pressions venaient de partout pour demander une liberté conditionnelle du dealer, afin qu’il puisse ensuite se fondre dans la nature, le Procureur Samaké avait donné une délégation à l’Ocs pour laisser à ses enquêteurs le temps nécessaire avec le prévenu afin de fouiller davantage.

C’est dire qu’il y a encore, dans la justice, comme dans d’autres corps de l’Etat souvent flagellés pour cause de corruption, des hommes vertueux qu’il ne faut jamais confondre avec les loups car ils refusent de hurler avec eux. Mais faudrait-il une cohérence dans la chaîne de la justice pour ne pas mettre en danger la vie de ceux dans ce genre d’opérations d’interpellation de caïds du trafic de drogue.

Il faut souligner qu’au moment de l’arrestation de Rougeot chez lui à Niamakoro, des papiers servant à la fabrication du crack ont été trouvés dans la maison et il a tenté de nier la propriété, prétextant que c’est pour les enfants.

Mais cette ligne de défense est maigre pour résister à l’accusation car, ce que Rougeot ne savait peut-être pas, ces quatre lieutenants ont été tous alpagués par les éléments de l’Ocs et ils ont parlé, livrant des informations qui ont facilité l’arrestation de Rougeot.

En effet, trois Maliens répondant respectivement aux noms de Seydou Koné, Modibo Camara dit Van-Ba et Ibrim Traoré dit Calpé sont tous sous les verrous. Ibrim Traoré se fait aussi appeler “Calpé”, parce que c’est lui l’agent-comptable chargé de la coordination du réseau de distributeurs et du recouvrement des recettes de vente des produits prohibés.

Le quatrième se fait appeler Eric Balla Provost et se déclare Malien, tandis que les enquêteurs, qui continuent les vérifications, en doutent fortement. Ils le soupçonnent d’user de faux papiers comme l’a fait leur patron, Ibrahima Ba dit Rougeot, qui a pu se procurer une carte nationale d’identité à Ouéléssébougou, alors qu’il est bien un Guinéen né en Côte d’Ivoire.

Ceci relance le débat sur la fiabilité des documents d’identification délivrés au Mali et repose le problème de la confection de cartes d’identité biométriques délivrés sur la base de pièces d’état-civil valides.

Autre situation qui confond Rougeot : le 10 avril dernier, un Nigerian a été interpellé alors qu’il détenait 250 grammes de cocaïne. Il a demandé de lui laisser du temps pour appeler son patron qui pourrait arranger les choses. Futés, les limiers de l’Ocs l’ont laissé faire pour pouvoir remonter à son chef et ils ont découvert que le prévenu appelait Rougeot. Les relevés téléphoniques font foi.

La justice sous pression

Au moment où nous mettons sous presse, la justice est sous pression car les interventions fusent de partout pour que Rougeot puisse bénéficier d’une liberté conditionnelle. La meilleure façon de le faire libérer pour qu’il puisse disparaître dans la nature. Mais qui sont tous ces gens qui tentent d’arracher Ibrahima Bah dit Rougeot des griffes de la justice ?

De toute façon, Rougeot a été clair avec les éléments de l’Ocs : il est pressé d’aller en prison pour sortir de leurs mains car il va payer de l’argent et sortir de prison. Qui l’eut cru !

La Rédaction

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Source: Aujourd’hui-Mali

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