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Débat du mouvement trait-d’union sur la révision constitutionnelle : “La crise autour de la révision constitutionnelle est une crise entre les sortants de l’Ensup, de l’Ena et de l’IPR de Katibougou”

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Présidé par la maire de Goundam, Mme Seck Oumou Sall, le mouvement Trait-d’Union continue d’organiser ses conférence-débats pour informer les Maliens sur la révision constitutionnelle afin de leur permettre de prendre part au débat. C’est ainsi que Trait-d’union a organisé sa 3e conférence-débats le jeudi 29 juin 2017 au Grand hôtel sur le thème “Contribution à la compréhension de la loi portant révision de la Constitution de 1992 “. Cette conférence était animée par le ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, Me Kassoum Tapo, Pr. Abdoulaye Niang,  (économiste), Sidi Aly Ould Baya (société civile) et Ben Chérif Diabaté (communicateur traditionnel).

Définissant le contexte de cette conférence-débat, Mme Seck Oumou Sall  (Coordinatrice du Mouvement Trait-d’union) dira que la révision constitutionnelle est une préoccupation majeure qui concerne tous les Maliens car le projet de loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992 continue de susciter un intérêt profond de la société malienne dans toutes ses composantes. “C’est dans cet esprit que notre mouvement Trait-d’union a initié une série de conférence-débats pour permettre aux Maliens de mieux comprendre les enjeux de la loi portant révision constitutionnelle du 25 février 1992 et ainsi susciter un débat critique autour de ce projet de texte. Les divergences, les contradictions sont inhérentes à la vie en société et participe souvent à la consolidation de la gouvernance et au renforcement du projet démocratique.  Car, dit-on, c’est de la contradiction que jaillit la lumière, inhérente à notre marche commune vers un avenir radieux.  Il est important que les divergences d’opinions et les incompréhensions puissent être  débattues de façon démocratique pour aboutir à un jugement objectif sur le projet qui va consolider notre démocratie. Dans cet exercice, le peuple doit exercer son droit à l’information, notamment d’être informé sur cette question fondamentale. Les conférences de Trait-d’union permettront aux conférenciers  de croiser les regards sur la révision constitutionnelle”, a-t-elle dit dans ses propos liminaires, tout en espérant que l’issue des débats puisse permettre aux Maliens de se faire une idée objective sur la question de la révision constitutionnelle qui est fondamentale pour la nation.

Dans son intervention, le ministre Khassoum Tapo demandera de dépassionner le débat sur la révision constitutionnelle afin de le ramener à sa juste dimension. Tout en rappelant l’historique de la révision de la Constitution qui a commencé sous les régimes des présidents Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré  dont les projets, selon Me Tapo, ne sont pas différents de celui initié par le président IBK. “ S’il y a eu les deux tentatives d’Alpha et d’ATT, c’est qu’il y a un besoin de révision constitutionnelle. IBK veut réviser la Constitution pour la mise en œuvre de l’Accord de paix issu du processus d’Alger. Qui peut dire qu’il n’est pas d’accord avec l’Accord de paix ? Et pour l’appliquer, il faut passer par la révision constitutionnelle qui est une urgence et qui ne touche ni à la durée du mandat présidentiel ni au nombre de mandats. Et il ne s’agit pas de faire une nouvelle Constitution ni de changer de République”, a-t-il argumenté, avant d’ajouter que le Mali s’est inspiré de la Constitution française de 1958. “La réalité politique veut que le président de la République détermine la politique de la nation. Pour cela, il est normal que le président nomme le président de la Cour constitutionnelle et de la Cour suprême  pour la stabilité de ces institutions”, a-t-il ajouté.

