Un contrat de nettoyage du siège de la Fédération malienne de football (Fémafoot) refusé par le président Boubacar Diarra à un membre de son comité exécutif a déclenché la crise la plus aigüe du football malien. Révélations sur des comportements peu orthodoxes qui tiennent en otage notre sport roi depuis quatre ans par un ex-pratiquant.
La plus grande vertu de la démocratie, reste pour moi, la libre expression dans le respect d’autrui. En bon ex-militant du Mouvement démocratique, j’ai donc décidé de profiter de cette belle vertu pour parler de ce qu’on appelle désormais la crise du football au Mali.
Au bout de son mandat de quatre années, mandat jalonné d’innombrables obstacles (adversité stérile, méchanceté gratuite, calomnies et mensonges, etc.) le président de la Fédération malienne de football le plus capé de l’histoire de notre football, a dû renoncer à rempiler pour un second mandat au dernier moment.
Bilan sportif élogieux : Deux championnats d’Afrique en catégorie de cadets, vice-champion du monde de la même catégorie, médaille de bronze en Coupe du monde des juniors, les équipes nationales A et B ont participé à 3 phases finales de Can et de Chan. Si nos clubs n’ont pas brillé en Champions League et Coupe Caf, c’est tout simplement parce que le ministre a empêché le championnat national de se dérouler normalement en fermant les stades au gré de son humeur, dans le seul but de freiner la bonne marche du travail du Comité Exécutif en place.
Chronologie des faits à l’origine de cette fameuse crise de football
Octobre 2013, élection à Mopti du général de police Boubacar Diarra à la tête d’un bureau consensuel de la Fémafoot. Le premier acte posé par le président élu, fut de demander à la Fifa l’engazonnement de 3 grands stades des régions du Nord (Gao, Tombouctou, Kidal). Cet engazonnement est un premier pas pour le développement du football dans cette zone très difficile et en proie à la rébellion…
Ce projet fut aussitôt accepté par la Fifa qui dépêcha une équipe d’experts pour en évaluer le coût. A ce jour, les stades de Gao et Tombouctou sont gazonnés. A Kidal, pour des raisons d’insécurité, le projet reste suspendu jusqu’au retour de l’administration malienne dans la localité.
Quelques mois après la mise en place du comité directeur de la Fémafoot, le président rejeta un contrat de prestation de service de nettoyage des locaux de la Fédération, à des montants défiant toute logique.
C’est en rejetant ce contrat que les premiers soucis ont commencé pour le président. Non contents d’avoir perdu ce marché, deux responsables du bureau fédéral se liguèrent et entrainèrent d’autres membres du bureau avec eux contre le président. C’est ainsi qu’un de leurs acolytes accusa par écrit le président de la FMF de détournement de fonds estimés à des centaines de millions (ironie du sort, l’auteur de cette lettre est analphabète).
Le bureau fédéral se réunit et suspendit ce membre de toutes activités de football. Président d’un club de première division, ce dernier mit son sort entre les mains du petit groupe dissident.
A la veille du tournoi de la Can-2015 en Guinée équatoriale, une assemblée générale du bureau fédéral se tint à l’hôtel Olympe. Au démarrage des travaux un des dissidents demanda de parler du cas de leur camarade suspendu. Le président lui répondit que ce cas pourrait être évoqué en divers, si l’assemblée était d’accord. L’intervenant exigea que ce cas soit inscrit comme premier point de l’ordre du jour qui était déjà arrêté.
Devant la velléité manifeste de ce membre du comité exécutif de vouloir troubler l’assemblée, le président demanda à un agent de l’ordre public de faire évacuer ce perturbateur. C’est ainsi que le groupe dissident quitta la salle et alla se réunir dans une autre salle pour tenir un soi-disant congrès du bureau fédéral de la Fédération malienne de football. Le quorum étant toujours atteint par la présence des membres qui sont restés dans la salle, l’assemblée générale continua ses travaux avec l’ordre du jour arrêté.
Le ministre des Sports, le lendemain, reçut la visite du groupe dissident. Il leur a donc demandé d’attendre la fin de la Can de Guinée équatoriale, en promettant de s’investir par la suite pour régler le différend.
Au retour de la Can, le groupe dissident dont les leaders sont dirigeants de clubs de première division, décidèrent de boycotter le championnat national en refusant de jouer les matches. Un article des règlements du championnat national stipule que tout club qui refuse de jouer trois matches de suite, est automatiquement relégué en deuxième division. Le comité exécutif appliqua ce règlement en suspendant tous les clubs ayant refusé de jouer les trois matches.
Duplicité
Comme promis aux dissidents, le ministre des Sports après la Can engagea le combat pour destituer le président de la FMF Boubacar Diarra. Pour quelles raisons ? Moi je crois le savoir ; mais je vous en épargne les détails, car pour moi c’est tout simplement déshonorant pour un ministre de son état digne de ce nom !
Pour camper le décor de sa lutte contre le président de la FMF, il tint une conférence de presse et déclare, je cite : “C’est vrai, il y a le bureau fédéral dirigé par le général Diarra mais, il y a l’autre Groupe”.
