S’il y a l’essentiel à retenir depuis que l’Assemblée Nationale a adopté le projet de révision constitutionnelle initié par le Chef de l’Etat, c’est bel et bien ce climat de sérénité qui règne en faveur du texte entériné par l’Assemblée Nationale ponctué d’un élan de «Oui» au référendum qui profile déjà à l’horizon.
Dans son message de nouvel an 2017, le Président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta, avait bel et bien annoncé son intention de faire déposer sur le Bureau de l’Assemblée Nationale, dès l’ouverture de la session parlementaire suivante, un projet de loi portant Révision de la Constitution du 25 février 1992 en vigueur. Pour cause, le Chef de l’Etat a justifié cette révision par «les leçons tirées de la crise sécuritaire et institutionnelle qui a frappé en 2012 notre pays et déstabilisé nos institutions, les lacunes et insuffisances relevées dans notre Loi fondamentale tant par la Cour Constitutionnelle que par les acteurs politiques et la société civile, la prise en compte des réformes prévues dans l’Accord pour la paix et la Réconciliation nationale» qui «constituent trois exigences qui rendent incontournable la révision de notre Constitution…».
En effet, le texte du document vise à faciliter la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger et, au-delà, à créer le Sénat qui est une seconde Chambre et la Cour des Comptes. Ce qui a suscité des vives réactions du côté de l’opposition parlementaire qui a mis des griefs.
Si le projet de révision de la Loi fondamentale est adopté par 111 voix pour, 35 contre et zéro abstention, elle n’a pas échappé aux critiques de l’opposition parlementaire qui voit en cette révision la violation de la Constitution de 1992. Mais, le Ministre de la Réforme de l’Etat et des Droits de l’Homme, Me Kassoum Tapo, et les Députés de la majorité présidentielle avaient bien signifié que l’intégrité territoriale n’est point remise en cause. Ainsi, ont-ils soutenu : «En la matière, il faut que le pays soit envahi par des forces étrangères. Tel n’est pas le cas, le problème au Mali est un problème entre Maliens».
La caducité de la Loi fondamentale de 1992
«Cette Constitution du Mali est l’une des plus stables, mais aussi des plus dépassées au monde», déclarait Mamadou N’Diaye, qui a expliqué que la Loi fondamentale malienne n’a pas subi de toilettage depuis son adoption en 1992, alors qu’une Constitution a besoin d’évoluer, de tenir compte de la matière constituante et de répondre aux nouvelles circonstances : l’Accord pour la paix, l’exigence de l’UEMOA de créer la Cour des Comptes, etc.
Des aspects militant en faveur de la révision
Si certains s’insurgent contre ce projet de révision constitutionnelle, il est d’une évidence incontestable que des mouvements et des actions militent énormément en faveur de ce projet présidentiel.
Entre autres aspects importants qui militent en faveur de la révision constitutionnelle, figurent la fin du nomadisme politique, la possibilité pour la diaspora malienne d’élire ses Députés et la création du Sénat. Le projet de révision constitutionnelle ne remet pas en cause les acquis démocratiques, le principe de l’intangibilité, de l’intégrité du territoire national et de la souveraineté nationale restent intacts. Idem pour son esprit républicain, démocratique et laïc.
Cette révision constitutionnelle sera une avancée historique pour adapter la Loi fondamentale aux réalités nouvelles et va permettre à notre pays de retrouver définitivement sa place dans le concert des nations.
Des meetings de la Plateforme «Oui, An Son Na»
Composée de plus de 200 associations, la Plateforme «Oui An Son Na», favorable à la révision constitutionnelle en cours au Mali, mène des actions autour du but initial, des enjeux réels et de l’objectivité du contenu de la révision constitutionnelle. Après une série de conférences de presse d’information, d’explication et de sensibilisation, ce fut le tour du Palais des Sports de Bamako, qui a refusé du monde le mercredi 28 juin dernier, d’abriter l’important meeting axé sur le lancement officiel de ladite plateforme. Des tribunes jusqu’à l’aire de jeu, tout est archicomble: jeunes, adultes, vieilles personnes (de tous les sexes), tous très engagés, venus participer au lancement de cette plateforme.
Sur les banderoles, le message est sans appel et sans équivoque : « Pour le Référendum constitutionnel, la jeunesse malienne se mobilise » ; «Pour le Mali, les Maliens se rassemblent » ; «Pour l’avenir du Mali et du devenir des Maliens, nous restons déterminés », «Pour la fin du terrorisme au Mali, je vote Oui » et « Pour la paix et la réconciliation nationale, je vote Oui ».
Devant des milliers de personnes, le Président de la Plateforme «Oui, An Son na », le porte-parole de la plateforme, Mamadou N’Diaye et le Secrétaire Général Youssouf Guindo ont fait comprendre que les griefs des partisans de la Plateforme «Non, Antè A Bana » contre la révision constitutionnelle et contre le pouvoir du Président de la République ne sont, en réalité, que les dispositions contenues dans le projet de révision constitutionnelle du 2 août 2011, voté par les partis politiques d’alors, aujourd’hui membres de la plateforme du Non. Pourquoi cela pose de problème aujourd’hui ? Pourquoi étaient-ils prêts à aller aux élections couplées présidentielle et référendaire d’avril 2012 alors qu’Aguelhok et Tessalit étaient tombés ? Se sont-ils interrogés objectivement.
Ces diatribes des opposants à la révision constitutionnelle ne relèvent que des calculs politiciens.
Des marches de soutien
Pour sensibiliser beaucoup plus les populations de l’intérieur du pays, la Plateforme «Oui, An Son Na » a mis le cap sur les Régions. Ainsi, une importante délégation de la plateforme a été reçue, le jeudi dernier, à Mopti, la Ve Région, au centre du Mali. Accueillis à bras ouverts, la délégation a tenu un gigantesque meeting dans un amphithéâtre de l’alliance franco-malienne, archicomble.
Plus de deux heures d’horloge, les Responsables de la plateforme ont expliqué aux populations, massivement sorties, le fondement de la nouvelle constitution pour l’avenir de la Nation malienne tout entière. Ces derniers ont désintoxiqué les citoyens des mauvaises intentions véhiculant l’autorisation de l’homosexualité par le projet.
Tombouctou aussi s’est fortement mobilisée
Après le meeting de Gao, c’est presque tout Tombouctou qui a tenu une grande marche de soutien à la révision constitutionnelle. Plusieurs autochtones de tous les âges, encadrés par les forces de l’ordre, ont dit oui à la révision et au référendum. De la place Sankoré au Gouvernorat de la Région en passant par la Foire-Yobou, les marcheurs scandaient: «Je vote oui au référendum pour mettre fin à la transhumance politique et l’intégration de la diaspora dans la prise des décisions ». Une motion de soutien a été remise sur place au Conseiller CAEF du Gouverneur.
Au regard de ces faits et actions en faveur de la révision constitutionnelle, tout porte à croire qu’à l’issue du référendum qui pointe à l’horizon, puisque la Cour Constitutionnelle a débouté l’opposition en jugeant constitutionnelle le projet de révision, le Oui passera à coup sûr. Et cela se fera sous le nez et la barbe de tous ceux qui s’agitent depuis l’annonce de cette réforme constitutionnelle par le Chef de l’Etat.
Cyril ADOHOUN
Révision constitutionnelle Oui mobilise
Source: L’Observatoire