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Exclusif : Emmanuel Macron parle du passé colonial sur TRACE TV

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Exclusif. En marge de son déplacement en Afrique, le président Macron a donné une interview à TRACE TV. Enregistrée au Ghana vendredi 30 novembre, elle sera diffusée cet après-midi. Extraits.

L’exercice est totalement inédit pour Emmanuel Macron et pour TRACE. Annoncée comme une « conversation avec la jeunesse africaine », l’émission « Trace meets Macron » (Trace rencontre Macron) sera diffusée ce dimanche à 14 heures sur toutes les chaines de TRACE TV.

Créée en 2003 par Olivier Laouchez, Trace est “LE” media de référence de la culture afro-urbaine dans le monde avec 200 millions de téléspectateurs dans 160 pays, en majorité des jeunes d’origine africaine. On comprend pourquoi l’idée de donner une interview a séduit le président Macron qui voulait faire de son premier déplacement en Afrique un message adressé à la jeunesse du continent africain.

Le président Macron entouré des équipes de Trace TV avec à sa gauche Olivier Laouchez, fondateur du groupe et à dte Alice Tumler et Sam Olyemelukwe, responsable de l'Afrique de l'Ouest
Le président Macron entouré des équipes de Trace TV avec à sa gauche Olivier Laouchez, fondateur du groupe et à dte Alice Tumler et Sam Olyemelukwe, responsable de l’Afrique de l’Ouest © TRACE TV

Pendant cinquante minutes, le président a répondu aux questions d’Alice Tumler. Ancienne animatrice sur TRACE, la jeune franco-autrichienne a travaillé pour ARTE, aux cotés du musicien Manu Katché, elle a aussi présenté des émissions de Thalassa et de l’Eurovision 2015.

D’emblée, le président Macron lui explique son choix de s’adresser sur ce media comme un moyen de parler « directement » aux jeunes. Puis il déroule sa vision d’une jeunesse en Afrique francophone dont il vante “l’énergie incroyable” mais à qui il reproche d’être encore trop imprégnée par des « représentations du passé ». Un constat partagé par les équipes de Trace TV qui ont constaté que les questions posées par les francophones portaient plus sur le passé. Dans la lignée de son discours de Ouagadougou, Macron tente de crever l’abcès d’une mémoire commune coloniale beaucoup plus forte dans l’espace francophone, qu’anglophone. Il livre quelques confidences sur ses six mois passés au Nigéria en tant que stagiaire à l’Ena. L’expérience l’a dit-il « profondément changé ». Il observe que le Nigeria, déjà à l’époque de son stage -il avait 23 ans-, “ne regarde pas tellement la Grande-Bretagne ».

Interrogé sur l’enseignement, Macron revient sur les propositions énoncées à Ouagadougou. « Je veux donner la possibilité à un jeune (issu du continent africain) de pouvoir poursuivre des études supérieures dans son pays », dit-il, en insistant sur la “nécessaire formation des enseignants” et sa volonté d’intensifier les double-cursus entre universités françaises et africaines. « Je veux qu’on casse cette idée qu’il y a une seule route royale vers l’Europe», ajoute-t-il.

La séance de questions-réponses menée par Alice Tumler est émaillée de vidéos dans lesquelles des téléspectateurs posent des questions directement au président. Interrogé sur sa réussite personnelle, Macron donne des conseils: « travailler énormément » et « avoir de la chance, or la chance cela se tente ». «Si je n’avais pas terriblement cru en ce que je faisais, ce n’était pas la peine (…) Rien ne nous est donné, c’est encore plus vrai pour la jeunesse africaine, il y a un côté pas juste, mais l’énergie que vous avez, la confiance en vous personne ne vous la prendra.»

