Présents sur le sol français, l’ancien premier ministre Moussa Mara et le 2èmevice-président de l’Adema PASJ, ancien ministre de l’urbanisme Dramane Dembélé, étaient invités mardi 24 octobre sur le plateau de la radio ‘‘Africa N°1’’ dans l’émission Grand débat autour du thème : ‘‘Le Mali sous le signe d’incertitude’’.
Crise sécuritaire, mauvaise gouvernance, élection présidentielle de 2018, les deux anciens collaborateurs de l’actuel régime, Dramane Dembélé et Moussa Mara, n’ont pas raté l’occasion pour étaler leurs points de vue plus ou moins contrastes, mais pas du tout contradictoires.
Quatre ans après l’arrivée d’IBK, est-ce que l’autorité de l’Etat s’est renforcée où s’est émoussée Question du présentateur du débat ! Pour réponse à cette première question Moussa Mara pense que la situation est plus difficile que lorsque le président actuel venait au pouvoir : ‘‘L’Etat est moins présent dans le pays qu’au moment où le président venait au pouvoir’’, a-t-il dit avant de poursuivre : ‘‘L’insécurité s’est étendue au centre du pays alors qu’on ne parlait que le nord du pays quand l’actuel président venait au pouvoir en 2013. Ce qui se passe au centre est plus dangereux que ce qui se passe au nord, nous avons des débuts de conflits communautaires’’
Dramane Dembélé, lui aussi reconnait qu’Il y a eu des moments d’émoussement, mais soutient que le Mali est dans un processus de reconstruction : ‘‘Il y a eu des hauts et des bas, je pense que chacun de nous a ses propres vérités politiques’’, dit-il avant d’ajouter : ‘‘Les marqueurs positifs, on a eu à signer l’accord de paix, c’est un document de base qui peut nous permettre de se mettre tout au tour de la table’’. Dramane Dembélé se félicite de la signature de l’accord de paix tout en reconnaissant sa mise en œuvre connait très peu d’avancées.
Retard dans la mise de l’accord de paix ? Pour Moussa Mara ce document est appliqué à moins de 15% : ‘‘Un document qui devait être totalement appliqué en 18 mois, 26 mois après ce document ne l’est pas’’. Selon lui, la responsabilité de ce retard est à partager : ‘‘La responsabilité n’est pas seulement à imputer aux groupes armés qui sont des sujets de l’Etat malien, mais l’Etat lui-même qui aurait dû, dès la signature de l’accord, exercé un leadership incontestable sur l’ensemble des parties signataires, y compris les groupes armés. L’Etat malien s’est un peu comporté comme une partie signataire au même titre que les groupes armés. Ça c’est déjà une insuffisance majeure. L’autre insuffisance, c’est la conduite des différentes reformes, institutionnelles et de gouvernance. Et dernièrement encore, l’Etat malien vient de voter une loi à l’Assemblée nationale, le code des collectivités locales qui, théoriquement, a été pris pour appliquer l’accord de paix, mais quand on regarde ce code c’est non seulement un recul par rapport au code précédent, mais c’est aussi un recul par rapport de paix. Ça, ce n’est pas les groupes armés’, a-t-il dit sur la question.
Un ‘‘Etat failli’’
Dramane Dembélé : ‘‘C’est bon de faire des constats, c’est vrai aujourd’hui, nous avons un Etat failli. Il faut l’admettre, c’est un constat clair. On s’est rendus compte qu’on était un Etat failli à la suite de la visite du premier ministre à Kidal, pas en tant que Moussa Mara. Cette visite a prouvé au monde entier que le Mali était un Etat failli sur le plan sécuritaire. Un Etat failli, ca demande l’effort de tout le monde. Il s’agit de s’asseoir tout au tour du Mali. Le président Ibrahim Boubacar Keita aurait dû considérer son mandant comme une transition, mais ça été une transition ratée, un mandat raté, j’assume ma part, la traçabilité est là’’.
Moussa Mara : ‘‘Sans paraitre comme pour défendre le régime actuel, je trouve que le terme ‘‘Etat failli’’ est assez dur pour ce qui concerne le Mali. Je parlerais de la Somalie pour ce qu’on appelle ‘‘Etat failli’’, La situation du Mali est assez difficile, mais elle n’est pas encore à ce stade et j’espère qu’il n’atteigne jamais ce stade. Dans certains domaines, la sécurité et défense, il y a une faillite généralisée’’
A Moussa Mara de poursuivre : ‘‘Mais dans d’autres segments l’Etat malien fonctionne bien. Si vous regardez les questions macroéconomiques de manière générale, nous avons aujourd’hui une croissance économique qui est acceptable, l’une des plus importantes de la Zone de l’UEMOA. Nous avons une place économique dans l’UEMOA qui est toujours maintenue, nous étions 3ème il y a dix ans, nous sommes toujours 3ème. Nous avons besoin de restructurer notre Etat. Il faut une alternance en 2018, une alternance de système. Le système qui est là depuis un quart de siècle est à bout de souffle. Ce système n’est pas en mesure de sortir le pays des difficultés. Là où je peux parler de faillite totale, c’est la classe politique !’’
Dramane Dembélé : ‘‘En parlant d’un Etat failli, il s’agit d’un ensemble d’éléments. On ne peut prendre l’argument macroéconomique pour justifier aujourd’hui les difficultés. Le Mali aujourd’hui est un pays d’incertitudes. On ne sait pas de quoi demain sera fait, l’horizon est sombre, honnêtement il faut qu’on pose les problèmes comme tels, éviter la langue de bois, la langue politicienne. Il faut changer les hommes, il faut changer de système. Il faut qu’il y ait l’alternance, ça ne peut plus continuer cette façon de faire’’
‘‘2018, un tournant décisif’’
Pour Dramane Dembélé, 2018 sera un tournant décisif puisqu’on a eu une transition ratée entre 2013 et 2018. ‘‘Une transition raté, un mandat raté, vous l’admettez’’, s’interroge le présentateur du débat. A Dramane Dembélé de répondre : ‘‘J’assume ma part là-dedans. A l’époque nous avons suggéré au président (de la République) de faire venir tout le monde autour de la table ne serait-ce que pour 2 ou trois ans. Trois ans, et les deux autres années, vous allez faire des projections, faire des prospectives, ça, ça a manqué, les acteurs principaux n’ont pas été écoutés’’, a-t-il dit.
Toutefois Dramane Dembélé reconnait que l’Adema est solidaire du bilan d’IBK et promet que sa formation aura son candidat lors de la présidentielle de 2018 : ‘‘Forcement l’Adema aura son candidat tout comme ça été le cas dans le passé. Etant dans le gouvernement d’ATT, le RPM a eu à présenter un candidat contre lui’’, dit-il.
Moussa Mara soutient que son objectif est d’abord la mairie du district qu’il souhaite conquérir lors des prochaines élections régionales. Pour le bilan d’IBK, Moussa Mara pense qu’il n’est pas totalement comptable : ‘‘On ne peut pas dire qu’on n’est pas comptable globalement de ce qui s’est passé, le moment des campagnes sera aussi celui des inventaires’’, a-t-il dit s’agissant du bilan d’IBK.
Moussa Mara, faut-il le noter, était en France dans le cadre d’un forum sur le partenariat Public Privé, Dramane Dembélé, quant à lui, il y est (en France) depuis le 23 octobre. Il est parti en tant que parrain d’un évènement dénommé ‘Nuit de la Fraternité’’ dont la 9ème édition s’est tenue le 28 octobre à Grigny (France).
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Source: La Sirène