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Le Réflecteur : La mort est le prix du paradis

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“Le changement viendra du comportement du Malien mais pas d’un président… Changeons d’abord notre comportement sur tous les plans…” ! Telle est l’une des nombreuses réactions à notre article intitulé “Rupture dans la gestion politique du Mali : Oumar Tatam Ly pour incarner l’espoir de changement” (Le Reflet n°587 du jeudi 1er juin 2017).

Dans les débats de “grin” ou les conférence-débats, nous avons l’habitude de dire à nos interlocuteurs que le changement doit commencer par nous, le peuple, la base… Si chaque citoyen adopte une attitude responsable, nous parviendrons à contraindre nos dirigeants à aller dans le sens souhaité par la majorité.

Pour sortir le Mali du cycle infernal de la mauvaise gouvernance qui engendre pauvreté, misère, désœuvrement et désillusion de la jeunesse, une prise de conscience s’impose au peuple malien. Nous devons prendre conscience que nos dirigeants ne sont rien sans nous les citoyens. C’est donc en acceptant le sacrifice de changer nos habitudes négatives que nous nous donnerons réellement les moyens de leur imposer des valeurs positives.

Souhaiter le changement, c’est être prêt à en payer le prix aussi ! En effet, comme le chante Tiken Jah Fakoly, “il faut mourir pour aller au paradis” ! Que sommes-nous prêts à consentir et à sacrifier d’avantages ou de privilèges personnels pour le bonheur collectif, pour un changement de mentalité à toutes les échelles sociales et politiques ?

La réponse détermine notre engagement à réellement changer notre pays. Il est dans l’intérêt de tous d’accepter de perdre des privilèges occasionnels si cela doit aboutir à sortir notre pays de la dépendance politique et économique, donc au bien-être collectif.

Malheureusement, nous perdons encore beaucoup de temps, de moyens et d’énergie dans le juguya (méchanceté), le hassidiya et le niangoya (hypocrisie et égoïsme). On mise toujours sur l’échec et non la réussite des autres, même conscients qu’ils en la compétence et les moyens.

Nous prenons toujours un malin plaisir à mettre les bâtons dans les roues de ceux qui brillent par leur vision et leur capacité à changer certaines pratiques pour améliorer les conditions générales, pour faire prospérer une entreprise avec un impact direct ou indirect sur la carrière et la vie des employés.

Dans nos services publics et nos entreprises privées, dès qu’un responsable se pointe avec une vision novatrice et porteur d’un vrai projet de changement, il est vite indexé comme un prétentieux, quelqu’un qui fait le malin, qui a la grosse tête. Au lieu d’être perçu comme porteur d’espoir, il devient un ennemi à abattre pour tous ceux qui trouvent que la vision du changement risque de leur coûter leurs privilèges le plus souvent indument acquis.

Et pour se protéger, ils sont capables de tout pour lui pourrir la vie. Sabotage, peaux de banane, manipulation des autres, mauvais sort… Tout est bon pour intimider le prétentieux et même l’éliminer !

Des sabotages pour éjecter le boss

Comment notre administration peut-elle être efficace dans cette situation ? Comment nos sociétés peuvent-elle être rentables et compétitives avec de tels agissements ? Qui sont les premiers bénéficiaires de l’efficacité de l’administration ou de la performance d’une société privée ?

Bien sûr que ce sont les usagers et les employés eux-mêmes. Comment attendre du miracle de nos dirigeants (communautés, collectivités, Etat…) alors que nous continuons à perpétuer les mauvais comportements à la base ? Nous n’avons pas besoin qu’un président ou un ministre vienne nous dire qu’en volant l’entreprise ou le service qui nous emploie, que nous contribuons à sa faillite, donc à notre propre chômage synonyme de descente aux enfers.

Comment par exemple espérer qu’Energie du Mali (EDM) comble nos attentes pendant que les gros consommateurs ne payent pas leurs factures, qu’un groupe bien organisé a fait du détournement de carburant l’ascenseur de la fortune et que nous sommes complices des agents dans toutes sortes de combines ?

Et quand un jeune cadre débarque pour donner un coup de pied courageux dans cette fourmilière de la contreperformance, on multiplie les basses manœuvres pour le discréditer afin qu’il soit éjecté. Sans faire l’avocat du diable, nous avons en effet de bonnes raisons de croire que les délestages sauvages de ces derniers jours ont deux causes essentielles : la vétusté des machines payées au prix des neuves, il y a quelques années, et des actes de sabotage du réseau mafieux de détournement de carburants et lubrifiants aux abois à cause de la pression du jeune directeur général.

Nos dirigeants ne changeront jamais tant qu’ils sont conscients qu’ils peuvent toujours nous avoir par nos faiblesses et le vice. Vouloir donner une chance de développement socio-économique à ce pays, c’est accepter de travailler au lieu d’attendre que les alouettes toutes rôties nous tombent du ciel, de payer des épreuves des concours et examens pour sa progéniture, soudoyer l’agent dans la circulation au lieu de payer la contravention, s’arranger toujours avec les agents des impôts ou avec le douanier sur le dos du Trésor public…

Il est temps que le peuple malien prenne conscience que le changement ne s’opérera jamais dans le discours, les causeries de grin… C’est par nos comportements individuels que nous devons manifester cette forte envie de changer, d’aller de l’avant, de nous affranchir de tout ce qui peut faire de nous un peuple complexé…

Hamady Tamba

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Source: Le Reflet

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