Les autorités tchadiennes précisent les raisons qui ont motivé la fermeture de l’ambassade du Qatar à Ndjamena. Derrière l’accusation de l’implication de Doha dans des « tentatives de déstabilisation du Tchad », c’est le chef rebelle Timan Erdimi, chef de l’Union des forces de la résistance (UFR), actuellement au Qatar, qui concentre la colère de Ndjamena. Le mouvement se défend pour sa part de toute participation de Doha à ses activités.
Ndjamena a annoncé mercredi 23 août la fermeture de l’ambassade du Qatar au Tchad et de celle du Tchad à Doha. Une mesure de rétorsion prise « en raison de l’implication continue de l’État du Qatar dans les tentatives de déstabilisation du Tchad depuis la Libye », justifie le communiqué du ministère tchadien des Affaires étrangères.
Selon des sources sécuritaires contactées par RFI à Ndjamena, c’est l’attaque contre une patrouille des forces armées tchadiennes, la semaine dernière près de la frontière libyenne, qui aurait conduit les autorités tchadiennes à prendre ces mesures. Les assaillants venaient de l’autre côté de la frontière et ont surpris les forces tchadiennes. Selon plusieurs sources à Ndjamena, les services tchadiens surveillent depuis plusieurs années la situation en Libye et dans le Darfour. Deux régions dans lesquelles sont réapparus des rebelles tchadiens défaits en 2009.
Il y a plusieurs semaines, le Tchad a demandé au Qatar d’expulser le chef rebelle Timan Erdimi, installé à Doha depuis fin 2009. Une demande qui n’a pas eu de suite. Hissein Brahim Taha, ministre tchadien des Affaires étrangères confirme, dans une interview accordée à RFI, que le cas du chef de l’Union des forces de la résistance (UFR) est au centre de cette brouille diplomatique.
« Le problème actuel avec le Qatar est un problème bilatéral. Ce n’est pas la poursuite de la crise diplomatique née dans le pays du Golfe », assure Hissein Brahim Taha.
« Le Qatar, avec ses alliés en Libye, cherche à déstabiliser le Tchad », martèle le ministre tchadien, qui affirme que Doha « protège M. Erdimi, qui est encore là-bas. Et M. Erdimi, bien sûr, continue de réunir ses hommes. Il le dit d’ailleurs ouvertement dans la presse, cela a été relayé, que l’UFR s’est réunie et qu’ils essaient de relancer la guerre au Tchad ».
« Nous pensons que le Qatar héberge une personne hostile à nous et qu’il le laisse bouger, faire des actes qui peuvent remettre en cause la stabilité au Tchad », déclare par ailleurs le ministre tchadien des Affaires étrangères.
L’UFR dément être aidé par le Qatar
Des accusations niées par l’UFR, dont le représentant en France, Youssouf Hamid, assure que le groupe dirigé par Tamin Erdimi n’est pas à l’origine de l’attaque de la semaine dernière à la frontière avec la Libye. « Je dément catégoriquement les accusations du gouvernement tchadien. Nous n’avons rien reçu du Qatar, pas un seul centime, pas un petit matériel. Rien. Rien du tout », déclare Youssouf Hamid à RFI. « Le Qatar héberge notre président, M. Timan Erdimi. Mais à part ça, il n’y a rien. M. Timan Erdimi n’a pas de relation avec les autorités qatariennes. »
Youssouf Hamid affirme par ailleurs que la présence à Doha de Timan Erdimi depuis 2009 est le fruit de négociations entre les autorités tchadiennes, le Soudan – que les autorités tchadiennes accusent d’être à l’origine de la création de l’UFR – et le Qatar.
« Les accusations de M. Déby et de son gouvernement sont des accusations fausses. En fait, M. Déby n’a pas le courage d’assumer directement, devant son peuple et devant l’opinion internationale, son marché obscur avec les Émirats [arabes unis] et l’Arabie saoudite pour rompre les relations diplomatiques avec le Qatar. Il cherche des arguments fallacieux pour justifier sa décision irresponsable », accuse par ailleurs ce représentant de l’UFR.
Le Qatar n’a, pour l’instant, pas officiellement réagi.
Tchad-Qatar Timan Erdimi rebelle tchadien cœur brouille diplomatique
Source: RFI