Niangoro dit Ali Traoré a-t-il été victime de noyade ou aurait-il été tué ? En tout cas, c’est la question qui taraude les esprits au village Banazolé, une localité située à moins de 100 km de Bamako sur la route de Bougouni. Cependant, si la mort de Ali revêt une attention particulière, c’est dû au fait que son corps a été retrouvé dans un marigot situé dans un vaste champ (plus de 200 hectares) appartenant au président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam), Bakary Togola.
De quoi s’agit-il ? Selon les récits des villageois, cela fait environ deux ans que Niangoro dit Ali Traoré (NAT) garde un champ non loin de celui du président de l’Apcam, Bakary Togola.
“Ce mardi 1er août 2017, dans l’après midi, des bœufs appartenant à des peulhs et au président Bakary Togola sont rentrés dans le champ de Niangoro. Après avoir remis ceux des peulhs, il a pris soin également de conduire les troupeaux du président de l’Apcam jusque dans le vaste champ de ce dernier”, a introduit un connaisseur du dossier qui a voulu garder l’anonymat. Avant de poursuivre que même en cours de route, son employeur prendra sa position. A celui-ci, il a rétorqué qu’il se trouvait devant la cour de Bakary Togola et qu’il allait remettre les animaux à un certain Abou Togola qui en est le responsable. C’est aussitôt après cette conversation, poursuivra notre interlocuteur, que le téléphone du jeune homme a cessé d’émettre. “Il est resté injoignable durant de longues heures et cela a suscité des soucis et des interrogations au village. C’est en ce moment que son employeur a fait une déclaration à la gendarmerie de Ouéléssébougou, laquelle a mené des investigations dans le champ du célèbre Bakary Togola, sans suite.” Révèle notre source.
Cependant, s’il y a une chose dont les parents et l’employeur du défunt sont convaincus, c’est que le nommé Niangoro est bel bien rentré dans le champ du célèbre cultivateur et n’en est plus ressorti. Une thèse qu’aurait confirmée une épouse d’un des gardiens du président de l’Apcam, au moment des recherches menées sur le terrain.
Cette affaire, eu égard à la polémique et au tollé suscité lors de l’attribution de ces 200 hectares à Bakary Togola dans la zone, a pris une autre dimension car il nous revient que depuis ce bras de fer entre l’enfant de Niamala et une partie des habitants de Banazolé, ce domaine est devenu une forteresse où pour y accéder il faut montrer patte blanche. C’est partant de ce constat que les autres gardiens de champs à Banazolé ont voulu lever ce siège et mener leurs propres investigations à côté de la gendarmerie.
Finalement, c’est cinq jours plus tard que les gendarmes ont informé les parents de la victime que le corps d’un jeune homme sans vie a été retrouvé par un gardien du président de l’Apcam à la bordure d’une rivière qui traverse leur champ. Accompagné des sapeurs-pompiers et d’un médecin, les gendarmes ont fait le constat. De ce constat, il ressort que le corps de Niangoro était en état de putréfaction avancée. “Son visage était méconnaissable. Il a été identifié à partir de ses vêtements et de ses chaussures” a témoigné une autre personne.
Si la thèse de la noyade est privilégiée par la gendarmerie, pour la simple raison que son corps ne portait, au moment de sa découverte, aucun signe assimilable à des sévices ou une violence quelconque, cependant du côté des villageois et des proches du défunt, cette hypothèse de noyade est rejetée en bloc. Ils avancent la thèse d’une mort préméditée car, à les croire, Niangoro dit Ali Traoré aurait été victime des gardiens de Bakary Togola qui sont, selon eux, des demi-dieux dans ledit champ et auraient droit de vie ou de mort sur qui que ce soit dans ce domaine. Pour les proches du défunt, personne ne peut rentrer dans ce champ sans être suivi comme du lait sur le feu par les gardiens. “Donc il est impensable qu’il puisse aller se balader comme dans un marché et se noyer à leur insu” a conclu notre source.
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Kassoum THERA
Source: Aujourd’hui-Mali