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A propos des radios FM fermées : Bandiougou Danté, président de l’URTEL : « la HAC gère une situation confuse par une injustice frustrante » Depuis

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Propos radios FM fermées Bandiougou Danté président URTEL HAC gère situation confuse injustice frustrante Depuis

 

Depuis presqu’un mois, une dizaine de radios FM ont mis la clef sous le paillasson. Un silence radio consécutif à une mesure de la Haute Autorité de la Communication (HAC). Le Président de l’URTEL (Union des Radios et Télévisions Libres), non moins Directeur de la Radio Saniya de Ségou revient pour nous sur cette situation.

Le Ségovien : Quelle est la relation qui existe entre la HAC et l’URTEL ?

Bandiougou Danté : Permettez-moi de vous remercier pour l’opportunité que vous m’offrez d’informer les acteurs de la radio et l’ensemble de la société malienne en général, en particulier celle de ma belle cité Ségou. La HAC et l’URTEL sont deux partenaires condamnés à travailler ensemble, à réussir ensemble ou à périr ensemble. L’un est chargé de la régulation du secteur des médias et l’autre doit défendre les intérêts matériels et moraux de ses membres.

Le Ségovien : La HAC est dans une opération d’application de ses mesures, celles de fermer les stations radios jusqu’à ce qu’elles se mettent en règle vis-à-vis d’elle. Comment l’URTEL apprécie ce travail ?

Bandiougou Danté : La Haute Autorité de la Communication est dans son rôle. Elle fait son travail. Mais honnêtement la manière a manqué. Vous n’êtes pas sans savoir que c’est la HAC qui, désormais dispose des prérogatives anciennement dévolues au Département de la communication. Donc quand on hérite d’une certaine gestion de l’Administration publique au Mali le bon sens doit prévaloir. Mais l’organe de régulation voulant, vaille que vaille, poser des actes d’AUTORITE est allé vite en besogne et semble gérer une situation confuse par une injustice plus frustrante que la situation elle-même. La HAC ferme des radios qui n’ont pas pu produire de document administratif pour justifier leur existence. Or c’est du côté de l’Administratif que le désordre s’est installé. L’Administration a délivré des autorisations provisoires, ce qu’aucun texte n’indique en République du Mali. Pourtant la HAC tolère ces radios.  L’Administration n’a également pas apporté de réponses à des demandes formulées depuis plusieurs années.  Je dis : bien apporter des réponses ; donc elle n’a pas refusé. Ces radios qui ont existé souvent plusieurs années à cause du laxisme et de la paresse de l’administration ont recruté un personnel, ont eu des engagements avec des partenaires, y compris étatiques parfois, se trouvent fermées, sans état d’âme. Elles sont fermées à un moment où la procédure de régularisation et de mise en conformité n’étaient pas encore engagées par la HAC. (Ces procédures commencent le lundi 12 juin 2017). Cependant, nous avions exprimés notre désir à la HAC lors de nos différentes rencontres et à travers une correspondance officielle de faire une gestion au cas par cas. Cette gestion à notre avis est sage, efficace et efficiente puisque chaque décision de fermeture est bien motivée et bien justifiée. Cela permettrait de faire le distinguo entre les cas indéfendables et les cas gérables. Parmi les cas indéfendables, nous indiquons des radios qui ont changé de site d’une région à une autre, d’un cercle à un autre etc. A celles-ci, s’ajoutent les cas des fréquences vendues ou achetées, louées ou sous louées et les fréquences qui dérangent celles des autres radios ou des communications stratégiques, notamment celles de l’aéroport ou des forces armées et de sécurité.  Mais la HAC a refusé d’accepter   notre demande et a voulu se lancer dans une opération dont l’issue lui échappe inéluctablement. La preuve, c’est qu’on assiste à la fermeture des radios « physiques » et l’activation des anciennes fréquences attribuées, mais jamais utilisées. Or, notre proposition avait le mérite de tout mettre à plat et d’aller sur de nouvelles bases, puisque la création de la HAC est en soi un début de régulation.

Le Ségovien : En tant que partie prenante de cette institution, car un de vos membres y siège, n’est-ce pas que vous devez parler le même langage que la HAC en vue d’assainir votre milieu ?

