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Le Mouvement Vert Jaune Rouge à propos du référendum du 9 juillet : « Si on ne prend garde, ce jour-là sera le début d’un cauchemar pour notre pays et pour notre peuple »

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Yagaré Baba Diakité, Président du Mouvement vert Jaune Rouge
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Mouvement Mali Vert-Jaune-Rouge

 Lettre ouverte au Peuple Malien

Peuple Malien,

 Depuis quelques jours, le Mouvement vert-jaune-rouge a le regret de constater que notre pays va doucement, mais sûrement, droit dans un mur, à la faveur de la révision constitutionnelle annoncée.

Fidèle à son engagement pour le Mali, le Mouvement vert-jaune-rouge voudrait ici exprimer toute son inquiétude quant à l’ambiance générale qui prévaut dans le pays en cette veille de la campagne référendaire.

 

Nos propos ici ne visent pas à prendre position pour le OUI ou pour le NON. Mais, pour dénoncer tous les propos et tous les actes qui sont de nature à diviser davantage les maliens.

 

Le Mouvement vert jaune rouge, en toute responsabilité, a décidé d’attirer votre attention sur les graves menaces qui pèsent sur climat social.

 

A la faveur de la révision de la constitution de 1992, annoncée par le Président de la république Ibrahim Boubacar Keita et l’adoption du projet de la nouvelle loi constitutionnelle par l’assemblée nationale dans la nuit du 2 au 3 juin 2017, par 111 voix contre 35, le Peuple malien s’est divisé en deux camps : Oui et Non.

 

Evitons qu’une fête de la démocratie ne tourne en cauchemar pour notre peuple

 

En principe, dans toute démocratie normale, la date du 9 juillet 2017, annoncée pour le référendum, allait être un jour de fête démocratique, que le OUI ou le NON l’emporte. Mais hélas, sous les tropiques, et précisément au Mali, si on ne prend garde, ce jour-là sera le début d’un cauchemar pour notre pays et pour notre peuple.

Pour la simple raison, dans un Mali suffisamment laminé par une crise qui s’est installée depuis 2012, peut être même un peu avant, le camp du OUI et celui du NON, ont décidé de fourbir leurs armes, comme si le pays n’avait pas d’autres défis plus cruciaux.

 

Au moment où les 2/3 du pays, sous la menace de forces obscurantistes,  souffrent de l’absence de l’Etat, les maliens s’apprêtent à se battre dans le sang pour ou contre la révision de la Constitution de 1992, même si tous admettent qu’elle a des limites que seule une révision constitutionnelle peut corriger.

 

Peuple Mali,

 

Comment comprendre  que des acteurs politiques qui étaient engagés corps et âmes pour la révision constitutionnelle du temps du Président Alpha Oumar Konaré et du temps du Président Amadou Toumani Touré, soient aujourd’hui farouchement opposés à la révision constitutionnelle initiée par le Président IBK ?

 

Est-ce parce que le Gouvernement n’a pas suffisamment communiqué sur le projet de loi constitutionnelle ? Est-ce parce que les reformes annoncées sont antidémocratiques ? Est-ce parce les modifications ne sont pas suffisamment consensuelles ? Où, c’est tout simplement parce que l’initiative est du fait du Président IBK ? En d’autres termes, est ce simplement parce que des acteurs politiques ne veulent pas voir IBK réussir là où Alpha Oumar Konaré et le Général Amadou Toumani Touré ont échoué : Réviser la constitution de 1992 ?

 

Peuple Malien,

 

Dans le contexte actuel où le Mali se remet difficilement d’une crise qui a failli l’emporté, le camp du OUI et celui du NON doivent savoir raison gardée pour préserver ce que le pays a de plus cher : la paix et la stabilité.

 

Individuellement et collectivement, chaque malienne et malien, doit se comporter en sorte que le débat autour de la révision de la constitution de 1992, ne soit pas une occasion pour faire la part belle aux ennemis de notre pays. Et, Dieu seul sait qu’ils sont nombreux.

 

Une crise politique ouverte aujourd’hui à Bamako et dans les capitales régionales, renforcera les velléités des sécessionnistes et de leurs complices.

