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Edito : La DGE m’a édifié, j’accuse les politiques

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Le directeur de publication du Journal « Le Pays », Boubacar Yalcoué
Edito DGE édifié j’accuse politiques

Le processus électoral à l’orée des élections 2018, jamais au Mali le peuple ne s’est autant intéressé. Quand il s’exprime, la conclusion : ne plus tomber dans les erreurs du passé en faisant un vote utile sur la base probablement de critères. 

Ce peuple connait la carte NINA qui est aujourd’hui l’unique pièce valable pour voter. Mais, il ignore le processus devant aboutir à son acquisition ; il ne sait pratiquement pas à quoi sert la période de la révision des listes électorales et quelles sont les parties prenantes dans les commissions administratives.

Vendredi dernier, la Délégation Générale aux Elections a reçu le Collectif pour la Défense de la République afin d’éclairer la lanterne de Ras Bath et ses compagnons sur les missions de la DGE et les difficultés auxquelles elle fait face dans son travail. L’occasion a été aussi mise à profit pour situer les responsabilités entre acteurs chargés de tout ce qui est lié au processus électoral.

La DGE  a la lourde responsabilité de l’Elaboration et la gestion du fichier électoral ; la confection, la personnalisation des cartes d’électeur et l’impression des documents électoraux (différentes) ; le financement public des partis politiques  et l’assistance à la CENI à sa demande.

Ce processus est buté en un premier temps  à l’Etat civil qui constitue un énorme problème. Dans les villages, les gens ne déclarent pas les naissances, cette étape qui est le premier identifiant de l’individu sans lequel on ne peut pas être enrôlé au RAVEC qui est permanent. Et c’est sur la base des données du RAVEC que sont extirpés chaque année les électeurs potentiels (ceux ayant atteint l’âge de voter 18 ans) par le ministère de l’administration territoriale. Donc être sur la liste électorale, ce n’est plus une inscription volontaire mais automatique. Et c’est cette liste qui est envoyée chaque année entre le mois d’Août-Septembre à la DGE. Elle étudie, corrige les anomalies avant de mettre cette liste d’électeurs potentiels issue du RAVEC aux commissions administratives installées pour la révision des listes électorales du 1er octobre au 31 décembre. Elles sont composées à majorité de partis politiques et de représentants de l’administration. Durant les trois mois, elles sont chargées des cas de transfert, des cas de décès et ceux-là ayant perdu leur droit de vote. Les deux dernière étapes posent d’énormes difficultés pour la simple raison que ceux chargés de fournir des informations aux commissions ne le font pas à hauteur de souhait. Dans les villages, les gens ne déclarent plus les cas de décès. Dans le temps, une personne décédée était déclarée parce que  c’était une dépense de moins pour le chef de famille qui payait l’impôt capital. Donc la déclaration était plus liée à l’économie qu’au processus électoral mais ça le servait quand même. Dès que l’impôt capital a été supprimé, les déclarations ne se font plus. Ce qui amène à conclure que beaucoup de personnes décédées ont toujours leurs noms sur les listes électorales.

Cette difficulté se fait sentir au niveau des prisonniers ayant perdu leur droit civique. Les services chargés de fournir ces informations aux différentes commissions ne le font pas. Alors nombreux sont les prisonniers ayant perdu leur droit de vote qui ont leur nom sur les listes électorales.

Comment palier ces insuffisances ? Les commissions administratives peuvent-elles utiliser d’autres alternatives pour résoudre ces problèmes sur le terrain ? La loi électorale est vague et ne les accorde pas de prérogatives dans ce sens. Seul un décret peut définir cela et malheureusement la loi électorale malienne n’est pas accompagnée par un décret d’application.

Voilà où proviennent les fraudes massives car les cartes des personnes décédées, celles ayant perdu leur droit civique sont utilisées par d’autres pour des fins politiques.

Pourquoi les politiques n’expliquent pas tout ce processus au peuple ? Ils sont au courant de tout et étant membres majoritaires des commissions administratives, ils doivent non seulement expliquer, mais aussi recenser les anomalies et saisir qui de droit afin qu’elles soient corrigées. Ils ne le font pas alors que c’est l’une des raisons du financement des partis politiques par l’Etat. Ils ne savent que crier à la victime. Et malheureusement, voilà à quoi nous assistons depuis belles lurettes au Mali.

Une dernière précision de taille. La période de révision des listes électorales, ce n’est pas une période d’inscription mais de contrôle, de dévitrification. Alors ceux qui ont atteint 2018, déplacez-vous vers les commissions administratives afin de vérifier si votre nom y figure, connaitre votre centre de vote et l’autre aspect si vous voulez un transfert. Voilà ce qui vous concerne pendant ces trois mois.

2018 est un tournant décisif dans la vie de la nation malienne. Prenez part au lieu de rester à la marge et subir après.

Boubacar Yalkoué

Edito DGE édifié j’accuse politiques

 

Source: Le Pays

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