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Edito : Urgences médicales : Une nuit dans les couloirs du CHU du Point-G

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KANTAO Drissa, Dirpub "Le Confident"

 

Jeudi 02 novembre 2017, il était 23h passé quand on a frappé à ma porte. L’allure et l’insistance de la personne qui était dehors m’a tout de suite fait comprendre qu’il y avait une urgence et que mon soutien était obligatoire.

 

En effet, un de mes tontons avait subitement eu des difficultés respiratoires et la situation semblait vraiment urgente. C’est à la hâte que j’aie enfilé le pantalon le plus proche en oubliant de faire monter la chaîne. Le polo que j’ai enfilé était lui aussi en sens inverse… Tout cela, je ne le saurais que bien plus tard.

 

Après avoir fait embarquer le tonton dans le véhicule, j’ai appuyé à fond sur l’accélérateur pour rejoindre au plus vite l’urgence du CHU du POINT-G. Aussitôt sur place, le premier constat que j’ai pu faire est que, les médecins de garde étaient envahis. Après m’avoir regardé avec persistance, un des hommes en blouse blanche a instruit à un autre d’aller réveiller le Dr Diarra.

 

Au moment où j’écris cet article, j’ai pensée au faite que le Dr qui avait instruit à ce qu’on aille réveiller le Dr Diarra avait peut-être remarqué que la chaine de mon pantalon n’avait pas été mise et que mon polo avait été était enfilé à travers. Et que c’est cela qui a heurté sa sensibilité à telle point qu’il voulait faire de son mieux pour nous. En tout cas, nous avons eu de la chance car à notre présence, deux ambulances venues avec des malades sont reparties car il n’y avait pas de place.

 

Dr Diarra, un homme grand et élégant dans sa blouse blanche, s’est réveillé malgré lui-même, il était visiblement à bout. Pourtant, il s’est débrouillé pour venir jusqu’au niveau de notre véhicule pour ausculter mon tonton. Aussitôt, il a pris les dispositions pour le mettre sous oxygène. Une prise en charge qui sera faite dans une chaise roulante, car il n’y avait presque pas de lit. J’ai dit presque pas de lit car il y’en avait en tout dans la salle six dont cinq étaient occupé. Le seul qui restait suintait de sang frais. Visiblement, tout laissait à croire qu’un accidenté avait été admis sur le lit en question.

 

Ainsi, le tonton recevrait l’oxygène entre le lit noyé de sang et un autre sur lequel il y avait un homme d’environ la trentaine. Il était impossible pour moi d’imaginer que ce jeune et frêle garçon  était en train de rendre l’âme. Pourtant, à mon retour du laboratoire ou j’étais allé chercher des tubes pour récupérer le sang de mon tonton pour les besoins d’analyse, il était déjà définitivement partie. S’adressant à son accompagnant, un des jeunes en blouse blanche a dit : on est vraiment désolé mais votre malade viens de rendre l’âme ‘’A ka banah magnan’’, a-t-il dit. Et d’instruire à un interne d’établir le certificat de décès.

 

En réalité, je me suis senti tout de suite concerné. En effet, j’ai regardé le frêle et jeune garçon et me suis mis à sa place. J’ai compris que mon tour à moi aussi arrivera un jour, cela, aussi longtemps soit-il (qu’Allah fasse que cela nous trouve sur le droit chemin. Amine). Je me suis mis a imaginer ce que ses parents, sa femme et ses enfants, s’il en a endurerons comme souffrance à l’annonce de cette triste nouvelle.

 

Il est 3 h 04 du matin pendant que j’écris cet article et lui repose déjà à la morgue du CHU du POINT-G en attendant d’être mis à trois mètres sous-sol. Cela m’a donné à réfléchir et à me poser des tas de questions sur moi, mon devenir. Je me suis dit que si dieu a voulu que je sois témoin de ces faits, que c’était peut-être pour accroître ma foi en lui. En tout cas, je ne connais pas son nom, je ne sais pas d’où il venait, j’ignore de quoi il souffrait, encore moins s’il s’en est allé par manque de soin adapté. Tout ce que je sais est que son décès m’a sérieusement marqué et que son visage est resté gravé en moi.

 

Pour ce qui concerne mon tonton, les médecins lui ont donné des analyses à faire dont une partie était disponible au laboratoire du CHU du Point-G et le reste devait être effectué soit au CHU Gabriel Touré soit dans une clinique.

 

En voyant les moyens rudimentaires des médecins, de surcroît au niveau de l’urgence, pour tenter de sauver des vies humaines, je me suis rendu compte de l’importance de ces hommes et femmes du secteur socio-sanitaire que nous traitons souvent de tous les sales mots.

 

À travers cet article, qu’il nous soit permis de faire l’avocat des agents socio-sanitaire pour un bon fonctionnement du système et pour le grand bonheur des patients maliens. A cet effet, nous pensons que si les autorités compétentes récupéraient une partie des milliards détournés (selon le rapport du vérificateur  général, il y’en a plus de 77) pour agrandir la capacité d’accueil de l’urgence du CHU du Point-G tout en le dotant d’équipement de pointe, le problème sera résolu en grande partie. Ils doivent également procéder à l’amélioration des conditions de vie et de travail des personnels socio sanitaires et enfin de procéder à l’achat d’appareils de radiographie ou, à défaut de cela, de procéder à la réparation des anciens existants.

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KANTAO Drissa

Source: Le Confident 

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