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Il faut le dire… Ras Bath, un épiphénomène ?

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Décidément, Mohamed Bathily alias Ras Bath a défrayé la chronique la semaine dernière. Revenu de sa tournée européenne, il est entré en triomphe à Bamako, mobilisant plusieurs centaines de milliers de ses partisans.

Programmée ou fortuite, sa participation au meeting de la Plate- forme  Antè Abana a été d’un grand plus pour les partisans du non à la réforme constitutionnelle, en terme de mobilisation populaire, ce jour- là.  Seulement voilà, un mouvement spontané est souvent comme un ballon de baudruche. Il enfle, enfle, puis éclate. Ces mouvements font appel aux émotions de leurs membres plutôt qu’à leur raison. C’est pourquoi les politiques se méfient de mouvements spontanés. Car ils sont pour la plupart des cas incontrôlés, sans stratégie et limités dans le temps. Pour les hommes politiques, c’est souvent un instrument pour atteindre un objectif, à une étape donnée de la conquête du pouvoir.

Qu’en est-il du phénomène Ras Bath ? Car il faut le dire, il s’agit bien ici d’un phénomène né au sein d’une jeunesse sans repère, laissée à elle-même, accro des réseaux sociaux. Cette jeunesse communique surtout avec les instruments des nouvelles technologies que les aînés ne maîtrisent pas. C’est comme si on avait à faire à deux mondes qui vivent ensemble mais qui ne communiquent pas entre eux. Les aînés ne comprennent pas les jeunes ; ils les trouvent effrontés, pervers, drogués etc. Cette fracture générationnelle est patente même dans les campagnes, car grâce aux NTIC la communication s’est démocratisée.

Contrairement au passé, les parents ne peuvent plus censurer les informations qui parviennent à leurs enfants. La chronique de Ras Bath qui passe dans une radio de proximité a une grande audience auprès des jeunes. Car Ras Bath exprime leur sentiment surtout lorsqu’il dénonce sans retenue les dérives des hommes politiques et même religieux avec un langage très cru, leur langage.

Avec la mobilisation atteinte le jeudi 03 août, on pourrait se demander si ce n’était pas le pic de la parabole. Sans aucun autre projet que la dénonciation de ce qui se passe, il serait difficile de continuer à mobiliser continuellement tout ce monde, qui en a marre de la gérance gouvernementale et qui a trouvé dans les manifestations un lieu d’exutoire à leurs stress et à toutes leurs frustrations.

Les autorités ont bien compris et ont laissé faire, bien que dans leur désir de porter leur idole en triomphe, ils aient perturbé la circulation, « pris en otage Bamako » selon les mots d’un confrère. Ce qui n’est pas normal, dans un état normal.

Un autre confrère, certainement un de ses admirateurs l’a qualifié de Lech Walesa malien. Ce qui, à mon sens est excessif car, Walesa appartenait à un organisme bien structuré le syndicat, le plus puissant  de son pays à l’époque et avait un objectif bien déterminé : le renversement du pouvoir en place. C’est dire que toutes les actions de Walesa entraient dans le cadre d’une stratégie bien pensée.

Alors, Ras Bath, épiphénomène ? Certainement, mais tout homme politique malien sensé ne peut ignorer ce nouveau phénomène enfanté par notre jeunesse et qui n’entre pas dans le canevas du combat politique formel, traditionnel. Et, s’il n’est pas canalisé, il pourrait déboucher sur une violence incontrôlée

Il faut dire Ras Bath épiphénomène

…sans rancune

Wamseru A. Asama

Source: Delta News

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