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Interview d’IBK à l’ORTM et tournée du RPM à l’intérieur : Le régime en déphasage avec la réalité du Mali profond

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La fin tant annoncée de la  crise consécutive à la révision de la constitution n’est, surement, pas pour demain ; tant le Président de la République et ses quelques obstinés et fervents soutiens du RPM ont la ferme volonté d’aller jusqu’au bout du processus, quel qu’en soit le prix. Pendant deux semaines, ils ont occupé l’espace politico-médiatique pour chercher à convaincre. Le hic est que ni l’interview d’IBK, encore moins la tournée en grande fanfare du RPM dans les régions, n’ont permis de convertir les adversaires du projet de révision ou même les indécis. Ont-ils encore d’autres tours dans leurs sacs pour persuader et rassembler le peuple autour de leur initiative ? 

Il ne serait nullement exagéré d’affirmer que le Président de la République fait partie des obstacles qui bloquent la sortie de crise consécutive au projet de révision de la Constitution du Mali. En tout cas, à en juger par  l’interview qu’il a accordée à l’ORTM, il semble  passé à côté de la plaque parce que les inquiétudes demeurent toujours. Aucune des questions préjudicielles avancées par le front du Non n’a été répondue et pour le Président de la République, cette révision s’impose pour les raisons suivantes : « Chacun sait que la question de la révision constitutionnelle au Mali est récurrente. C’est la troisième tentative. Les deux premières fois, il y a eu surtout le souci essentiel de conformation avec la gouvernance institutionnelle souhaitée au sein de l’UEMOA en ce qui concerne la création d’une Cour des comptes, laquelle création ne peut se faire que par voie référendaire. Nous avons également fait le constat qu’au sortir de l’Accord pour la paix et la réconciliation, il y a des attendus au plan institutionnel, notamment comment faire en sorte que certaines catégories et couches sociales puissent être dans la décision nationale, couches et catégories dont le concours s’est avéré utile dans la médiation intercommunautaire. C’est le cas des légitimités traditionnelles (chefferies et autres) que nous avons dû solliciter. Comment le faire ? La voie de la création d’un Sénat a paru la plus idoine pour ce faire. Pour beaucoup, cela devrait se faire dans le cadre d’un quota que le chef de l’Etat pourrait gérer à hauteur de souhait et avec des critères d’accord parties pour que les personnalités en question soient les plus représentatives possibles. Et également aussi voir certaines choses qui, au cours de l’application de la Constitution de 92, se sont avérées difficiles ou impossibles. »

Ces raisons n’ont jamais fait l’objet de contestation dans leur forme, même si le fond est sujet à caution pour ce qui concerne le mode de désignation des sénateurs. Nul besoin de rappeler que la pomme de discorde est l’article 118 relatif à l’intégrité du territoire. Comment comprendre que  dans un pays où les élus de la nation que sont les députés n’ont pas pu tenir de sessions de restitution et de compte rendu après l’adoption de la loi sur la révision constitutionnelle, même dans le centre et qu’ils ont fait venir des participants des autres régions jusqu’à Mopti ? Comment expliquer que  dans un pays où le Président de la République ne peut se rendre partout, sous prétexte de ne pas mettre en danger la vie des soldats, que l’on puisse faire fi de la réalité sur le terrain et vouloir y organiser un referendum ? Hier opposé au régime d’ATT, le parti d’IBK a saisi la Cour Constitutionnelle aux fins de donner un avis défavorable au processus de révision engagé par ATT, au motif que Tessalit avait été attaqué par le MNLA et qu’il y avait péril en la demeure.  Aujourd’hui, l’Etat malien  n’arrive pas à exercer son autorité sur les deux-tiers mais la Cour Constitutionnelle trouve à dire que l’insécurité est seulement résiduelle.

La tournée du RPM à Koutiala et à Kayes

Par cette tournée du RPM à Koutiala et à Kayes, la campagne référendaire semble désormais  ouverte et tout porte à croire que la réplique du camp du NON serait à la hauteur de la mobilisation de celui du Oui. Mais, en attendant cela, décryptons les deux meetings et la caravane à travers la ville de Koutiala. Dans la capitale de l’or blanc, les tisserands ont voulu faire une démonstration de force avec une imposante délégation ministérielle. Elle comprenait Mohamed Ag Erlaf, ministre de l’Education nationale, Hamadoun Konaté, ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Baber Gano ministre des Transports, Nango Dembélé, ministre de l’Agriculture. Il y avait en outre Ousmane Koné, ancien ministre et coordinateur de la CMP à Sikasso, l’honorable Mamadou Diarrassouba et le PDG de la CMDT Baba Berthé. A en juger par le meeting et la caravane, le constat a été que la mobilisation n’a pas été à la dimension de la taille de la délégation. Sinon, le meeting se serait tenu dans le stade Municipal de Koutiala et non dans une salle de spectacle. Dans les messages des animateurs, il n’y avait que des diatribes et  une redondance de ce qu’on a coutume d’entendre, à savoir l’opposition veut écourter le mandat d’IBK ; ce n’est pas un problème de révision, c’est IBK qui est visé ; personne n’aime le Mali plus qu’IBK. Ainsi, se trouve reléguer au second plan les griefs soulevés par le camp du Non. Si à Koutiala, la direction nationale du RPM a envoyé une grande délégation, à  Kayes, elle était moindre et les messages  restaient identiques à ceux diffusés dans la capitale du coton.

En somme, ni IBK ni ses partisans au sein de la CMP, ni ses camarades du RPM, ne semblent pas comprendre le ras le bol de la majorité des maliens qui se disent trahis par celui-là même pour lequel ils se sont fortement mobilisés pour le porter à la tête du Mali. Le front du Non est la résultante d’une crise de confiance consécutive à la non tenue des engagements pris par IBK face à son peuple.

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Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

Source: Inf@Sept 

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