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Mali : le lourd tribut payé à l’insécurité par la scolarisation des enfants

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Une école à Douentza, au Mali, le 27 septembre 2012.

 

Selon Amnesty International, à cause de l’insécurité, plus de 150 000 enfants ne peuvent pas aller à l’école au nord et au centre du Mali.

C’est un constat alarmant que vient de mettre au jour l’organisation de protection des droits humains Amnesty International dans son rapport publié à la fin de cette semaine. À la suite de l’enquête qu’elle a réalisée, Amnesty International a révélé qu’au mois de juin 2017 plus de 500 écoles étaient fermées dans les régions de Gao, Kidal, Ségou, Mopti et Tombouctou, où des groupes armés sont actifs. Et de préciser que certains établissements scolaires dans le centre du pays ont été forcés de cesser leurs activités à la suite de menaces directes proférées contre le personnel par des éléments de groupes armés.

De quoi s’indigner

« ‘Des dizaines de milliers d’enfants paient le prix fort dans un contexte où la violence et l’insécurité persistent dans le nord et s’étendent à présent au centre du Mali. La privation de leur droit à l’éducation a atteint un seuil critique. Cela doit cesser »’, s’est indigné Gaëtan Mootoo, chercheur pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, qui a saisi l’occasion pour inviter les autorités à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher la fermeture d’écoles et assurer la sécurité des enfants et du personnel scolaire. « Depuis le début de l’année 2017, les attaques commises par des groupes armés dans le centre et le nord du pays sont en augmentation, y compris celles visant des imams, des chefs de village et des représentants de l’État, et ont donné lieu à de nombreuses atteintes aux droits humains et violations du droit international humanitaire », constate le rapport, qui justifie ainsi le souhait du chercheur.

Publié en prélude à l’examen périodique universel (EPU) consacré à la situation des droits humains au Mali, un rendez-vous du Conseil des droits de l’homme des Nations unies prévu à Bamako en janvier 2018, ce rapport est un instantané d’importance dans un environnement où Amnesty International rappelle qu’au moins quinze personnes, des Maliens ou des étrangers, restent otages des groupes armés.

À quand la fin de l’impunité ?

Un rappel, loin d’être anodin, qui permet à Amnesty International de dénoncer la persistance de l’impunité dont jouissent les groupes armés. « En 2013, à l’issue du dernier EPU concernant le Mali, ce pays a accepté la recommandation qui lui a été faite par le Conseil des droits de l’homme d’amener les groupes armés à rendre des comptes pour les graves atteintes aux droits humains. Cependant, la situation n’a guère progressé », rappelle Amnesty International, qui invite les autorités maliennes à mettre en place la commission d’enquête internationale prévue par l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, conclu à Alger, en Algérie, le 15 mai 2015. Cela permettra, selon Amnesty International citée par l’agence africaine Panapress, de mener des enquêtes efficaces dans les meilleurs délais sur les allégations faisant état d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées et d’autres crimes de droit international supposés commis par des forces de sécurité maliennes et des groupes armés.

Les conditions de détention dénoncées

Ne s’arrêtant pas à ces constatations, Amnesty International a également décrit dans son étude les conditions « effroyables » de détention dans les prisons maliennes. Aussi ses enquêteurs racontent-ils que, lors d’une visite de la prison centrale de Bamako, en avril 2017, les autorités carcérales ont confié que le centre de détention comptait 1 200 personnes pour une capacité de 400 détenus. De quoi conduire l’organisation à constater que les prisonniers sont obligés de dormir à tour de rôle en raison de l’espace limité. « Les conditions ne se sont pas améliorées depuis ces dernières visites, en 2013 et en 2014 », précise Amnesty International.

Pour mieux saisir l’importance de tous ces constats, il y a lieu de resituer le Mali dans le contexte explosif qu’il a vécu ces cinq dernières années. En mars 2012, à la suite du coup d’État du capitaine Amadou Haya Sanogo contre le président Amadou Toumani Touré, le nord du Mali était tombé sous le contrôle de rebelles touareg et de groupes djihadistes. Il a fallu une offensive de l’opération française Serval et d’armées africaines, en janvier 2013, pour reconquérir la zone. Un accord de paix a été conclu en 2015 entre l’État et les groupes armés présents dans cette partie du Mali, mais la situation sécuritaire reste précaire.

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PAR 
Source: Le Point Afrique

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