Dans le cadre la conférence de presse traditionnelle qu’il organise chaque année après la célébration des festivités du Maouloud, le guide de la Fédération d’Ançar-Dine internationale (FADI), le Chérif Ousmane Madani HAÎDARA, non moins président du groupement des leaders spirituels musulmans (GLSM), était face à la presse, dimanche 10 décembre 2017, à son domicile à Banconi Diaguinébougou. L’Objectif de cette rencontre était de présenter à la presse le bilan de l’organisation de la 33e édition du Maouloud par sa fédération à Bamako.
Comme il fallait s’y attendre, l’annonce de l’attribution d’un titre foncier de 150 hectares par le président de la République, Ibrahim Boubacar KEÏTA, aux Ançars a été le plat de résistance de l’entretien de ce dimanche entre des hommes de médias et le guide, Chérif Ousmane Madani HAIDARA. Face à cette question qui passionne les journalistes et enflamme les réseaux sociaux, le conférencier a indiqué qu’il n’a jusqu’à présent, aucune idée de la zone où se situe l’espace en question.
Pour répondre aux questions des journalistes, le conférencier était entouré des membres du GLSM et des responsables de la FADI, dont Mouffa HAÏDARA et Mohamed KALAPO, tous vice-présidents du GLSM ; le Président national d’Ançar-Dine au Mali, Modibo DIALLO, le Directeur de la maison du Hadj, le Dr Hamza MAÏGA, membre du bureau du GLSM, etc.
Dans l’intervention du président de la FADI, le Burkinabé El Hadj Sourakata MINMINTA, il ressort que le coût d’organisation du Maouloud 2017 par sa fédération s’élève à plus de 300 millions F CFA.
Pour cette dernière édition, la commission nationale d’organisation a-t-il indiqué, a enregistré la participation de plus 86 156 pèlerins dont 442 012 hommes et 41 944 vénus de 28 pays d’Afrique et du monde. De même, le nombre de prêcheurs a été estimé à 1 449 personnes qui ont animé 35 938 séances de prêches.
Au cours de ces différentes séances, 130 262 fidèles ont fait le serment de « Bayat ».
Par les innovations enregistrées pour cette 33e édition, il a cité la foire d’exposition initiée par la commission de coopération au Stade du 26 Mars de même que la confection d’un nouveau podium moderne avec toilettes et 3 escaliers.
Dimanche dernier, avec les hommes de médias, le guide spirituel de la Federation Ancar-Dine International, le chérif Ousmane Madani HAÏDARA, a fait un tour d’horizon des festivités de cette dernière édition du Maouloud avant de s’appesantir sur la question des 150 hectares alloués par le président IBK à l’événement.
« Ma demande d’espace religieux date de plusieurs années. Je l’ai demandé au nom de la Ouma slamique pas pour moi. Donc, si on a l’esprit d’un bon Malien, à voir le monde au stade du 26 Mars, on doit se soucier de la sécurité des populations. Donc, c’est utile pour moi qu’on ait un nouveau local pour la sécurité des pèlerins », a-t-il expliqué à l’entame de ses propos.
Mais depuis l’annonce faite par le chef de l’État lors de la séance des bénédictions, jeudi dernier au stade du 26 Mars, la question ne cesse de faire des vagues.
Et pourtant, selon le chérif lui-même, depuis cette annonce, aucun document ne lui a été délivré sur ce sujet par les services des domaines. Face à la polémique, le Chérif a eu cette réponse : « Ni moi-même ni mes enfants n’habiterons dans ces lieux. Mais s’il s’agit d’abriter le Maouloud, j’estime que l’espace ainsi annoncé ne suffit même pas rien que pour la sécurité des pèlerins. Mais le président des Ancar Dîne me disais de renoncer à l’offre qu’il est prêt à octroyer à coût de milliards un espace qui servira d’espace pour satisfaire ma doléance. »
Mais, s’est-il justifié, en refusant l’offre des autorités, cela pourrait être interprété comme une mauvaise image de notre pays.
« En 2011, plus de 36 fidèles ont perdu la vie dans une bousculade au Stade Modibo KEITA, à fin de la séance de pêche du Maouloud, c’est pourquoi nous avons été obligés d’aller au 26Mars. Mais devant le débordement qu’on constate à chaque événement, je crois que chaque Malien doit se préoccuper pour la sécurité des fidèles et souhaiter que les conditions d’accueil changent. C’est pourquoi je ne peux pas dire non aux autorités. J’ai demandé ce terrain pour que les Maliens se recueillent sur les lieux lors du Maouloud en toute sécurité », a indiqué le Chérif HAÏDARA.
Au-delà de la polémique, le chérif Ousmane Madani HAÏDARA estime qu’en tant que citoyen dévoué pour la cause de l’islam au Mali, il mérite que les autorités lui viennent en aide face à la dimension de l’événement.
En cette veille d’année électorale, l’attribution de ces terres sonne comme une demande de soutien politique comme contrepartie à payer lors des prochaines joutes électorales en 2018.
« Je pense que l’attribution de la parcelle à Açar Dine est un droit. Si celui qui l’a octroyé a des arrières pensés, cela n’engage que lui. En tout cas, nous le recevons en tant que citoyen. Quant à la question de la consigne de vote en ce qui me concerne. Il faut attendre qu’on soit en 2018, et je verrais ce qu’il y a lieu de décider », a répondu le guide.
Abordant la question de la sécurité de l’événement qui a mobilisé près de 80 000 personnes lors des trois séances au Stade du 26 Mars, selon les organisateurs, le conférencier a fait savoir que l’État a mis les forces de sécurité à la disposition la fédération qui a assuré leur prise en charge. Tout en saluant l’engagement des autorités, le Chérif Ousmane Madani HAÏDARA estime que le gouvernement pouvait faire mieux, en assurant directement, lui-même, la sécurité de l’événement.
« Je suis fier d’être Malien, mais il se passe souvent des choses que je déplore ».
De son côté, le vice-président du GLSM, Mouffa HAÏDARA, a rappelé que ce n’est pas la première fois que l’État attribue un terrain à un leader religieux.
« Il y a n’en qui ont reçu et qui y ont construit des médersas », a-t-il dit tout en invitant tous les sceptiques à aller consulter les registres fonciers au niveau des services des domaines.
Dès ce mercredi, a-t-il annoncé, le groupement va se réunir pour demander aux domaines de délivrer officiellement les documents au nom du Chérif HAÏDARA, qui de son avis, mérite largement ce cadeau.
Appréciant le geste du président IBK, il ajoute : « C’est une avancée pour nous les pratiquants d’obédience Soufi. » Dans les jours à venir, a-t-il fait savoir, le GLSM va s’organiser pour demander bien plus qu’une parcelle à l’État. « Si les politiques ne nous écoutent pas maintenant, nous serons obligés de présenter nous-même, un candidat qui va prendre en compte nos doléances », a-t-il menacé.
En plus de l’annonce du Maouloud fait par le président IBK, il ressort des indiscrétions de ses proches, que Ousmane Madani HAIDARA est propriétaire de plusieurs hectares de titres fonciers dans les environs de Bamako : 150 hectares à Fyan ; 12 hectares Bougoula ; 56 hectares Dognoumana ; 42 hectares à Moutougoula.
Chérif Ousmane Madani Haidara 150 Ha offerts IBK suffisent même pas
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: Info-Matin