Bandiougou Danté : Fondamentalement, il n’y pas de conflit entre la HAC et l’URTEL. Nous avons tous le souci d’assainir le secteur, mais nous pouvions avoir parfois des lectures opposées. C’est une question d’approche. Vous savez, la HAC c’est neuf personnes, dont trois y compris son Président sont nommés par le Président de la République, trois sont nommés par le Président de l’Assemblée Nationale et enfin trois sont élus par les professionnels du secteur. Effectivement, parmi les trois membres des professionnels du secteur, nous avons un membre de l’URTEL, un membre la Presse écrite et un membre des agences des communication. En effet, nous estimons que ceux qui sont nommés et ceux qui sont élus ont le même rôle. Mais quand une Autorité dite indépendante s’appuie sur l’Administration publique pour appliquer ces mesures, il y a de quoi s’inquiéter et s’interroger. Je donne comme source d’inquiétude et d’interrogation, ces préfets nostalgiques d’une certaine époque de notre histoire contemporaine qui, ayant reçu l’ordre de faire taire des radios n’ont pas hésité à boucler ces radios et amener les clés.  Une humiliation pour une radio encrée dans sa société et qui a même aidé cette Administration, parfois gracieusement. Par contre, ils ont fermé les yeux sur des cas similaires et dans les mêmes localités pour des raisons dont je me réserve le devoir de ne pas évoquer pour le moment.

Le Ségovien : Que répondez-vous à certains qui pensent que le Président de l’URTEL est dans une logique corporatiste et électoraliste, sinon il doit être le premier à faire appliquer à ces mandants le cahier de charge qui régit l’émission d’une radio en bande FM.

Bandiougou Danté : En réalité, ceux-ci ne connaissent ni l’URTEL, ni son président Bandiougou DANTE. Ils ne connaissent pas l’URTEL, parce que sur les 385 radios membres de l’URTEL, seules deux ont été fermées, puisque l’URTEL, contrairement à l’Administration n’a jamais admis à son sein des radios à situation administrative, même douteuse. Sur les deux radios fermées, l’une a été rouverte, grâce à notre intervention et l’autre à cause de l’absence d’un interlocuteur légitime, n’a pas pu bénéficier de notre accompagnement. Et ces deux radios ont réussi à être membres de l’URTEL, depuis plus de dix ans.  Donc nous ne sommes pas dans une logique électoraliste. D’ailleurs, nous prenons un risque en défendant des concurrents potentiels pour nos radios. Mais, il faut le faire au nom du libéralisme et du pluralisme radiophoniques, si cher aux acteurs de mars 1991 et à tous ceux qui défendent ces acquis. Ils ne connaissent pas le Président de l’URTEL parce que je suis un homme tranchant. J’ai horreur des compromissions et des petits détours. Voilà la raison pour laquelle je n’ai jamais tenté d’aventure politique puisque j’y suis nul. Ceux qui me connaissent savent que je dis de façon péremptoire ce que je pense. Je suis le Président de l’URTEL, parce que je me suis présenté avec une vision, un programme et le destin a fait le reste. Je laisse le soin aux radios membres de l’URTEL de toutes les localités du Mali d’apprécier ce qui a été fait. Je ne suis qu’un passager et je crois avoir un boulevard devant moi dans différents domaines par la grâce d’Allah.

Le Ségovien : S’agissant du cas concret de Ségou, que reproche la HAC aux stations FM mises en cause ? Et qu’avez-vous fait dans ce sens pour qu’elles puissent de nouveau émettre ?

Bandiougou Danté : Ce qui est reproché aux radios des autres localités, c’est ce qui est reproché à celles de Ségou mises en cause. En terme clair, ce sont des radios qui n’ont pas pu produire le document administratif qui justifie leur existence. La première radio de Ségou qui a reçu une régulation de la HAC est la radio Kayira. Celle-ci émettait sur les 104.4 MHz au lieu de sa fréquence originelle, les 104.3 MHz. Elle a été invitée à utiliser sa fréquence, ce qu’elle a fait rapidement. Notre rôle a été d’abord de défendre tout le monde. Nous avions même aidé ces radios, notamment celles de Ségou à expliquer à travers une missive adressée à qui de droit les raisons de leur irrégularité et leur désir affiché de régulariser leur situation. Mais quand la HAC a mis à exécution sa menace, nous avions exigé une application stricte et équitable de la mesure à tous. Puisque l’Administration locale avait voulu une application sélective de la mesure de la HAC. Maintenant, nous restons disponibles pour aider toutes les radios dans la constitution des dossiers de mise en conformité qui démarre le 12 juin.

