Les ONG veulent faire le travail que les États sont censés faire, alors qu’elles n’ont pas le droit d’imposer leur volonté à un État souverain comme la Libye. Elles n’ont pas à être dans nos eaux.
« Malheureusement, les ONG veulent faire le travail que les États sont censés faire, alors qu’elles n’ont pas le droit d’imposer leur volonté à un État souverain comme la Libye. Elles n’ont pas à être dans nos eaux », martèle-t-il.
Confrontation tendue au large de la Libye
Cette fermeté, Proactiva Open Arms, une ONG espagnole portant secours aux migrants, en a fait l’expérience mardi 15 août. Le Golfo Azzurro, son navire déployé en Méditerranée, s’est retrouvé directement confronté aux garde-côtes libyens alors qu’il se trouvait à environ 45 kilomètres des côtes libyennes.
C’est-à-dire en plein dans la fameuse zone SAR revendiquée par la Libye, qui s’étend jusqu’à 185 kilomètres au large de ses côtes. Pendant près de deux heures, le navire de l’ONG s’est retrouvé confronté aux garde-côtes libyens, qui exigeaient le départ du navire de la zone d’exclusion.
« Ils menacent d’ouvrir le feu si nous ne mettons pas le cap vers leurs eaux territoriales, c’est une séquestration en bonne et due forme », avait alors écrit sur Twitter Oscar Camps, responsable des opérations de l’ONG. Après l’incident, Proactiva Open Arms a annoncé mettre fin à ses opérations dans cette zone, comme d’autres ONG l’avaient fait quelques jours plus tôt.
« Quand on s’est adressé à cette organisation espagnole, c’était comme si nous étions en Espagne et non pas en Libye, et ceci est regrettable », explique Ayoub Kassem. Lors de la confrontation avec le bateau de l’ONG, les garde-côtes libyens étaient « vraiment capables de l’obliger à se diriger vers la base maritime de Tripoli, pour soumettre l’équipe à des interrogations et pour que la justice qui se charge de la suite », affirme le porte-parole de la marine libyenne.
Il estime par ailleurs que, par le passé, les autorités ont « donné une grande chance à ces organisations. Combien de fois nous les avons trouvées, dans nos eaux territoriales ? »
Quand on s’est adressé à cette organisation espagnole, c’était comme si nous étions en Espagne et non pas en Libye, et ceci est regrettable.
Vers un code de conduite libyen
Mais désormais, le temps des « avertissements » semble passé. « Nous leur avons adressé des avertissements, nous allons appliquer la circulaire. Si les bateaux des ONG disparaissent, la migration en mer disparaîtra aussi », affirme Ayoub Kassem.
Les autorités libyennes annoncent également la publication prochaine d’un « code de conduite ». « Ceux qui respecterons les droits libyens – et c’est une obligation – devront se coordonner avec nous en contactant les autorités concernées », insiste Ayoub Kassem.
Mais déjà, il prévient les ONG que l’obtention d’un permis de sauvetage en zone SAR sera difficile à obtenir : « Vous n’allez pas pouvoir travailler vraiment au plus près des eaux territoriales, parce que votre absence est la seule garantie pour diminuer le flux migratoire, pour diminuer les victimes parmi les migrants. »
La marine libyenne, désormais seule à mener les opérations dans cette zone, a annoncé ce jeudi 17 août avoir porté secours à 106 personnes qui se trouvaient à bord d’un bateau pneumatique à 20 miles de la ville de Khoms, à 70km de Tripoli. Parmi eux, il y avait six femmes et deux enfants.
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Source: RFI