Il venait donc de légitimer un groupe illégal dont le seul but était de prendre le football malien en otage pour des raisons d’intérêts sordides et personnels.
Depuis sa sortie médiatique que je viens d’évoquer, certains membres de son fameux groupe clamaient haut et fort à qui voulait l’étendre, qu’ils avaient désormais le ministre des Sports de leur côté, moyennant bien sûr de quelques bienveillances de leur part. Choqué par de tels propos à l’égard d’un ministre de mon pays, je lui ai adressé une lettre ouverte à travers un journal de la place en forme de conseils d’un petit septuagénaire qui, de surcroit, a été footballeur de haut niveau (international), dirigeant de club et conseiller spécial de deux présidents de fédération, dont celui incriminé par lui et son désormais Groupe de dissidents.
Aveuglé par la passion qui sous-tend son acharnement contre le président Diarra, voilà, le ministre, qui tente des subterfuges pour convaincre le gouvernement à adhérer à son combat personnel (la solidarité gouvernementale oblige peut-être, mais le sens de discernement doit aussi prévaloir).
1re tentative : Soumission au conseil des ministres d’un projet de création d’une Caisse devant recevoir tous les fonds alloués par des instances internationales sportives aux différentes fédérations sportives du Mali, cela assorti d’une note verbale affirmant que cette Caisse existe partout en Afrique de l’Ouest, sauf au Mali. Ce projet taillé en brèche par un courrier du président de la FMF adressé au Premier ministre avec des preuves contradictoires, fut abandonné. Soit dit en passant, le président de la FMF a adressé cinq courriers au Premier Ministre Modibo Kéita pour tenter de l’éclairer sur la crise, avec zéro pointé de réponses. Qui l’eût cru de la part du premier administrateur du pays.
2e tentative : Le voyage en Suisse. Auréolé de son titre de ministre, il décide de se rendre à Zurich en Suisse, avec la bénédiction de son gouvernement ignorant tout, des règles des instances sportives internationales. Il arriva au siège de la Fifa pour essayer d’imposer à cette institution, sa velléité de mettre un terme au mandat du bureau fédéral en place dans son pays. Pour cela, il se fait accompagner par un membre de son fameux Groupe. La Fifa refuse de les recevoir, lui et son compagnon, et lui impose la présence du président de la FMF pour être reçu. Ce dernier accepta la proposition de faire le déplacement au frais de la Fifa pour que son ministre obtienne une audience avec les autorités de la Fifa. Pour éviter le ridicule à un ministre de son pays, lui-même étant officier de police avec une carrière régalienne bien accomplie, il accepta de faire le déplacement avec son secrétaire général.
Au moment de la réunion, le ministre demanda d’introduire son compagnon de voyage, requête refusée par la Fifa au motif que son compagnon est un membre suspendu par la FMF. Nouvel échec ! Parallèlement, le fameux Groupe continuait à s’agiter avec des invectives malveillantes à travers une certaine presse. Trop c’était trop !
Le président de la République lors des présentations des vœux de 2017, remit le dossier de ce qu’on appelle désormais la crise du football malien au président de l’Assemblée nationale, lui-même ancien président de club de football. L’honorable président trouva une solution à la fois biaisée et précaire…
Dieu veille
La suite on connait. Le ministre persiste et signe en suspendant le bureau fédéral en place, la Fifa, dans la foulée suspend le football malien alors que les cadets devaient participer à la phase finale de la Can-2017 des moins de 17 ans.
Le bon Dieu alors intervint pour faire raison gardée aux uns et aux autres et permit aux cadets d’aller gagner la Can-2017. C’était la 2e Can du bureau fédéral en place en 4 ans. C’est le lieu ici de féliciter le Premier ministre actuel, qui a permis cette heureuse issue. Les dissidents et leur ministre des Sports malgré tout, continuent leur lutte pour faire tomber le président Diarra et son comité exécutif. L’animosité à son égard malgré ses bons résultats, l’ont poussé à décider de ne pas se représenter pour un second mandat, suite à une campagne calomnieuse dont le thème était : “C’est le président de la République en personne qui ne veut pas voir le général Diarra à la tête de la Fédération malienne de football”.
Comme le président de la République, j’ai la chance de faire partie du cercle restreint des septuagénaires de mon pays. Mais j’ai peur pour nos enfants et nos petits-enfants. Je ne reconnais plus mon pays où règnent désormais le mensonge en maître absolu, la calomnie et autres fausses accusations impunis.
Alpha Oumar Konaré a dit en son temps : “Nous sommes un pays où la culture de la sanction n’existe pas”. Messieurs les hauts responsables du pays, il faut commencer à sévir, et sévissez comme il faut, car notre pays est en train de partir à vau-l’eau.
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Par Siré Bocar Hamady Diallo
ex-footballeur à Bamako
Source: Aujourd’hui-Mali
IBK est mal en l aise maintenant lorsqu’il prononce le mot corruption.