Les concertations initiées sur la révision constitutionnelle par le Président IBK, depuis une dizaine de jours, viennent d’atteindre les familles fondatrices de Bamako c’est-à-dire les Niaré, Touré, Dravé et les leaders religieux. C’était le samedi 12 août 2017 à la résidence des Hôtes. Au préalable, il avait rencontré le vendredi 11 août 2017, une partie des forces vives de la nation à savoir les présidents, accompagnés des membres des bureaux des six chambres consulaires que sont la chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), l’Assemblée permanente des chambres de métiers du Mali (APCMM), la Chambre des mines (CM), le Conseil malien des chargeurs (CMC) et le Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR). Le Président IBK au cours de ces différentes rencontres a mis l’accent sur la nécessité de réviser la constitution afin de prendre en compte certaines dispositions de l’accord d’Alger imposé par la France au peuple malien. En plus depuis le Président Alpha jusqu’à ATT, il y a eu des tentatives pour réviser le texte de la constitution mais en vain. Pour IBK, cette fois-ci devrait être la bonne, du fait des engagements pris avec la Communauté Internationale. Voilà pourquoi, il tient à tenir son référendum constitutionnel, qui de surcroit est inopportun pour la majorité du peuple malien. Cette majorité pense qu’il faudra d’abord réunifier le Mali avant d’aller à un référendum fut-il exigé par l’accord d’Alger. Le constat est qu’il y a eu dès le départ dans cette affaire deux concepts de différents mais complémentaires pour aller à l’entente. Cette situation est normale, car elle aboutit au consensus, pour résoudre la question de la crise malienne. Depuis l’annonce des pourparlers avec les rebelles pour octobre 2014 à Alger, l’opposition malienne avait suggéré au Président IBK de tenir une assise nationale afin de dégager une poposition nationale sur ce que le peuple malien peut accepter ou pas lors des négociations à Alger. IBK a pensé que cette idée était un piège tendu à lui par l’opposition, et que les résultats de cette assise allaient le bloquer dans l’initiative de ses solutions personnelles. Il a donc rejeté cette proposition de l’opposition, en prétextant qu’il a fixé une ligne rouge à ne pas franchir. En réalité, cette ligne rouge n’existait même pas à plus forte raison de la franchir. Ce manque de dialogue a été le premier échec de la gouvernance d’IBK. Le projet d’accord soumis aux forces vives de la nation après les rounds d’Alger a reçu 13 pages d’observations pour lesquelles le Premier Ministre Modibo KEITA ancien Haut Représentant du Chef de l’Etat aux dites négociations s’était engagé à prendre en compte les dites observations. Mais à Alger pendant le dernier round, les 13 pages d’observations des forces vives ont été jetées à la poubelle à Alger sans aucun commentaire, de la part d’IBK. Cet acte a constitué le deuxième échec d’IBK dans sa gouvernance. Le troisième échec vient du fait, qu’il a fait parapher au Ministre Abdoulaye DIOP des affaires étrangères le document de l’accord immédiatement à Alger, sans consulter les 16 millions des maliens. Au même moment la CMA qui ne représentait qu’un soixantaine de milliers habitants au plus a refusé de parapher ledit document au prétexte qu’elle va se référer à sa base qui par la suite a refusé l’accord dans sa monture ancienne paraphé par l’Etat malien. La CMA a exigé et obtenu des amendements à l’accord et même un autre accord dit subsidiaire du 5 juillet 2017. Le quatrième échec, vient aussi du fait qu’IBK après avoir dit le 15 mai 2015 à Bamako, que les négociations étaient terminées, s’est vu contraint à aller signer un autre accord dit subsidiaire pour mettre la corde au coup de l’Etat malien. Ce second accord exclu l’autorité centrale de la gestion des zones de conflit et la confie aux groupes rebelles à travers des Autorités Intérimaires. Le cinquième échec est lié à son projet de réforme constitutionnelle qui suscite assez de débats actuellement. A travers ce projet, le peuple se trouve divisé entre les partisans du OUI et du NON. Ce que les partisans du ‘’NON’’ reprochent à IBK, c’est la violation de l’article 118 alinéa 3 de la constitution qui interdit toute révision constitutionnelle pendant que l’intégrité du territoire est violée. Pour les partisans du ‘’NON’’, il faudra faire pacifier le pays d’abord par cette Communauté Internationale qui lui en impose autant et qui l’oblige à aller à la révision de la constitution. IBK devrait dire à ses mentors de la France et de la Communauté Internationale de ramener la sécurité d’abord sur l’ensemble du territoire national avant de passer à une révision constitutionnelle. S’il ne le fait pas, c’est-à-dire qu’il n’est plus la solution pour un Mali dont les 2/3 et plus du territoire sont interdits à l’administration centrale. En réalité sur quel territoire et avec quelle population, IBK compte-t-il tenir son référendum se pose le camp du ‘’NON’’? Le Président IBK frappé de myopie politique n’a pas pu répondre à cette question jusque-là. Les dernières consultations faites le samedi 12 août 2017, avec les religieux dont le peuple commençait à se douter de leur comportement face aux intérêts des populations du centre, comme du nord, et les familles fondatrices de Bamako, ne laissent pas l’ombre d’un doute sur leur volonté de voir ledit référendum reporté sire die jusqu’à la pacification du pays qui est un impératif, et une priorité. Après cela on peut à une lecture consensuelle très approfondie du texte actuellement proposé. Cette option semble être la seule porte de sortie pour IBK, son gouvernement, et sa majorité présidentielle, déjà très bien fissurée sur la question. Sinon il devra choisir entre partir de lui-même ou le chao national. C’est en cela que je salue le courage des représentants des familles fondatrices de Bamako. Ils sont sur la ligne tracée par leurs prédécesseurs à savoir Diamoussandian NIARE, Sidi Mohamed TOURE, Diaguina DRAVE.
Intelligence politique Président IBK atteint myopie politique
Ivette GUINDO
Source: Le Carréfour