L’année qui tire vers sa fin a connu des moments d’inquiétudes et des moments de satisfaction au ministère de l’agriculture. A quelques encablures de l’année nouvelle, le ministre a bien voulu se prêter à nos questions. Faites bonne lecture de l’entretien.
Le Pouce : Beaucoup d’évènements ont émaillé cette année agricole. Pourriez-vous à l’attention de nos lecteurs faire un bilan succinct ?
Dr Nango Dembélé : « Le bilan succinct se résume au niveau de trois évènements majeurs. Le premier, c’est la pluviométrie qui a été cette année capricieuse. Dans certaines localités, elle s’est installée très tôt et dans d’autres l’installation a été tardive. Le plus important a été la poche de sécheresse qu’on a observée, à un moment où les plantes avaient besoin d’eau pour continuer leur processus de croissance. Dans certaines localités on a assisté à l’arrêt précoce des pluies. Cette situation a entrainé des pertes énormes en superficies emblavées dues à la sécheresse. Cette situation a eu pour implication, ceux qui avaient des tracteurs et qui ont pu labourer et installer les cultures à temps, ainsi que ceux qui avaient des animaux en condition de travailler la terre, de tirer leur épingle du jeu en terme de production. Le deuxième aspect, c’est la poursuite de l’assainissement du circuit d’approvisionnement des producteurs en intrants. Il y a de cela une année, il avait été décidé de réduire le nombre des intervenants au niveau de la filière des cautions techniques à 15. L’application effective de cette mesure a été faite pendant cette campagne. Bien sûr que ça soulever beaucoup de problèmes mais les gens n’ont pas compris. On n’a éliminé personne. On a dit qu’ils devraient travailler avec les importateurs, les grossistes qui ont été sélectionnés pour approvisionner correctement les producteurs. L’objectif est de pouvoir assurer la traçabilité des intrants. Dès qu’on nous signale qu’il y a des intrants de mauvaise qualité, on sait qui a livré. Immédiatement, il est mis en demeure de retirer ses engrais de mauvaise qualité. Cette disposition nous a permis d’améliorer sensiblement la qualité des intrants. Allez y poser la question aux producteurs sur la qualité des intrants. A Sikasso, lors de la visite du président de la république, il y avait des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « merci, monsieur le président pour la qualité des intrants ». Le président de l’APCAM, Bakary Togola a dit à Koumantou au Chef de l’Etat que la qualité des intrants a été très bonne pour les producteurs. Tous ceux qui ont pu installer à temps leur culture à cause de l’opération tracteurs du président de la République plus l’accès aux intrants de qualité, ont pu augmenter sensiblement les rendements. Ceci a eu pour effet de compenser les pertes en superficies dues aux sécheresses. Il faut que les gens comprennent ça.la dernière caractéristique est que contrairement à ce que nous pensions, le coton après estimation faites par la CMDT, nous sommes à 706 000 tonnes après le comptage capsulaire. Une augmentation par rapport à la campagne passée où nous étions à 647 300 tonnes. Pour le mil- sorgho, nous sommes à 9 514 298 tonnes soit une augmentation de l’ordre de 7,5% par rapport à la campagne passée. Cette production a été tirée principalement par le riz en maîtrise totale d’eau, maïs hybride et une partie du sorgho. Au niveau du mil, on a connu des baisses. C’est la spéculation que l’on trouve dans le sahel occidental qui a été le plus durement frappée par les poches de sécheresse ».
Le Pouce : Un motif de satisfaction pour cette progression constante de la production du coton de la CMDT ?
Dr Nango Dembélé : « Pendant ces trois dernières années, on a constaté une progression continue. On enregistre les mêmes progrès au niveau de la production cotonnière. Je voudrais que les uns et les autres comprennent que la production importante de céréales enregistrées, ne veut pas dire que nous n’avons pas de problèmes de sécurité alimentaire. Une bonne partie des petits exploitants dans le sahel occidental n’ont rien récolté. Ces gens ont besoin d’assistance. Malheureusement au Mali, on confond offre agricole et sécurité alimentaire. Ces deux choses complètement différentes. Certains s’étonnent que les prix des céréales n’aient pas connu de baisse en cette période des récoltes. Des pays comme la Mauritanie, le Burkina Faso sont en déficit. Leurs opérateurs sont sur le marché pour acheter et stocker. Egalement, dans la zone sahélienne, ceux qui n’ont pas récolté sont aussi acheteurs pour reconstituer les stocks pour les besoins de la famille. C’est dire, qu’il ne faut pas s’attendre à des baisses dans la foulée. Elles vont intervenir au fur et à mesure que les récoltés sont rentrées au niveau du paysan. Dans certaines zones, les récoltés ne sont pas terminées ».
Le Pouce : Un ministre de l’agriculture satisfait ?
Dr Nango Dembélé : « Ah oui ! Un ministre satisfait. Ça allait être plus grave avec cette physionomie de campagne qui nous empêchait de dormir. Dieu merci, nous avons une production suffisante et les estimations du bilan, nous laissent prévoir des excédents très importants. Il s’agira au niveau du gouvernement, à travers le Commissariat à la Sécurité Alimentaire de s’assurer que l’ensemble des maliens puissent bénéficier de ces excédents et satisfaire leurs besoins alimentaires. Je suis très satisfait. Récemment à Cotonou, au Bénin, j’étais très fier de constater que le Mali est parmi les pays les plus performants en matière agricole de la CEDEAO. Mes remerciements au président de la république qui a maintenu son engagement vis à vis de l’agriculture en maintenant les 15% et en poursuivant son programme de mécanisation du secteur agricole dont nous avons vu les résultats. Sans les tracteurs, je ne sais pas ce qui serait advenu au Mali ».
Entretien réalisé par
Dr Nango Dembélé ministre agriculture Sans tracteurs je ne sais serait advenu Mali
Tiémoko Traoré
Source: Le Pouce