Les vérités de Sidy Aly Ould Baya: “Aujourd’hui, la révision constitutionnelle n’est pas une priorité”

Représentant la société civile, Sidy Aly Ould Baya a pris le contrepied de Me Tapo en lui assénant ses vérités. Il a laissé entendre que le projet de révision constitutionnelle n’est pas une priorité aujourd’hui. “Il est bon que les Maliens puissent se retrouver autour de l’essentiel, et l’essentiel, c’est que les gens puissent se retrouver pour discuter, échanger pour pouvoir sortir le pays de l’ornière. Nous avons une vision pour le Mali. Nous avons constaté depuis lors que l’élaboration du projet de révision constitutionnelle a créé beaucoup de remous avec deux camps opposés. Nous estimons aujourd’hui que cette révision constitutionnelle n’est pas une priorité pour les Maliens pour la simple mesure que, aujourd’hui, et cela n’est un secret pour personne, tout le monde sait ce qui se passe à Bamako et ailleurs au Mali en ce qui concerne les besoins économiques. L’idée de la révision constitutionnelle doit être remise à plus tard. Et la Constitution ne doit pas être obligatoirement révisée car le contexte actuel ne permet pas d’aller à la révision constitutionnelle. Chaque Malien doit être libre de donner son avis sur cette révision constitutionnelle sans pouvoir être étiqueté. Il faut qu’on puisse créer les conditions de pouvoir dire ce que les uns et les autres pensent sans pouvoir être taxé d’un camp. Et c’est ce qui est en train de biaiser présentement le débat démocratique et le débat politique. Avec tout ce qui est en train de se faire, de se passer, on constate qu’il n’y aura ni de gagnant ni de perdant.  Malheureusement, c’est le Mali qui va perdre. Et si l’Etat fait du forcing pour aller au Référendum, je pense que la Constitution sera entachée. Et s’il y a du bruit autour de cette révision constitutionnelle, il faut se poser les questions de ce qui ne va pas ? Et pourquoi les gens font du bruit aujourd’hui autour de cette révision constitutionnelle ? C’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Il ne faut pas se voiler la face, il faut qu’on puisse avoir le courage  de se regarder en face et échanger. Quand quelqu’un parle, il est diabolisé, traité “d’aigri” tout simplement parce qu’il dit ce qu’il pense. Personne n’est ” aigri”. Si on ne se dit la vérité entre nous, on va la dire ailleurs. Et je pense qu’il est important que les Maliens se retrouvent pour se parler de vive voix parce que c’est du Mali qu’il s’agit. Les gens ne doivent voir que l’intérêt du Mali. C’est ce qui est l’essentiel, c’est ce qui est important”, a-t-il dit.

Comme à l’accoutumée, le Professeur Abdoulaye Niang qui se dit économiste fera cette fois-ci l’éloge du président IBK, de lui-même et de son association Djogo ni maaya. Ce qui a poussé le modérateur à le cadrer par rapport au thème. Enervé, il indiquera qu’il faut faire le référendum pour changer la Constitution. “La logique veut qu’on change la Constitution de 1992. Car depuis 2016, avec la création des nouvelles régions, le Mali est devenu des Etats-Unis du Mali. Et la 4e République est une obligation. La même autorité qu’on a donnée à Kidal doit être donnée à Kéniéba. Il y a une intention frauduleuse. Les autorités n’ont pas dit toutes les vérités aux Maliens. Avec la révision constitutionnelle, nous serons dans la 4e République. Si Kéniéba devient une République, c’est le président de Kéniéba qui déterminera la politique à Kéniéba. Le bonheur est dans la nouvelle Constitution. Kidal a sa souveraineté. Et merci à Kidal d’avoir créé la crise qui va sortir le Mali de la crise”, a-t-il laissé entendre.

Ben Chérif Diabaté dira que la révision constitutionnelle est une bénédiction pour les Maliens. Il soutiendra qu’il n’y aura jamais consensus sur cette révision constitutionnelle qui se trouve être une œuvre humaine, donc imparfaite. “Mais nous devons être d’accord sur l’essentiel pour la stabilité du Mali, pour la paix au Mali. Ceux qui sont à l’opposition aujourd’hui étaient au pouvoir hier. Il est important de dire la vérité en vue de la construction du Mali. La révision constitutionnelle n’est pas faite pour IBK qui va faire son temps avant de partir”, a-t-il souligné, avant d’accuser les intellectuels maliens d’être à la base de la tension.  “La crise autour de la révision constitutionnelle est une crise entre les sortants de l’Ensup, de l’Ena et de l’IPR de Katibougou “, a-t-il dit.

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Siaka Doumbia

Source: Aujourd’hui-Mali

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