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Mise en œuvre de l’accord pour la paix : du plomb dans l’aile : A chacun son coupable !

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La mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger connaît de sérieuses difficultés dans sa matérialisation sur le terrain. Les différents protagonistes s’accusent mutuellement. Ils se rejettent la responsabilité du blocage pendant ce temps, les pauvres populations de la grande partie des régions du Nord souffrent. Depuis bientôt cinq ans, elles n’ont accès à aucun service social de base. Les écoles sont fermées dans certaines localités, les salles de classe sont en ruine dans d’autres. Les centres de santé sont vides et manque d’équipements et de personnel. En plus, certaines localités sont dans le noir faute d’électricité. La peine des populations ne s’arrête pas là. Elles n’ont pas accès à l’eau potable et ont faim. L’administration est totalement absente, les forces de défense et de sécurité n’en parlons pas. Un triste tableau ! Ceux qui sont supposés défendre leurs causes se la coulent douce dans les hôtels luxueux de la ville de Bamako aux frais du contribuable malien ignorant ou oubliant tout coup les pauvres citoyens des régions du Nord.

Donc, c’est le chaos total dans certaines contrées des régions de Gao, Tombouctou et plus précisément Kidal tenue des mains de fer par la CMA qui constitue le principal frein à la mise en œuvre de l’Accord. Heureusement, il y a quelques semaines, le président du Comité de Suivi de l’Accord, le diplomate algérien, Ahmed Boutache a pris son courage entre les deux mains en dénonçant la mauvaise foi des responsables de la CMA qui jouent le double jeu. Dans le discours, ils soutiennent l’Accord, dans la réalité sur le terrain, ils posent des actes qui empêchent la mise en œuvre diligente de l’Accord. Les exemples ne manquent pas : le vol de véhicule du MOC par les éléments de la CMA, le refus de libérer le Camp de Kidal chose indispensable à un retour efficace et efficient de l’administration malienne ainsi qu’au bon fonctionnement du MOC, le double jeu tantôt loyalistes, tantôt informateurs et soutiens aux djihadistes etc…

La grande erreur dans cet Accord a été de mettre le gouvernement du Mali au même niveau que des groupes armés manipulateurs et menteurs.

A chacun son coupable ! disions-nous. Pour la France, c’est l’Algérie à travers Iyad Ag Ghaly. Pour l’Algérie, c’est la France à travers la CMA. Pour la CMA, c’est le gouvernement malien à travers les autorités intérimaires, la volonté politique, le manque d’inclusivité, etc…

Pour le gouvernement, on attend le coupable. Les autorités maliennes sont dans un mutisme coupable. Elles savent pertinemment qui sont les responsables des différents blocages et obstacles constatés dans la mise en œuvre de l’Accord.

Pour la France, c’est l’Algérie à travers Iyad Ag Ghaly. On se souvient lors de la visite du nouveau président de la France, Emmanuel Macron aux forces françaises à Gao, il a mis l’accent sur le développement du Mali. Ensuite, il a envoyé un message très fort aux pays voisins du Mali en leur disant attention, il faut jouer un jeu plus actif dans le sens de l’équilibre. Aussi, il a envoyé un message fort à l’Algérie. Enfin, il a souligné la nécessité d’arriver à un Accord sur le plan intérieur malien.

« On ne peut pas manifester quelque faiblesse que ce soit à l’égard de groupements terroristes, quelles que soient les raisons politiques domestiques», a avait soutenu Marcon. Et d’ajouter ceci : « J’ai appelé Bouteflika, nous avons parlé. Il faut que l’Algérie joue tout son rôle dans le processus de paix du Nord du Mali ». C’est clair comme l’eau de roche.

A la suite d’Emmanuel Macron, Dominique De Villepin, ancien Premier ministre de France a mis le pied dans le plat. Lui, il accuse à la fois le gouvernement et les autorités algériennes.

Pour Dominique De Villepin, ancien Premier ministre de France qui s’exprimait, il y a quelques jours sur le Plateau de « Internationales », sur l’intervention française au Mali en 2013 et ses conséquences : « Le gouvernement malien ne fait pas assez dans la lutte contre le terrorisme ». Pour l’ancien Premier ministre français, le moins qu’on puisse dire ce que le « gouvernement malien ne fait pas tous les efforts qu’il devrait… » Dominique De Villepin signale qu’au Mali, on assiste à la reconstruction « de groupes de soutien à l’islam sous l’égide d’un chef peul, Amadoun Kouffa, et d’un chef Touareg Iyad Ag Ghaly. » « Il y a là donc les éléments d’une reprise de tensions au centre du Mali et au Nord du Mali où l’activité djihadiste est aussi forte qu’elle l’était avant l’intervention française », explique De Villepin. Il a aussi apprécié à sa juste valeur le fait que le nouveau président français a envoyé un message fort à l’Algérie dans le cadre de la résolution de la crise malienne.

Pour les officiels français, les autorités algériennes ne jouent pas franc jeu dans la résolution de la crise malienne. Elles sont fréquemment accusées de protéger les terroristes aux mains souillées de sang, tels qu’Iyad Ag Ghaly et ses hommes. L’Algérie sert de refuge et d’arrière base pour les djihadistes sous la conduite d’Iyad. Cela est connu et su de tout le monde. Or c’est à travers la récente et nouvelle organisation terroriste au nom de « Jamaât Nasr Al islam wa Al mouminin » (Groupe pour la victoire de l’islam et des fidèles) qui tire les ficèles. « Tant qu’Iyad Ag Ghaly et ses hommes seront actifs, il n’y aura jamais de paix au Nord du Mali, en particulier, et dans le Sahel de façon générale. », nous a confié un diplomate africain en poste à Bamako.

