Le 17 juin 2017, de 10 heures à 12 heures, Bamako avait retenu son souffle. Pour cause, la Plateforme de la société civile «Antè son, A bana», en partenariat avec des partis politiques de l’opposition et certains leaders religieux, a mobilisé des milliers de Maliens pour dire Non au référendum constitutionnel du 9 juillet prochain. 400 000 pour les responsables de l’opposition, 3 000 selon des sources policières.
Quelques heures après l’adoption de la loi de révision de la Constitution de février 1992, la tension est vite montée d’un cran à Bamako et dans les capitales régionales. Les regroupements ont spontanément vu le jour. Il s’agit de ceux qui s’opposent à cette révision et ceux qui la défendent mordicus. Parmi ces regroupements, on peut citer la Plateforme «Antè son, A bana» (en français : nous ne sommes pas d’accord, on en a pas besoin) et «An son na» (nous sommes d’accord). Tous ces regroupements qui se voient parrainés par la classe politique investissent le terrain pour gagner le rapport de force, en tentant de convaincre les indécis à adhérer à leur cause.
Dans cette optique, la Plateforme de la société civile «Antè son, A bana», soutenue par les partis politiques de l’opposition, a sorti ses muscles ce samedi 17 juin 2017 à travers une mobilisation qui se passe de tout commentaire. Plus de 400 000 personnes, selon Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition. Des sources policières estiment pourtant le nombre de manifestants à 3 000 au maximum.
De la Place de la liberté à la Bourse du travail, ces milliers de manifestants, encadrés par un dispositif impressionnant des forces de l’ordre, scandaient : « An tè son, A bana », ne touche pas à ma Constitution ; carton rouge à IBK. Avant de lire leur déclaration devant la Bourse de travail pendant que le bout de la file indienne des manifestants se trouvait au Monument de l’indépendance. Un peu désordonnés par la grande mobilisation, leur déclaration, qui devrait être lue par Mme Sy Kadiatou Sow, a été finalement lue par Amadou Thiam de l’ADP-Maliba. Car la dame n’a pu se frayer un chemin pour rejoindre le podium.
Dans cette déclaration, il a exprimé sa satisfaction et sa fierté de cette mobilisation de la jeunesse contre l’injustice et la défense de la patrie. «L’envie de se battre contre l’injustice, l’envie de se battre pour sa patrie, l’intelligence de s’unir pour son avenir. Vive la démocratie, à bas la monarchie. Non au référendum constitutionnel. Antè, a bana. Touche pas à ma constitution. Aujourd’hui, comme un seul homme, ils sont là pour écrire leur histoire de leur propre main. Non à ce référendum qui va aliéner notre liberté. Parce que ce processus manque de consensus, d’inclusivité et de clairvoyance. Elaborée sans dialogue politique sans concertation avec l’opposition politique et les forces vives du pays, l’adoption de cette loi est la résultante d’un passage en force du camp de la majorité présidentielle et précède du mépris de toutes nos valeurs démocratiques et républicaines», a-t-il déclaré. Nous avons marché à jeun pour prouver à ceux qui veulent prendre notre démocratie acquise au prix du sang que nous n’accepterons pas cette révision constitutionnelle. Partant, il a remercié le sens patriotique de tous les manifestants pour sauver la démocratie malienne. «Restons mobilisés et vigilants pour faire échec à cette tentative de tripatouillage constitutionnelle», a-t-il conclu.
Pour sa part, Mamadou Hawa Gassama Diaby, le député tonitruant de l’URD, invite le chef de l’Etat à retirer ce projet de révision s’il aime le pays comme il le prétend. Il doit retirer ce projet comme l’ont fait ses prédécesseurs Amadou Toumani Touré et Alpha Oumar Konaré. Partant, il a exhorté les manifestants à s’inspirer de la révolution tunisienne et burkinabé pour faire échec à ce référendum au cas où le Président IBK insistait.
Quant à Ras Bath, il rappellera que suite au renforcement du Président de la République, le régime Moussa Traoré a été vomi. La nouvelle constitution, estime-t-il, prévoit l’instauration d’un roi en faisant allusion à une disposition du projet de nouvelle constitution qui prévoit le report de l’élection présidentielle en cas de force majeure. « Nous n’avons pas d’armes, pas d’autres moyens. Mais nous avons l’amour de cette patrie. Je demande à IBK de retirer ce projet de révision constitutionnelle. S’il ne le fait pas, sensibiliser vos proches et prenez vos cartes pour aller voter non le jour du référendum», a-t-il déclaré.
S’agissant de l’artiste Master Soumy, il a abondé dans le même sens que ses prédécesseurs.
Faut-il le rappeler, ils étaient nombreux les responsables politiques, religieux et de la société civile à prendre part à cette marche. Parmi ceux-ci, on note la présence du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, Tiébilé Dramé du Parena, Modibo Sidibé des Fare, Amadou Thiam de l’ADP-Maliba, Zoumana Sacko de la Cnas Faso Hèrè, Nouhoum Togodu Pdes et Djibril Tangara. S’Y ajoutent le prédicateur, Chouala Bayaya Haïdara, Ras Bath et Master Soumi.
Oumar KONATE
Source: Le Prétoire