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Au Bénin, Kémi Séba révèle les sources de financement de sa lutte contre le franc CFA

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Expulsé du Sénégal en septembre, le militant franco-béninois veut poursuivre de Cotonou sa lutte contre la « monnaie coloniale » avec Urgences panafricanistes.

Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Capo Chichi est arrivé, dimanche 22 octobre, à Cotonou, capitale économique du Bénin, dans la peau d’un enfant du pays, prêt à être célébré par une partie de la jeunesse en résonance avec son discours contre le franc CFA, la « monnaie coloniale ».

Quatre jours plus tard, lors d’une conférence de presse tenue dans la même ville, le militant franco-béninois de 35 ans a révélé une partie de ses sources de financement et annoncé les grandes lignes de son combat à venir.

Footballeurs amis

A la question de savoir d’où son organisation, Urgences panafricanistes, tire ses subsides, Kémi Séba a en partie répondu : « Nos soutiens sont Nicolas Anelka, Demba Ba et bon nombre de footballeurs africains qui sont des amis. Certains sont encore en activité. » Le militant a toutefois refusé de dévoiler toutes les identités de ces joueurs amis qui, pense-t-il, pourraient se retrouver « sur le banc de touche comme Nicolas Anelka » si leur engagement à ses côtés venait à être connu. Car le sulfureux militant a aussi été le leader de la Tribu Ka, un mouvement créé en France se voulant le défenseur du « peuple noir » et prônant la séparation des races qui a officiellement été dissous en juillet 2006.

Des artistes comme le rappeur Sénégalais Thiat, qui a milité à ses côtés à Dakar et a également été brièvement arrêté à Dakar, font également partie des soutiens confirmés.
Expulsé du Sénégal le 6 septembre, où il s’était installé depuis 2011, après avoir brûlé un billet de 5 000 francs CFA (7,50 euros), Kémi Séba a donc déposé ses valises au Bénin, la terre de ses parents, d’où, dit-il, il compte donner une nouvelle trajectoire à son combat. Un choix inspiré par le fait que « le Bénin est une terre symbolique, de résistance dans la lutte contre l’impérialisme occidental ». Il a d’ailleurs salué la bienveillance des autorités du pays à l’égard des membres d’Urgences Panafricanistes.

Ces derniers ont ainsi bénéficié d’une protection policière à leur arrivée. « S’il y a eu tout
ce dispositif, c’est parce que les autorités, qu’elles soient d’accord ou pas avec la finalité
de nos objectifs, ont fait preuve d’une volonté de protection de notre démarche. C’est
quelque chose qui me touche », a-t- il affirmé dans une interview accordée à Deutsche
Welle.

« En rupture épistémologique »

Si le chef de l’Etat béninois, Patrice Talon s’est prononcé en faveur du maintien de son pays dans la zone qui « assure la stabilité de l’économie nationale », c’est du côté d’un autre président africain que Kémi Séba semble trouver une oreille attentive à ses salves répétées contre le franc CFA. En février, il s’est rendu à N’Djamena, où il a pu rencontrer le ministre tchadien de la justice. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Idriss Déby, meilleur allié sécuritaire de la France sur le continent, s’est fait depuis plusieurs mois le héraut de la souveraineté monétaire des anciennes colonies francophones.

« Même si je ne suis pas toujours d’accord avec son parcours et sa gouvernance, je constate un changement notable dans son discours concernant la souveraineté des pays africains, notamment sur la question du franc CFA. Je ne veux pas être laudateur à son égard, mais je ressens chez lui, depuis quelque temps, une rupture épistémologique », affirmait récemment Kémi Séba à Jeune Afrique.

Il y a deux ans, le polémiste était allé trouver une oreille bienveillante en Iran auprès de l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad. Après s’être fait connaître par ses diatribes antisémites, Kémi Séba dit s’être depuis recentré sur les combats du continent, notamment en faveur de la consommation de produits locaux. A ce titre, Urgences Panafricaines commercialise, au prix de 3 000 francs CFA, des tee-shirts « Non au franc CFA », garantis « Made in Bénin ».

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