« Je voudrais que la jeunesse africaine – comme la jeunesse européenne et nos diasporas réciproques – ait un état d’esprit de conquérant »

Un volet important de l’interview porte sur l’entreprenariat, le cheval de bataille du président; « Le numérique va changer beaucoup de choses. L’Afrique a sauté une génération. Grâce au mobile, à l’Internet, on peut enseigner plus vite et de manière plus intelligente des formations adaptées.» Lorsque Alice Tumler aborde la question de la folie des start-up qui « font rêver » cette jeunesse africaine, Macron reconnait que l’entreprenariat n’est pas la seule voie vers la réussite. Il se félicite qu’« entreprendre fasse rêver les jeunes ». « C’est pareil pour la France, dit-il. Vous savez, il y a 10 ans les jeunes voulaient devenir fonctionnaires ou salariés dans des grands groupes. On leur avait mis dans la tête que c’était super, que c’était la sécurité. Aujourd’hui, une majorité veut devenir entrepreneur parce qu’ils veulent changer le monde. Ils veulent choisir. L’entrepreneuriat le permet.»

Après son interview avec Trace le 30 novembre 2017, Emmanuel Macron, ici photographié par Ludovic Marin, se rend sur le stade de football du quartier Jamestown à Accra
Après son interview avec Trace le 30 novembre 2017, Emmanuel Macron, ici photographié par Ludovic Marin, se rend sur le stade de football du quartier Jamestown à Accra © Ludovic Marin / AFP

A plusieurs reprises, le président Macron s’en prend à la « corruption », principal frein à l’entreprenariat. « La corruption, les systèmes bloqués, l’entre-soi, les combines, dit-il. Le jeune se dit “ce n’est pas pour moi, je n’ai pas d’espoir”. Je ne suis pas en train de vous dire «vous allez tous réussir formidablement», c’est impossible. Mais il ne faut pas vous dire qu’il y a des mythes. Mon job en tant que dirigeant, c’est de créer les conditions pour que cela soit possible (…). C’est à dire éradiquer la corruption, avoir des règles de bonne gouvernance qui font que lorsqu’on vient d’un milieu défavorisé, d’un milieu où on ne devrait pas pouvoir réussir, si on a le talent et le mérite de le faire, on peut y accéder. » « L’entrepreneuriat c’est de la mobilité économique et sociale. Je veux qu’on aide à le développer en Afrique.»

Sur la période coloniale: ni déni, ni repentance

Ingrid du Congo – la jeunesse africaine a été invitée à adresser ses questions via les réseaux de TRACE – rappelle au président Macron qu’il a déclaré que la colonisation était un « crime contre l’humanité ». « Quelle mesure êtes-vous prêt à mettre en place pour répondre des actes de la France sur le continent africain ? » « La réparation est mémorielle », répond Macron, qui reprend sa formule « ni déni, ni repentance ». « Ce serait ridicule de verser un subside ou indemniser. En termes de mentalités, ce n’est pas comme cela qu’on construit son avenir », ajoute-t-il. Macron plaide alors pour une « réconciliation des mémoires », qui exige un travail d’historiographie. Il appelle à dépassionner le débat mais promet en échange à la téléspectatrice qui lui pose la question de se « battre contre les discriminations à l’embauche, de s’assurer qu’elle ait les chances de la mobilité économiques et sociales.»

L’Afrique et la France ont tout à gagner à établir ce dialogue

Le président de Trace Olivier Laouchez se félicite de contribuer par cette interview à « la construction de passerelles culturelles entre les jeunesses africaines en Afrique et la jeunesse française ». L’entrepreneur diplômé de l’ESCP, basé en Afrique du Sud, ne cache pas sa sensibilité au projet d’Emmanuel Macron à titre personnel. Il se félicite que ses chaines puissent jouer le rôle de « médiateur » entre les nouvelles générations africaines et le président Macron, y compris de la diaspora africaine. «L’Afrique et la France ont tout à gagner à établir ce dialogue.»

« Ce qu’on a apprécié, confie Alice Tumler, c’est qu’il a répondu à tout. Je pense que c’était très important, il a dit beaucoup de choses que les gens voulaient entendre, marquer une cassure avec le passé et la représentation de la France en Afrique.» Reste à savoir comment vont réagir les nombreux téléspectateurs et fans sur les réseaux sociaux. L’interview sera mise en ligne lundi 4 novembre sur le sites de Trace TV et sur les réseaux sociaux avec le HashTag #Tracemeetsmacron.

Par parismatch.com

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