Le Ségovien : Vous ne trouvez pas que certaines populations, même si les radios sont à leur service, approuvent les mesures de la HAC, puisqu’ un bon balayeur doit d’abord rendre propre sa cour

Bandiougou Danté : Tout à fait et cela à juste raison quand on sait les déviations auxquelles on assiste sur certaines antennes. Mais en réalité, l’obtention d’un document administratif ne fait pas d’une radio, une radio propre. La signature de l’administrateur ne vaut rien si l’utilisateur n’a pas une bonne moralité.  Des radios dites sans papiers à Ségou n’ont jamais été mises en cause par rapport aux respects de l’éthique et de déontologie. Par contre, d’autres ont le précieux sésame et livre des messages haineux poussant à la révolte contre elles-mêmes et contre des communautés au vu et au su de tout le monde.

Le Ségovien : Concrètement que fait l’URTEL depuis le début de votre mandat, pour que la radio joue son vrai rôle et qu’elle n’enfreigne pas les règles de la profession ?

Bandiougou Danté : Depuis le début de notre mandat, nous avons joué un rôle d’appui conseils, parfois dans la discrétion. Nous avions initié des formations avec des formateurs émérites tel que Sadou Yattara sur l’éthique et la déontologie.  C’est vrai, les besoins sont immenses et les opportunités parfois rares. Chaque fois qu’il s’est agi de prendre position, en donnant des consignes à nos membres, nous l’avons courageusement fait. C’est ce qui nous a amené à interdire sur les antennes de nos radios membres, avant mêmes la décision de la justice, les propos injurieux d’un prêcheur et d’un libre penseur. Un libre penseur qui m’accuse d’ailleurs de l’avoir qualifié de crieur public et de ne pas lui reconnaitre un statut de journaliste.

Le Ségovien : Durant ce mandat en cours, quels sont vos raisons de satisfaction au niveau de la gestion des radios au Mali et qu’est ce qui reste à être amélioré très concrètement ?

Bandiougou Danté : Mes raisons de satisfactions sont très claires. D’abord, nous avons réussi à faire entrer l’URTEL dans la modernité en le dotant d’un siège digne de son rang, dans le centre des affaires, ACI 2000 dans la capitale avec des équipements ultra modernes. Ensuite, nous avions favorisé les expressions plurielles en créant un cadre de concertation permanent et en allant vivre avec les radios leur réalité quotidienne. En plus, nous avions réussi à renforcer les coordinations régionales en leur donnant plus de responsabilité pour l’émergence d’une URTEL des régions au détriment d’une URTEL des réseaux.  Aussi, avions nous réussi à diversifier nos partenaires et à favoriser le retour de ceux qui nous avaient tourné le dos depuis un certain temps. Il faut également ajouter la fierté des radios d’avoir une URTEL qui renaît et le sentiment poussé d’appartenance à cette organisation prestigieuse qui se force de prendre en compte les préoccupations de chacun et de tous. Enfin, nous avons renforcé l’esprit de solidarité et de partage entre nos membres. Ce qui reste à être amélioré est le renforcement des capacités managériales de nos responsables de radios, d’où des formations très prochaines avec notre partenaire la Fondation Hirondelle.

Le Ségovien : Un mot de la fin

Bandiougou Danté : Un mot qui s’adresse à tous les acteurs de la radio. Les choses ont évolué et les Hommes doivent suivre cette évolution. Le temps de la radio chérie des auditeurs, bailleurs, est révolu. Une radio, comme toute entreprise doit avoir des règles de gestion efficace, une comptabilité saine et des initiatives créatrices de profit.  Il faut une radio adaptée aux besoins des communautés. C’est en cela que la radio peut avoir toute sa place dans un environnement marqué par de nouveaux supports de communication comme les panneaux dynamiques, les réseaux sociaux, la télé etc.

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Propos recueillis par Moutta

Source: Ségovien

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