Enfin le moment du grand stress est derrière nous. Personne ne pouvait plus dormir que d’un seul œil, et cela est valable pour tous les passagers du navire Mali, qui a tant tangué. Les Maliens dans leur ensemble, des villes et campagnes, civils et militaires, politiques et religieux, de la Plateforme « An tè A Banna-Touche pas ma constitution », et du pouvoir, tout le monde a gardé une conscience aigue du danger supplémentaire qui nous guettait, au-delà de ce que nous ont réservé jusque là des terroristes de tout acabit, de l’intérieur comme de l’extérieur.
Cependant chaque Malien dans la position qui était la sienne, a certainement cru que celle-ci était la bonne, jusqu’au moment où les leaders religieux, les autorités coutumières et traditionnelles (familles fondatrices de Bamako, les Niaré, Touré et Dravé, accompagnées des gnamakalas) sont entrées dans la danse, pour tenir le bâton de la médiation. C’est la partie visible de l’iceberg et qui peut cacher d’autres précieuses initiatives, venues se greffer à celle des leaders religieux et des autorités coutumières pour créer la détente et les conditions d’une sortie honorable pour le Président IBK. A la faveur des concessions de part et d’autre, du président de la République et de la Plateforme « Antè A Banna-Touche pas ma Constitution », la formule magique a été de « surseoir à l’organisation du referendum constitutionnel… ». Et tout le monde s’en tire finalement à plus ou moins bon compte. La constitution est restée intacte, sauvée. Les manifestants n’ont pas été réprimés, au contraire, ils ont salué le repli stratégique du Président, au cours d’un grand meeting le samedi 19 aout.
Le Président IBK, après un dénouement heureux n’est pas autant malheureux que ça, l’issue de tels événements étant le plus souvent incertaine et défavorable au pouvoir démocratique. Les leaders religieux et les autorités coutumières s’en sortent renforcés dans leur rôle de couturiers, quand le tissu social est sur le point de céder. Les Maliens qui ne parlaient plus le même langage, les membres de la Plateforme et le Président de la République, sous la médiation des leaders religieux et des autorités coutumières, se sont assis et ont dit le Mali.
Le peuple malien lui a fait l’économie d’un référendum incertain, d’un projet mal emmanché de révision constitutionnelle. Tout cela dénote de la difficile marche vers la paix et la cohésion sociale. Ce fut un capital important d’enseignements, qui doivent être un ciment de conciliation et de réconciliation, pour un Mali uni.
Edito Dénouement heureux Mali uni
B. Daou
Source: Le Républicain