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Propos déplacés contre l’Afrique: Macron sur les traces de Sarkozy

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En marge du G20, le président français a livré sa vision du sous-développement de l’Afrique. Selon lui, l’aide économique ne sert à rien, car le problème du continent serait avant tout d’ordre démographique : les Africaines font trop d’enfants.

Réunis, pour la 12e fois, à Hambourg, les 7 et 8 juillet 2017, sous la présidence de la chancelière Angela Merkel, les 20 leaders du monde (G20), ont planché sur les questions essentielles en vue de réguler le nouvel ordre mondial. Il s’agit du terrorisme, l’économie mondiale, le commerce mondial, le climat, l’énergie, le développement durable, l’autonomisation des femmes et le partenariat avec le continent africain.

Cette année, l’Afrique a été invitée à travers l’Union africaine et le Nepad. En outre, le 12e sommet du G20 d’Hambourg s’est particulièrement intéressé au partenariat avec le continent africain.

Interrogé lors de sa conférence de presse, en marge du G20, le 8 juillet dernier, sur la question du développement de l’Afrique, le président français a eu quelques mots propres à la controverse sur la natalité africaine. Selon lui, le problème majeur du continent africain n’est pas économique, ni écologique ou politique, mais démographique.

«Le défi de l’Afrique, il est civilisationnel aujourd’hui», a déclaré Emmanuel Macron. Identifiant plusieurs facteurs de trouble, comme les «Etats faillis ou les transitions démocratiques complexes» dans certains pays africains, le président français a toutefois jugé que ceux-ci étaient secondaires.

« Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien ». Pour le chef de l’Etat français, le développement de l’Afrique sera donc impossible tant que les femmes du continent continueront à avoir, comme il l’affirme, de nombreux enfants.

Les femmes africaines seraient-elles responsables du sous-développement de l’Afrique ? C’est ce que semble penser Emmanuel Macron pour qui le sous-développement de l’Afrique est lié à un lien particulier, celui relatif à la femme et aux nombre élevé d’enfants qu’elle engendre.

Entre ce discours défaitiste du français et celui qu’il a prononcé, à Gao, exigeant de l’Algérie une plus grande implication dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, il y a deux hommes politiques distincts, guidés, pour l’un par un pragmatisme réel, et pour l’autre par un aveuglement qui n’a d’égal que cet autre discours de cet autre président français, Nicolas Sarkozy à Dakar, quand il a dit sans sourciller que le problème de l’Afrique était que l’homme noir n’était pas entrée dans l’histoire.

A Hambourg, lors du sommet de G20, Emmanuel Macron a sans doute emboîté le pas à Nicolas Sarkozy, donnant nettement dans la démesure et l’ivraie. Comme à Dakar, les propos d’Emmanuel Macron frôlent l’irrespect face à l’intelligence africaine. En donneur de leçon, à la trempe du président Sarkozy, Emmanuel Macron apparaît comme le défenseur d’une civilisation occidentale, qui se veut référentielle, et qui exige à « des rétrogrades » qu’ils se mettent dans les rangs.

Sur ce registre, on ne reconnait plus en lui cet homme politique français qui a eu le courage politique et moral d’assimiler, la colonisation à un crime contre l’humanité.

Du candidat au président, une mue profonde s’est opérée en l’homme. C’est ce que l’on voit à travers ce nouveau discours défaitiste sur l’Afrique qui fait davantage penser à Nicolas Sarkozy pour qui le péché originel de l’Afrique, c’est de n’être pas assez entrée dans l’histoire. Sur le même ton, Emmanuel Macron nous dit que le problème africain est « civilisationnel ».

Et par déficit de civilisation de la part des Africains, il entend le taux de fécondité élevé. Pour Macron, les Africains seraient pauvres, misérables et éternellement à la queue du peloton parce qu’ils font trop d’enfants. Surréaliste de la part d’un homme d’Etat porteur de grands défis de développement.

Ce problème que le président français identifie, comme à la fois « profond », et « ultime », fait que, selon lui, aucune aide au développement ne saurait sortir l’Afrique de sa léthargie actuelle.

La sentence est à la fois cruelle et injuste. D’autant plus injuste qu’en réalité, le taux de fécondité en Afrique, comme l’indiquait la Banque mondiale, en 2016, est de 5 enfants par femme, et non comme il le dit, 7 à 8 enfants par femme.
Est-ce à dire que Macron est à contre-courant des agrégats mondiaux, en s’attaquant à l’Afrique ?

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Par Mohamed D. DIAWARA

Source: Info-Matin

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