Depuis mars 2012, la République du Mali, pays de diversité culturelle exceptionnelle, traverse l’une des crises les plus graves de son existence. Qui l’aurait cru pour un pays qui a toujours été un pays de paix? C’est une question de survie. Le bateau «Maliba » a tangué. Dieu merci ! Il n’a pas chaviré. Le chemin de la paix reste parcheminé d’embuches.
A peine sauvé du naufrage, le pays se sort petit à petit, mais difficilement de sa crise, qui lui a été imposée, pour diverses raisons et par différents acteurs. A chaque tentative de progression vers la stabilité, tout est mis en œuvre pour freiner l’élan amorcé.
Depuis des agitations soulevées contre de l’accord le processus issu d’Alger, suivi de la mise en œuvre de ses recommandations, notamment concernant l’installation des autorités intérimaires, le DDR, le désarmement et la réinsertion des ex-combattants, tout est fait pour plomber le processus de sortie de crise. Cela sans que la communauté internationale ne manifeste volonté pour obliger les fauteurs de troubles à intégrer les rangs de la paix. En effet, malgré le renforcement du mandat de la force onusienne dans notre pays, rien ne sembler bouger. Le Mali peine à asseoir son autorité sur l’ensemble de son territoire. La cité interdite est toujours à la merci des groupes terroristes et narcotrafiquant. Pire l’insécurité s’est étendue sur le centre du pays, avec tous les jours son lot de morts.
Aujourd’hui encore, le processus de révision constitutionnelle défraie la chronique. Cette affaire, dont certains en ont fait un fonds de commerce politique, ne devrait pas nous divertir. Le Mali est par excellence un pays de dialogue. Cette valeur est la condition sine qua non qui a toujours permis à notre pays de relever les grands défis. Qu’est ce qui n’a pas marché ? Le Président de la République a bien compris cela et d’ailleurs c’est pour cela qu’il a décidé le report du referendum, initialement prévu pour le 9 juillet. Ceux-là qui exigent l’annulation pure et simple du projet de révision ou qui réclament le départ du Chef de l’Etat doivent savoir qu’entre le dialogue républicain et la division stérile, « il ne faut pas jeter l’eau du bain avec le bébé ».
En vérité, dans le projet, il faut reconnaitre quelques avancées significatives en certains points, mais également des reculs comparativement à la constitution de 1992. Pourquoi ne pas nous retrouver autour de la table pour discuter des points qui semblent fâcher.
La retrouvaille entre les différentes parties signataires de l’Accord à l’occasion de son deuxième anniversaire a permis de mesurer les avancées et de réfléchir sur les points de blocage. En cette circonstance, le Chef du Gouvernement, Abdoulaye Idrissa Maïga, a insisté sur la participation effective et sincère de toutes les parties signataires afin que le nouveau chronogramme soit respecté. En effet, malgré des avancées significatives, force est de reconnaitre que la mise en œuvre de l’Accord traine à cause de l’inconstance des groupes armés, qui soufflent au même moment le chaud et le froid. Très souvent, les leaders des groupes armés reviennent sur ce qu’ils avaient convenu avec les autorités de notre pays et des représentants de la communauté internationale. Conséquence, c’est toujours un éternel recommencement où les parties s’accusent mutuellement. C’est pourquoi, le retour de l’administration, des déplacées et réfugiés maliens, et le redéploiement de l’armée dans les zones anciennement occupées, peinent à voir le jour. Qui bloque donc la mise de l’Accord ? En tout cas, force est de constater que quelque part, il y a un certain manque de sincérité dans le respect des engagements pris. Ayant compris que personne d’autre ne viendra faire le Mali à notre place, le Gouvernement du Mali, acteur principal du processus, avec l’arrivée du nouveau Premier ministre, a renouvelé sa détermination à ne ménager aucun effort pour faire avancer les choses. L’heure est à la vérité. Pour ce faire, la communauté internationale, doit davantage jouer le rôle qui est le sien tout en traitant les parties avec impartialité.
Jean Goïta
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Source: La Lettre Du Peuple