Emmanuel Macron fait face ce mardi à la première mobilisation sociale de son quinquennat, avec des perturbations dans les transports dès le matin, avant les manifestations contre la réforme du Code du travail que le président est déterminé à mener à terme.
Entre 50 et 80% des lignes SNCF étaient assurées en banlieue parisienne, quand le trafic TGV était normal. Deux trains sur 3 circulaient sur le RER A et 1 sur 2 sur le B, tandis que les métros roulaient normalement.
Des perturbations étaient également signalées à Strasbourg. À Nice, aucun bus ni tramway ne circulait, une première depuis la mobilisation contre le CPE en 2006, selon la CGT.
Des camions de forains provoquaient également des embouteillages sur l’autoroute A13 et à Paris.
“Ce n’est pas une loi du travail, c’est une loi qui donne les pleins pouvoirs aux employeurs”, a critiqué Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, qui a dit sur France 2 attendre “du monde” avec près de 200 manifestations et 4.000 appels à la grève.
Plafonnement des indemnités prud’homales, fusion des instances représentatives du personnel dans les entreprises, réforme du compte pénibilité, place accrue pour l’accord d’entreprise…: ce projet reprend plusieurs promesses de campagne du président Macron.
Si pour le Medef et la CGPME, il va “déverrouiller la peur d’embaucher”, les syndicats y voient un texte “libéral” dans le prolongement de la très décriée loi travail.
Face à un front syndical désuni, le chef de l’État, qui sera au même moment dans les Petites Antilles dévastées par l’ouragan Irma, n’a pas l’intention de céder, “ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes”, une déclaration faite vendredi qui a déclenché l’ire de responsables syndicaux et politiques. Et qui rappelle celles, “à l’emporte-pièce de Sarkozy”, a raillé Laurent Berger, numéro un de la CFDT.
– “Nous tiendrons” –
L’enjeu est d’autant plus important pour M. Macron –qui espère que cette réforme va faire “gagner la bataille du chômage de masse”–, que l’exécutif envisage d’autres réformes sociales importantes dans les mois à venir: assurance chômage, apprentissage, formation professionnelle et retraites.
“Nous tiendrons”, a lancé le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, quand Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, a relevé que “le débat social ne se mesure pas seulement à la rue et à la manifestation”. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a refusé de s’avancer sur les conséquences de la mobilisation, jugeant que “ce n’est pas le sujet”.
La séquence est toutefois délicate pour le président de la République, en chute dans les sondages après l’annonce de mesures impopulaires comme le rétablissement du jour de carence pour les fonctionnaires ou le coup de rabot sur les aides au logement, rappellent les politologues.
Pour maintenir la pression, la CGT a déjà appelé à une autre mobilisation, le 21 septembre, à la veille de la présentation du projet en Conseil des ministres et deux jours avant celle de La France Insoumise.
– “Coup d’État social” –
Si FO ne s’associe pas à la fronde de la CGT, de la FSU, de Solidaires et de l’Unef, contrairement à celle contre la loi travail en 2016, une partie de ses militants ont décidé de défiler.
Tout comme certaines sections CFDT, CFE-CGC, CFTC ou Unsa, qui ne comprennent pas que leurs directions nationales, pourtant très critiques à l’égard du projet, ne s’associent pas à l’appel.
“La CFDT sait organiser des manifestations (…) mais on n’a pas besoin de faire une démonstration de faiblesse”, a expliqué M. Berger.
Des politiques de l’opposition viendront gonfler les rangs des défilés. Jean-Luc Mélenchon doit battre le pavé à Marseille contre ce qu’il qualifie de “coup d’État social”.
À Paris, l’ex-candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon, Olivier Besancenot (NPA) ou encore Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, défileront dans le cortège, qui doit partir à 14H00 de Bastille pour se diriger vers la place d’Italie.
Alors que des violences avaient parasité les manifestations contre la loi travail, M. Castaner a dit craindre des “débordements” et renvoyé la responsabilité “aux organisateurs”, assurant que la CGT avait un “savoir-faire” en la matière.
En 2016, le gouvernement Valls et les syndicats s’étaient déjà renvoyé la balle à propos de leurs responsabilités respectives concernant la sécurité des défilés.
La préfecture de police de Paris n’a pas souhaité commenter les moyens déployés.
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Réforme Code travail Macron face l’épreuve rue grèves
(©AFP / 12 septembre 2017 11h50)