Présent à Bamako pour une série de rencontres avec les autorités, la société civile, les autorités coutumières et religieuses, le directoire de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a rencontré la presse à l’issue de ses entretiens.
« La CMA compte trois composantes : le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et une aile du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Formellement, c’est Bilal Ag Acherif qui préside le mouvement, même s’il y a une présidence tournante.
Hier, il a rencontré la presse pour parler de l’actualité. Pour nous, nous ne sommes même pas à l’étape de la mise en œuvre de l’accord. Les choses bloquent déjà au niveau de la mise en confiance. Nous sommes loin de la paix, a fortiori de la réconciliation qui est l’épilogue du processus. Le processus de paix est global. On se focalise sur Kidal, alors que ça va au-delà de Kidal. On focalise tout sur Kidal juste pour distraire le peuple malien.
Si on prend les examens de fin d’année, cette année, au DEF, Kidal a fait mieux que d’autres régions. Certains centres n’ont même pas pu faire les examens ! Evitons de tout mettre sur Kidal et de prendre le peuple en otage.
Nous ne savons pas pourquoi le processus bloque. Sinon, nous avons dit au gouvernement, à l’Imam Dicko… que les Fama peuvent venir. Nous ne sommes pas des extraterrestres. Cependant, il faut que l’Etat fasse la différence entre ses propres décisions et celles de ses milices.
Notre crise au Mali ne peut pas se régler par une solution militaire. Il faut les aspects politiques et institutionnels. Notre problème avec le gouvernement ne peut se régler que par le dialogue.
Il était effectivement prévu que l’armée et le gouverneur viennent à Kidal en juin. Juste avant la date, la milice est venue encercler la ville, avec visiblement pour objectif de saborder le processus de paix. Dans ces conditions, peut-on avoir confiance ? Nous n’admettons pas cette situation, car elle ne débouche que sur une confusion.
Nous avons accueilli des ministres à Kidal. Alors, pourquoi pas un gouverneur ? Ce n’est pas à nous d’amener des gens par force. En tout état de cause, nous n’accepterons plus que Kidal soit un objet de chantage.
En plus, nous ne sommes pas d’accord que l’on dise que l’on révise la Constitution pour prendre en compte des aspects de l’accord. Le projet ne prend pas en compte l’accord. Nous ne nous reconnaissons pas dans ce projet de révision constitutionnelle.
Depuis 2014, le Gatia ne fait que changer de nom, mais, c’est une milice qui est là depuis. Il ne faut pas oublier que le Mali est en transition ».
Propos recueillis par
Alexis Kalambry
BILAL AG ACHERIF Président CMA focalise Kidal distraire peuple
Source: Les Echos