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Visite du président français au Ghana : La leçon du Président Ghanéen aux dirigeants Africains

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Le Président Abdoulaye Wade disait dans son livre dont le titre est « un Destin pour l’Afrique : l’avenir d’un continent, que la disponibilité de notre jeunesse a plus de valeur que les milliards de l’étranger ». Selon le président Wade, les populations africaines voyaient dans l’indépendance la clef d’une nouvelle ère pendant laquelle elles se prendraient en charge, pour d’une part liquider les séquelles de la colonisation, d’autre part, construire une Afrique à la hauteur des autres nations et marchant au  même pas. Les populations ont vite pris conscience de notre retard sur les autres continents dans tous les domaines. C’est au cours de la visite de quelques heures au Ghana, que le président de ce pays a fait une évaluation sommaire du chemin parcouru par les dirigeants africains, et la mentalité qui les a animé  depuis plus de cinquante ans c’était en ces termes : « Il est temps que les africains cessent de conduire leur politique sur la base de ce que soutiennent ou souhaitent les occidentaux, l’Union européenne ou la France. Ça ne marche pas, ça n’a jamais marché, ça ne marchera jamais. Arrêtons de nous demander ce que la France peut faire pour nous. La France fait de son mieux pour elle-même d’abord. Il est anormal que, soixante ans après l’indépendance, la moitié du budget ghanéen en matière d’éducation dépende de la charité des contribuables européens. Il est temps que les africains financent eux-mêmes leurs dépenses de santé et d’éducation. Il est urgent de rompre avec notre mentalité d’assistés et de mendiants éternels’’. L’émigration des africains, c’est d’abord notre responsabilité à nous, gouvernants africains. Partout et toujours, en Italie et Irlande au XIXe siècle comme en Afrique aujourd’hui, ce qui impulse les migrations, c’est l’incapacité à offrir aux jeunes la possibilité de travailler chez eux. Nos jeunes ne vont pas en Europe par plaisir, ils y vont à cause de nos échecs. L’énergie, l’ingéniosité, la résilience dont font preuve ces migrants pour traverser le désert et la méditerranée doivent être investies ici, en Afrique. Oui, nous voulons que notre jeunesse reste ici.

Alors inversons les choses, soyons autosuffisants, sortons de l’aide. We can do it ! Mais, pour cela, il faut de la bonne gouvernance, il faut des dirigeants qui utilisent l’argent public non pas pour eux-mêmes mais pour le peuple, il faut des dirigeants qui rendent des comptes, il faut des institutions fortes. Je me pose souvent la question : pourquoi la Corée du sud, la Malaisie et Singapour, qui ont acquis leur indépendance en même temps que nous et qui, en 1960, avaient un revenu par tête inférieur à celui du Ghana, appartiennent-ils aujourd’hui au premier monde et nous au troisième ? Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Je ne vois pas d’autre réponse que celle-ci : C’est notre responsabilité, pas celle des autres. En réalité ; quand nous prenons en compte les immenses richesses de notre continent, c’est nous, africains, qui devrions être en mesure d’aider le monde. Alors inversons les choses, soyons autosuffisants, sortons de l’aide. We can do it ! ». Le constat a été que contrairement aux Burkinabé et aux Ivoiriens, la visite d’Emmanuel Macron est passée inaperçue au Ghana. C’est un président français, totalement inconnu dans un pays anglophone comme le Ghana, dont les dirigeants ont toujours été animés d’un franc parler vis-à-vis des africains et des occidentaux. Il est vraiment temps que les dirigeants africains prennent à bras le corps les défis majeurs africains à savoir les défis écologiques (le désert et la désertification, l’enrichissement des soles etc…), les défis démographiques (la population, le sida, les réfugiés la famine etc…) les défis économiques (celui du développement, la dette africaine etc…) les défis sociologiques (la démocratie et les droits de l’homme, le régime de la limitation des mandats, la prise en charge de la jeunesse dans les programmes efficaces et spécifiques, le défi numérique. L’Afrique reste le seul continent en retard et  qui  doit être  développé d’abord par nous-même sur la planète terre.

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Badou S KOBA

Source: Le Carréfour 

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