Quelque 2.000 Maliens ont manifesté samedi à Bamako contre le projet de révision de la Constitution, à la veille d’un sommet du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad), en présence du président français Emmanuel Macron.
Cette manifestation, non autorisée, officiellement en raison du sommet de dimanche et de l’état d’urgence, a réuni moins de participants que les précédentes, selon les correspondants de l’AFP.
Sur les banderoles on pouvait lire: « Touche pas à ma Constitution », « Non, c’est non », ou encore « Non au référendum ». Parmi les manifestants, en casquettes et tee-shirts rouges, beaucoup tenaient en main des cartons rouges.
La semaine dernière, le collectif « Touche pas à ma Constitution » a réclamé le retrait du projet, malgré le report sine die du référendum, initialement prévu le 9 juillet.
Cette révision, la première depuis 25 ans, vise notamment à mettre en oeuvre certains engagements de l’accord de paix signé en mai-juin 2015 entre le gouvernement et l’ex-rébellion à dominante touareg du nord, et prévoit la création d’un Sénat et d’une Cour des comptes. Mais ses détracteurs lui reprochent de conférer trop de pouvoirs au président.
« Une bonne partie du Mali est occupée. C’est plus urgent de libérer le pays que d’organiser ce référendum », a déclaré à l’AFP, Moussa Keïta, du mouvement « Trop c’est trop », en référence à la présence jihadiste dans le nord et le centre.
Plusieurs dirigeants de l’opposition ont participé à la manifestation, dont les anciens Premiers ministres Modibo Sidibé et Zoumana Sacko, ainsi que des syndicalistes.
« Nous sommes venus encore une fois demander le retrait du projet de référendum. Il y a plus urgent », a déclaré à l’AFP la présidente du collectif « Touche pas à ma Constitution », Sy Kadiatou Sow.
Ousmane Diallo, jeune chômeur, a expliqué à l’AFP la faible affluence par le fait que que le « pouvoir a découragé les Maliens de participer à l’événement » en n’autorisant pas le rassemblement, qui s’est déroulé sans incident ni présence des forces de l’ordre.
Le précédent scrutin au Mali, les élections municipales, avait dû être reporté à plusieurs reprises, pour finalement se tenir en novembre 2016 sur une partie seulement du territoire en raison des violences dans le pays.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature de l’accord de paix. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud et le phénomène gagne les pays voisins.
Avec AFP
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