Des élections couplées communales et régionales s’annoncent avant la fin de l’année. Mais c’est surtout l’élection présidentielle de 2018 qui est en ligne de mire. Pour réunir les conditions d’élections crédibles, le gouvernement et les partis politiques ont renoué avec la concertation. L’opposition malienne signe son retour dans le cadre de concertation administration – partis politiques, mais en remettant sur la table un paquet de conditionnalités pour la transparence et la crédibilité des élections. Cependant, des interrogations sur des sujets aussi sensibles que la fiabilité du fichier électoral, l’enrôlement, l’inscription et l’obtention de cartes NINA, sèment le doute sur le processus électoral malien. L’apaisement du climat social et le maintien de la confiance entre l’Etat, les acteurs politiques et la société civile, restent toujours un défi.
Après plus de 17 mois de suspension de sa participation (avril 2016-septembre 2017), l’opposition signe son retour dans le cadre de concertation administration – partis politiques, mais en remettant sur la table un paquet de conditionnalités pour la transparence et la crédibilité des élections. La transparence des 900 000 cartes NINA qui sont de trop, selon le vérificateur général, est une de ces exigences invoquées par l’opposition.
L’utilisation de la biométrie pour garantir la transparence des élections, l’audit du fichier électoral, la création d’une autorité unique et indépendante de gestion des élections, la prise en compte des nouveaux majeurs sur la liste électorale (la révision annuelle des listes électorales en vue d’y inscrire ceux en âge de voter et d’en retirer ceux frappés de l’impossibilité d’exercer leur droit de vote pour raison de décès ou de condamnations), et la mise à disposition des cartes NINA non distribuées aux ayants droit, sont des conditionnalités posées par l’opposition.
Un parti politique de l’opposition, en l’occurrence l’Alliance Démocratique pour la Paix (ADP-Maliba) a adressé une lettre du Mercredi 20 Septembre 2017, au Premier Ministre pour demander un audit du fichier électoral. Selon ce parti, de l’année 2013, date de la dernière élection présidentielle, à nos jours, bon nombre de nos jeunes compatriotes ont atteint l’âge de voter, mais, il n’a jamais été précisé si ces personnes seront automatiquement inscrites sur les listes électorales ou si elles doivent s’inscrire d’elles-mêmes. Dans l’éventualité où les citoyens doivent s’inscrire par eux-mêmes, aucune précision n’a non plus été donnée sur la procédure et les lieux d’enrôlement, affirme l’ADP- Maliba.
Exigence d’un audit
En outre, « des centaines de milliers de nos compatriotes vivent dans des camps réfugiés. A ce jour, personne ne connaît les dispositions prises par votre gouvernement pour assurer leur inscription sur les listes électorales », indique l’ADP Maliba, avant de s’inquiéter à travers cette lettre au Premier ministre, de l’absence de calendrier connu pour le retour de nos compatriotes dans leurs localités d’origine.
Hors du Mali, les Maliens de l’extérieur sont confrontés à des difficultés pour obtenir leur inscription sur les fichiers ainsi que la délivrance des cartes NINA. Au-delà de l’aspect électoral, ces problèmes causent des torts souvent irréparables à nos compatriotes.
En raison de toutes ces inquiétudes sans réponse, un regard indépendant sur le fichier consolidé qui sortira de la période de révision des listes électorales, est souhaité par l’opposition. « Nous souhaitons qu’un audit indépendant soit réalisé afin que l’ensemble des acteurs intéressés par le sujet soient rassurés sur l’exactitude et la fiabilité du fichier électoral », a sollicité l’opposition.
Les assurances du département
Quelle réponse, le département de l’Administration compte-t-il apporter à ces conditionnalités de l’opposition républicaine et démocratique ?
Contacté, le département de l’Administration territoriale indique que ces préoccupations de l’opposition seront prises en charge par la Délégation Générale aux Elections (DGE) et le Cabinet du ministre de l’administration territoriale. « Ce que l’opposition réclame est faisable, et les structures s’activent pour la prise en charge de ces points. La révision annuelle des listes électorales se poursuivra avec professionnalisme du 1er au 31 Octobre 2017 ; des dispositions sont prises pour que l’ensemble des Maliens en âge de voter puisse participer au scrutin. Notre objectif est de faire des élections les moins contestées possibles, gage de stabilité ; nous ne demandons que la transparence des élections», indique notre interlocuteur au ministère de l’Administration territoriale.
Elections couplées
Les élections communales du 20 novembre 2016 n’ont pas pu se tenir dans 59 communes. Les élections locales à savoir les élections des conseillers de cercle et l’élection des conseillers régionaux doivent se tenir, a rappelé le ministre de l’Administration territoriale, Tieman Hubert Coulibaly, après le cadre de concertation administration-partis politiques du mardi 19 septembre. Selon lui, le gouvernement va examiner l’hypothèse de la date du dimanche 3 décembre 2017 pour tenir les élections.
Par ailleurs, le code des collectivités qui était en relecture a été récemment adopté et certaines dispositions de la loi électorale elle-même étaient en relecture, selon le ministre. « La question de 59 communes sur lesquelles nous n’avions pas pu tenir des élections fera l’objet d’une étude par les services techniques pour que d’ici la fin de l’année nous terminons avec le cycle des élections. Nous devons faire en sorte que les élections que nous allons tenir puissent être les moins contestées », selon le ministre Tièman H Coulibaly.
Présidentielle malienne 2018 règles jeu avant bataille
Aguibou Sogodogo
B. Daou
Source: Le Républicain