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IBK AN IV : Quand le manque de courage professionnel croise celui de la politique !

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La 4ème année au pouvoir du Président Ibrahim Boubacar Kéïta vient d’être célébrée dans un faste médiatique jamais organisé dans notre pays depuis l’avènement de la démocratie. A titre de comparaison, 30 à 45 minutes suffisaient à M. Alpha Oumar Konaré, soumis à des rouleaux de questions par trois ou quatre journalistes de divers horizons, pour faire le point du mandat en cours. Dans la forme, on sentait l’exhumation des vertus incarnées par la liberté de presse, le droit d’informer et la volonté politique du locataire de Koulouba, de restituer au peuple, de lui expliquer les enjeux qui cernent la vie nationale dans tous les domaines.

On sentait la touche de l’Universitaire, du Pédagogue, du Politicien pétri dans les luttes nationales de 1968 à 1991 pour un nouveau Mali. Le Bâtisseur d’une nouvelle ère émergeait de ses idées, de sa vision et le peuple savait à quoi s’attendre.

Nos confrères quittaient le gazon frais, sous le ciel étoilé du 08 juin de tous les ans dans une aire de Koulouba, les yeux pétillants du savoureux échange qu’ils avaient eu avec leur Président de la République.

Comparaison n’étant pas raison, et ne voulant pas suggérer la moindre équation d’égalité obligatoire entre les protagonistes différents du tout au tout, nous disons simplement que par rapport à lui-même (de l’interview donnée sur le maintien du référendum ou celle menée par le Directeur général de l’ORTM), l’on sent un léger mieux. L’interviewé affichait aisément et contentement et s’exprimait, la langue déliée. Sauf mauvais procès, nul ne saurait dire qu’il n’avait rien entendu, rien compris. Bravo, Monsieur le Président ! Mais, quand on a en face un journaliste ou un monsieur dans le style le plus obséquieux qui puisse exister de façon inconvenante pour la profession, il n’est pas difficile d’être serein et de transformer la partie en échanges entre amis ou parents.

En revisitant la séance sous toutes ses faces, des questions taraudent l’esprit :

– Quels étaient les objectifs fixés ? Etait-ce pour informer le peuple sur les quatre années de pouvoir alors que tous les ans l’opportunité d’éclairer la nation sur son état était faite ? Mais, que serait-ce alors le bilan en terme d’emplois productifs crées ? En terme de développement des secteurs de l’économie nationale à travers des statistiques, des volumes d’exportation et d’importation ? En terme de mieux-être alimentaire des ménages, de santé, d’éducation, etc. Comment les Maliens ont vécu le mois de Ramadan passé ? Le kilo du sucre ne valait-il pas les 600 F CFA ? Comment les Maliens se soignent-ils dans les hôpitaux, dans les centres de santé ? Combien d’écoles, de salles de classes ont été construites ? Que nenni !

Quatre ans, c’est la moitié de huit ans. De 1960 à 1968, le père de la Nation et son gouvernement ont crée une cinquantaine de sociétés et entreprises d’Etat, augmenté le taux de scolarisation de 8% à 18%, réussi une réforme du système éducatif, donné au pays un Code de la famille, instauré au nord du pays, malgré l’appui du pouvoir de Charles De Gaulle, la paix, l’intégrité du territoire.

De nos jours, il serait galvanisant pour le peuple de voir des réalisations de 2013 à 2017. Ce qui amènerait à penser que le nouveau Kéïta à Koulouba était bien sur les traces du premier Kéïta en ce lieu. Les circonstances qui prévalaient de 1960 à 1968 contre le régime de Modibo Kéïta, constamment rudoué par la France pour son appui au FLN algérien, pour la création de la monnaie malienne, pour l’expulsion des bases françaises, … avec la complicité de voisins aux ordres de l’ancien colonisateur, étaient plus âpres, plus ardues que celles que nous vivons maintenant. Donc, la faute de manque de réalisations pendant ces 4 ans ne serait pas imputable aux conditions que nous vivons.

Qu’il y ait des retards dans la conclusion des Accords avec la rébellion, cela n’est imputable qu’aux tenants de la force brutale, qui ne voulaient pas négocier ”le dos au mur”,, ”le couteau sur la gorge” et non à qui que ce soit.

L’échange amical avec le DG de l’ORTM s’est largement étendu sur de prétendues urgences, concoctées par le Président de la République, pour mettre le Gouvernement à proximité des besoins, des problèmes des populations. 89 milliards y ont été consacrés. C’était-là une information précipitée de façon impromptue. Car, à ce jour, la pauvreté, la famine, le manque d’eau potable jusqu’au cœur de la capitale, l’extrême avantage d’accéder à l’Energie si l’on a des appuis dans le régime, le bénéfice des routes bitumées désenclavant les zones de réelles productions à celles de grande consommation, la mise à disposition des engrais aux paysans (nous ne parlons pas de ceux dans les villages qui sont encore soumis à des techniques aratoires ancestrales). Tout cela est inconnu de la Nation et ce ne sont pas les quelques images portant sur quelques champs ça et là qui importent. Il faudrait du concret, des choses concrètes, des résultats probants, plus de réduction du chômage de diplômés, plus d’attrait pour les jeunes de rester au pays et non d’aller chercher fortune ailleurs.

Cela dit, l’objectif visé était de réussir un exercice de communication ayant vocation à soigner l’image de l’interviewé, donc à séduire le peuple. En lui reprochant délicatement de ne rien comprendre de lui-même ? C’est ce qui semble plus conforme au contenu de l’interview, aux questions posées en filigrane leurs réponses. De deux choses, l’une. Ou l’intervieweur prend son interlocuteur pour quelqu’un qu’il faut orienter dans ses réponses. Soit, les questions viennent de ce dernier en même temps que les réponses qu’il valide pour s’éviter une longue dissertation.

Dans tous les deux cas, l’exercice n’a pas su balayer les ressentiments des populations contre un homme en qui elles avaient eu confiance en 2013. Et qui emporté par les honneurs, les facilités que procure le pouvoir ou agonissant sous des diktats, des incitations qui le dépasseraient, a oublié qu’au terme du quinquennat, le peuple sera consulté de nouveau. La reprise en langues nationales de l’exercice de communication, si l’on se fie aux divers témoignages, agacerait les populations et ternit encore plus l’image des deux protagonistes.

Les questions oubliées relatives à l’état de santé du Chef de l’Etat, à ses voyages sans apport conséquent à la situation nationale, les somptueuses dépenses, les immixtions de parents et amis de la famille qui se passent à ciel ouvert dans le pays, l’expansion fulgurante de fortunes personnelles, le règne de l’impunité qui a même effrayé le Vérificateur général, le Pôle Economique, la CASCA des regards des observateurs, tout cela a tourmenté les esprits.

Et a contribué à éroder de façon dramatique l’image d’un homme et de son régime. Le parti dont il est le créateur a certes engrangé des adhésions qui ne sont d’ailleurs que de froids calculs d’intérêts, devrait-être le seul à qui il fallait poser la dernière question de l’interview. Maintient-il encore un soutien déclaré plus tôt par certains de ses responsables ?

IBK AN IV Quand manque courage professionnel croise celui politique

B.Koné

Source: Le Malien

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