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Moussa AG Acharatoumane du MSA : “On ne doit pas laisser les responsables des atrocités dans la nature…”

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Acteur clé du processus de paix, Moussa Ag Acharatoumane est le leader du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), une dissidence du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Au moment où l’on parle de sanctions, il plaide pour des poursuites judiciaires : “On ne doit pas laisser les responsables des atrocités dans la nature”, propose-t-il.

Dans un entretien accordé au site d’informations générales Maliexpress.net, M. Acharatoumane donne son avis sur le processus de paix et plaide pour des actions judicaires. “Le processus n’a pas connu une grande avancée pour des raisons multiples, souvent dues à des problèmes entre les acteurs mêmes qui ont signé l’accord, à des difficultés qui sont imposées par des acteurs qui ne sont pas malheureusement dans le processus de paix”, lance-t-il.

“Nous sommes à 2 ans, rares sont les problèmes qui ont été résolus, hormis les autorités intérimaires qui ont été symboliquement mises en place dans les cinq régions, mais qui ne sont fonctionnelles que dans deux régions, Ménaka et Tombouctou. Dans la région de Gao, elles peinent à être mises en œuvre. Quant à Kidal, elles ne sont mêmes pas fonctionnelles. Il y a aussi le Moc qui n’arrive pas à retrouver ses marques et à donner satisfaction par rapport à tous les espoirs qu’il a suscités. Deux ans après la signature de l’accord, les résultats ne sont pas là et les populations attendent toujours”, martèle-t-il.

L’urgence

Les difficultés d’application de l’accord pour la paix et la réconciliation appellent forcément à gérer des urgences. “Je pense que l’urgence, c’est d’abord que les acteurs, la CMA, la Plate-forme et le gouvernement, se donnent la main, qu’ils soient de bonne foi dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord. L’urgence est que ces trois acteurs se mettent ensemble”, propose Ag Acharatoumane.

“Il faut poser des actes concrets sur le terrain. Les autorités intérimaires pour lesquelles il y a eu tant de bruit ont été mises en place, mais ne sont pas fonctionnelles dans la plupart des régions et même là où elles sont fonctionnelles elles peinent à retrouver leurs marques. Il en est de même pour le Moc”, déplore-t-il.

Responsabilité des groupes armés dans des crimes

Interrogé sur l’entente que vient de signer la CMA et la Plateforme mettant fin aux hostilités, le chef du MSA apparait prudent. “Je tiens à préciser qu’on n’est pas là, à un premier accord ni à un deuxième avec ces acteurs. Le défi maintenant est que les uns et les autres soient de bonne foi et qu’ils tiennent les engagements qu’ils ont pris mercredi 20 septembre 2017”, souligne-t-il.

Pour ce qui est du rapport sur les crimes commis dans le Nord, notamment celui de Human Right Watch, Moussa Ag Acharatoumane est formel. “Il y a ce rapport qui accable les militaires maliens. Je pense qu’il Il y a d’autres rapports qui vont revenir, car même la Minusma a mené une enquête vers Anefis, dans laquelle elle a fait ressortir un certain nombre d’allégations commises par les groupes armés. Les responsabilités de ces bavures sont largement partagées”, témoigne-t-il.

Sur les actions judiciaires contre les auteurs de crimes, Ag Acharatoumane se dit entièrement favorable. “Je pense que la justice doit s’exercer et on doit en faire un  exemple. Une société sans justice est une société sans paix. On ne doit pas laisser les responsables des atrocités dans la nature alors qu’ils ont tué des innocents. Ils doivent répondre de leurs actes. C’est comme ça que dans tout Etat normal, toute société bien organisée fonctionne comme ça”, réagit-il.

A l’en croire,  “la justice ne peut se faire par impunité, mais elle ne peut se faire que dans le cadre où tous ceux qui ont posé des actes injustifiables soient poursuivis. On est entièrement disposé à collaborer avec les instances nationales et internationales pour faire la lumière sur tout ce qui s’est passé”.

De l’impact du régime de sanctions voté par les Nations unies, le président du MSA estime que certes, c’est une très bonne chose dont on doit s’en réjouir mais émet des réserves sur  la forme.

“C’est presque qu’un régime de dissuasion pour dire aux acteurs que désormais toute personne qui va commettre une faute sera sanctionnée. Mais la forme n’y est pas. Ce sont de gens qui, pour la plupart,  ne voyagent pas, n’ont pas de compte bancaire. La situation au Mali est différente de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, au Congo. L’idée est bonne, mais il faudrait que les Nations unies repensent le régime de sanctions et l’adaptent aux réalités locales que nous vivons parce que ces sanctions sont en contradiction avec nos réalités locales. L’idée est bonne, mais sa mise en œuvre doit être repensée”, conclut-il.

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M. C.

Source: L’Indicateur du Renouveau 

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