Pour l’Algérie, c’est la France à travers la CMA. Comme un jeu de ping-pong, le cas malien commence à agacer plus d’un. Selon certains responsables algériens, la France fait les yeux doux aux rebelles Touaregs de la CMA. Les choses ont pris une nouvelle tournure, suite à la visite de Macron à Gao qui a pointé un doigt accusateur sur l’Algérie en ce qui concerne la mise en œuvre de l’Accord, il fallait trouver un alibi. Dans la foulée, les autorités algériennes prises de panique, pour se justifier, accusent la CMA, qui il y a quelques temps, était dans les faveurs du pays de Bouteflika. De toutes les façons, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette sortie tranche avec l’attitude générale traditionnelle d’Alger vis-à-vis de la CMA. Plus précisément, l’Algérie a dénoncé le fait que la CMA refuse de libérer le camp I de Kidal. A titre de rappel, conformément à l’Accord d’Alger, le camp doit être libéré pour de servir de base aux soldats du MOC. Pour le médiateur algérien, Ahmed Boutache, le non-respect de cette disposition majeure du texte d’Alger par la CMA, relève de ce qu’il appelle : « les manœuvres politiciennes aux desseins inavoués ». Ainsi, les choses sont claires, Alger tient son coupable dans le pourrissement de la situation dans le Nord du Mali. Le président du Comté de Suivi de l’Accord n’a pas seulement d’accusé la CMA d’en être le responsable, il menace aussi ses responsables de ne plus payer les indemnités de leurs représentants.

Pour la CMA, c’est le gouvernement malien à travers les autorités intérimaires, la volonté politique, le manque d’inclusivité, etc… qui constitue un frein à la mise en branle du fameux  l’Accord.

Le lundi 29 mai 2017, les responsables de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) étaient face à la presse à la Maison de la Presse de Bamako pour édifier l’opinion nationale et internationale sur le rôle de la CMA dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issue du processus d’Alger. Cette rencontre avec les hommes de médias est une réponse aux accusations portées contre la CMA par le président du Comité de Suivi de l’Accord, Ahmed Boutache. A la recherche de bouc émissaire, la CMA accuse le gouvernement malien de trainer les pieds.

Selon Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA, les lenteurs dans la mise en œuvre incombent au gouvernement malien et aux PTF parce que c’est eux qui détiennent le gros du boulot. Pour l’accélération et la bonne mise en œuvre de l’Accord de paix, les responsables de la CMA exigent une volonté politique forte du gouvernement et des partenaires techniques et financiers (PTF).

Pour un retour de la paix au Mali, il a souhaité la bonne foi des parties, le dialogue entre les parties, de la concertation, le sens du compromis. «Il faut accélérer la mise en œuvre de l’Accord. Il faudrait que les acteurs centraux (le gouvernement les partenaires techniques et financiers) mettent beaucoup de volonté politique, qu’ils mettent les moyens pour que cet accord avance », a-t-il soutenu.

A travers cette sortie pour justifier leur bonne foi, les responsables de la CMA mettent à nu leur propension financière. Quand leur porte-parole met un accent particulier sur les moyens financiers en disant que les acteurs centraux (le gouvernement, les partenaires techniques et financiers) mettent les moyens pour que cet accord avance, il étale à la face du monde leur vrai visage celui de la recherche et de la course effrénée pour l’argent, le confort personnel et non la défense des intérêts des populations du Nord.

Cette tendance des rebelles de la CMA pour le matériel et le confort personnel se comprend aisément, des gens qui ont comme sources de revenus le trafic de drogue, d’armes, le vol, le banditisme etc… doivent avoir des assurances en ce qui concerne leur reconversion. D’où leur appel aux partenaires techniques et financiers. Ces rebelles de la CMA veulent de l’argent pas la paix. On peut citer les spéculations autour du processus DDR. Tout est fait pour avoir le maximum d’éléments afin d’avoir des ristournes. A ce rythme, le Mali est très loin de la paix.

A l’analyse, trois choses essentielles font défaut au Mali pour sortir de cette crise. D’abord, la volonté du peuple de finir avec le terrorisme et le désordre et de prendre en main le destin du pays. Ensuite, le sérieux d’IBK, de son gouvernement et de l’appareil d’Etat gangréné par la corruption pour régler un problème aussi grave. Enfin, rompre avec la pensée selon laquelle notre salut viendra des pays étrangers et d’autres forces telles que Barkhane et la Minusma.

En plus de ces trois choses, la bonne gestion des finances publiques est primordiale. Nos ressources financières, si elles sont bien gérées, il en restera suffisamment pour bâtir une bonne armée efficace et construire le pays. Enfin, les autorités maliennes doivent sortir de la diplomatie en tenant un langage de vérité. « Qu’ils nous foutent la paix, nous ne les faisons pas confiance. Nous ne faisons confiance à personne, à aucun protagoniste. Il faut l’armée nationale ou rien à Kidal. »

Moussa Mamadou Bagayoko 

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Source: L’Humanité

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