Sous la houlette du président français, un ambitieux programme visant à éradiquer les germes du jihadisme vient de voir le jour.
On s’est beaucoup moqué des 8 millions d’euros promis d’ici à la fin de l’année par Emmanuel Macron, le 2 juillet à Bamako, comme contribution à la nouvelle force conjointe G5 Sahel (FC-G5S), sous forme de 4×4 tactiques ou de matériel de transmission. Une goutte d’eau comparée aux 423 millions d’euros jugés nécessaires par le président Ibrahim Boubacar Keïta pour équiper et entretenir 5 000 combattants antiterroristes dans les cinq pays.
On a moins commenté sa promesse, autrement importante, de confier à l’Agence française de développement (AFD) le soin de financer en cinq ans pour 200 millions d’euros de projets destinés à combattre les facteurs qui font le lit du terrorisme : carences administratives, désœuvrement des jeunes, paupérisation des populations rurales, démographie galopante, inégalités, etc. Baptisé Tiwara du nom du masque cimier en forme d’antilope qui symbolise la fertilité chez les ethnies bambaras, dogons et bozos, ce programme s’ajoutera aux projets en cours de l’AFD et devrait être financé grâce à la taxe sur les transactions financières française.
39 millions d’euros pour des actions à impact immédiat
Dès 2017, il s’agira de dépenser 39 millions d’euros dans des actions à impact immédiat : par exemple, l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base dans le nord et le centre du Mali (Gao, Kidal) et à la zone frontalière Burkina-Mali-Niger (Fada N’Gourma), le renforcement de la sécurité alimentaire dans l’est du Burkina, un appui à la transition démographique (contrôle des naissances) au Niger ou la formation des jeunes adaptée aux besoins des entreprises locales. Moins affectée par le terrorisme, la Mauritanie n’en profitera qu’à partir de l’année prochaine.
Tiwara se veut « agile », c’est-à-dire que l’AFD réorientera ses actions en fonction de la situation sur le terrain. Conçu sur une logique pluriannuelle, le plan sera mis en œuvre avec le concours des autorités publiques, des sociétés civiles et des acteurs locaux, et fera l’objet d’un suivi-évaluation pour éviter une déperdition des énergies et des moyens.
Une alliance UE, BAD, Banque mondiale et Pnud
Le président français a aussi proposé une alliance en faveur du développement des cinq pays qui, outre la France, pourrait mobiliser l’Union européenne, l’Allemagne, la BAD, la Banque mondiale et le Pnud.
L’addition de leurs expertises, de leurs dons et crédits, procurerait une force de frappe antipauvreté à la mesure des maux sahéliens – dont on saisira l’ampleur en rappelant que les ONG humanitaires intervenant seulement au Tchad estiment à 480 millions d’euros les besoins vitaux de ce pays. À peine la moitié de cette somme avait pu être trouvée en 2016…