Dans l’optique d’offrir encore de meilleurs services aux consommateurs, le Mali a décidé en fin 2010 de séparer la gestion de l’électricité et celle de l’eau. Cependant, l’état des lieux de plusieurs décennies révèle une société surendettée mais aussi des dizaines de milliards à recouvrer auprès de consommateurs divers. En attendant, l’EDM perd chaque année entre 30 et 33 milliards de FCFA.
La situation financière de l’EDM s’est davantage détériorée avec le passage au thermique au détriment de l’hydraulique qui fut autrefois la principale source. Quand on connait les ressources immenses en eau dont dispose notre pays, l’on peut dire sans risque de se tromper que les politiques de départ étaient de loin les plus logiques parce que, contrairement à l’eau, le Mali n’exploite la moindre goutte de pétrole sur son territoire.
L’installation de nombreux groupes pour satisfaire la demande n’était donc qu’une solution de courte durée. En plus, elle demeure largement plus coûteuse avec des machines consommatrices de grandes quantités de carburant. Sans oublier les groupes loués auprès d’opérateurs privés dont la seule garantie de présence sur le sol malien coûte des sommes colossales.
Les chiffres sont effarants. L’EDM consomme chaque jour 35 000 litres, soient environ 700 millions de F CFA par mois et donc au moins 8 milliards de F CFA par an. Conséquence, la société reste permanemment déficitaire nonobstant la subvention de l’Etat qui atteint aussi des dizaines de milliards de F CFA. Pour le total, chaque année, l’Energie du Mali perd entre 30 et 33 milliards de F CFA.
Depuis plusieurs années, une question se pose à notre entreprise nationale d’électricité. Comment sortir de ce cercle vicieux d’une société qui assure avec peine les besoins des consommateurs alors qu’elle engloutit énormément l’argent du contribuable, sans connaître de bénéfice ?
Depuis sa nomination il y a un an, le directeur général de l’EDM, Dramane Coulibaly, a fait le pari d’inverser la tendance. C’est pourquoi l’on se rappelle de certaines actions de recouvrement auprès des mauvais payeurs. Mais c’est la coupure dans certaines institutions comme l’Assemblée nationale qui avait défrayé la chronique tant cela était inhabituelle.
L’opération a porté ses fruits. L’EDM a récupéré des sommes qui lui ont permis d’améliorer sa trésorerie et d’éponger une partie de ses dettes. Il faut préciser que certaines créances datent de plus de 20 ans. Sur 64 milliards, l’EDM a pu encaisser 38 milliards de F CFA.
Mais pour Dramane Coulibaly, cette mesure qui a certes montré son efficacité ne suffira pas à redonner à sa structure toute sa santé. Il estime qu’il faut investir dans les énergies renouvelables, c’est-à-dire qu’en plus d’un retour à l’énergie hydraulique, il veut aussi développer le solaire et l’éolien. Des installations qui prennent parfois plus de temps et d’argent, mais qui constituent la solution durable leur coût de production étant largement inférieur à celui des centrales thermiques.
Aussi M. Coulibaly prend une option claire : électrifier toutes les capitales régionales et les chefs-lieux de cercles. Plusieurs d’entre eux sont déjà électrifiés et d’autres sont en cours de l’être pour les mois à venir.
Les experts notent que si la cadence imprimée par Dramane Coulibaly se maintient pendant 5 ans, l’EDM pourra satisfaire les besoins des consommateurs.
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Z. M. K.
Source: L’Indicateur du Renouveau