 

Le Mouvement vert-jaune-rouge invite les partisans du OUI et ceux du NON à la retenue, afin de donner une change au dialogue qui a de tout caractérisé notre Peuple.

 

Souvenons-nous, chaque fois que les Maliens se parlent, le Peuple a toujours trouvé une solution aux crises.

 

Peuple Malien,

 

Les politiques qui ont pris la responsabilité d’engager une révision constitutionnelle sous cette forme ne le font pas pour nous. Aussi, les acteurs politiques qui ont décidé d’organiser une résistance, même violente, ne le font pas sûrement pour nous. Ils sont tous dans une logique de conquête du pouvoir, pour eux et pour leurs proches.

 

Le moment n’est-il pas arrivé pour qu’on refuse d’être la chair à canon pour des individus, souvent sans conviction, qui se battent pour le fauteuil présidentiel. Surtout quand on sait qu’une fois la plupart d’entre eux installée à Koulouba, seules les stratégies de liquidation des intérêts vitaux du Mali, seront à l’ordre du jour.

 

Si la révision de la constitution de 1992 était programmée dans l’intérêt supérieur du Mali, le Gouvernement actuel allait trouver les voix et moyens pour que le texte soit suffisamment consensuel. Qu’à cela ne tienne, les partisans du NON de leur côté, n’ont pas besoin de projeter de porter des atteintes graves à l’ordre public pour arriver à leurs fins.

 

Loin des intérêts du Mali et de notre Peuple, nous constatons que le projet de révision de la constitution est un prétexte tout trouvé pour des règlements de comptes politiques.

 

Si non comment comprendre, ce refus des députés de l’opposition parlementaire, lorsque 39 propositions d’amendements sur 43 ont été pris en compte, lorsque 74 propositions d’amendements de la majorité sur 80, trouvaient une place de choix dans le texte final.

 

Face à cela, l’on est en droit de se demander : Pourquoi tout ce tintamarre ?

 

Peuple Malien,

 

Ta vigilance est sollicitée en cette période cruciale de la vie de notre nation. Sans cautionner les échecs de la gouvernance actuelle de notre pays, nous t’invitons  à ne pas te prêter à aucun jeu d’insurrection populaire savamment orchestrée par des groupuscules d’individus qui peinent à mobiliser pour se faire élire dans les urnes.

 

Nous le disons parce que nous sommes convaincus que tous les ingrédients sont aujourd’hui réunis pour amener des filles et fils de ce pays à la boucherie.

 

Comment comprendre que le Gouvernement qui peine à se faire représenter sur toute l’étendue du territoire malien, veuille organiser un référendum au moment où des localités toutes entières se sont dépeuplées à la faveur de la crise de 2012.

 

Est-ce vraiment démocratique de vouloir organiser des élections, à plus forte raison un référendum, au moment où l’Etat du Mali n’est pas présent sur l’ensemble du territoire ? Et, comment comprendre l’attitude du Gouvernement à vouloir, dans un contexte démocratique, porter atteinte aux libertés individuelles et collectives ?

 

En toute responsabilité, pour la stabilité et la quiétude nationale, le Mouvement Vert-Jaune-Rouge invite le Président de la République et le Gouvernement à reporter le référendum.

 

Ce report sera mis à profit :

 

  • Pour prendre toutes les dispositions idoines afin que la grande majorité de maliens soient informés sur le contenu du nouveau texte (Ce qui a changé et pourquoi ?),
  • Pour prendre les dispositions nécessaires pour sécuriser le référendum sur toute l’étendue du territoire, étant attendu que l’Etat n’a pas la maîtrise de la sécurité sur les 2/3 du pays,
  • Pour réunir toutes les conditions pour une bonne participation des réfugiés et des déplacés maliens.

 

Dans tous les cas, le Gouvernement du Mali doit admettre que pour la réussite d’une telle opération, il faut une mobilisation du maximum de Maliens et cela ne peut pas se faire sans une action de communication à l’échelle nationale, pour que le contenu du nouveau texte constitutionnel soit su par tous.

Mouvement Vert Jaune Rouge propos référendum 9 juillet Si on ne prend garde sera début cauchemar notre pays notre peuple

Bamako, le 15 Juin 2017

Yagaré Baba Diakité

Président du Mouvement  Vert-Jaune-Rouge

Source: Le Républicain 

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