Venue réveillonner à Tessalit avec 200 soldats de « Barkhane », Florence Parly veut que « le Sahel prenne sa sécurité en main ».
« Depuis ce petit avant-poste niché au milieu du désert, la France agit et fait fléchirle djihadisme » : Florence Parly, ministre des armées, a passé, dimanche 31 décembre 2017, le réveillon avec 200 soldats français basés à Tessalit, le poste le plus au nord de la force « Barkhane » au Mali.
« C’est mon premier réveillon avec nos forces et je suis extrêmement honorée de le passer ici avec vous », lance la ministre sous une immense tente aménagée pour l’occasion.
Poulet aux morilles et saint-émilion
Sur les tables soigneusement dressées défilent des plats de fête : saumon, crevettes, poulet aux morilles, le tout arrosé de saint-émilion. Et pour chacun, un Opinel, cadeau du ministère des armées. Dehors, la pleine lune éclaire le camp retranché, planté dans une étendue désertique à 100 km de la frontière algérienne.
« Un Nouvel An à Tessalit, ça reste quelque chose d’unique, même si on est loin de chez soi, explique le chef de ce poste avancé, le capitaine Etienne (les noms de famille restent confidentiels pour des raisons de sécurité). Notre famille à nous, ce soir, c’est Tessalit, même si on n’oublie pas les nôtres qui sont en France. »
Sur un toit à proximité, le 1re classe dit « Le Corse » monte la garde alors que les festivités battent leur plein. « On ira les rejoindre dès qu’on sera relevé, c’est une question de patience, sourit-il. On aimerait bien être avec la famille en France à discuter, ça fait bientôt quatre mois qu’on est ici mais bon, en même temps, ici, c’est ma deuxième famille. »
A l’approche de minuit, le compte à rebours est lancé : « 3, 2, 1, bonne année ! » La petite foule en treillis s’embrasse et échange des vœux. Une pause festive dans le quotidien des soldats de « Barkhane », qui continuent de traquer les djihadistes au Mali.
« Un ennemi invisible qui nous harcèle »
Les groupes armés, dispersés lors de l’intervention française Serval en 2013, ont trouvé un nouveau souffle dans le nord du pays malgré la présence de 12 000 casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et celle de la force française « Barkhane », qui compte 4 000 hommes dans la région.
Multipliant les attaques meurtrières contre ces troupes et l’armée malienne, ils ont étendu en 2017 leurs actions au centre et au sud du Mali, à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso, qui sont aussi régulièrement touchés.
« Ici, notre objectif principal est de neutraliser les groupes armés terroristes qui sévissent dans cette partie du Mali et utilisent l’Adrar des Ifoghas, cette zone montagneuse qui jouxte Tessalit, comme zone refuge », souligne le colonel Régis Anthonioz, commandant du groupement blindé Dauphin.
« Nous sommes au contact d’un ennemi invisible qui nous harcèle, avec des tirs de mortier, des roquettes ou des engins explosifs artisanaux, à fréquence mensuelle, bimensuelle. Mais depuis 2013 ces groupes ont été considérablement amoindris », assure-t-il.
Le pari de la France, désormais : accompagner la nouvelle force conjointe du G5 Sahel, qui réunit le Mali, le Tchad, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie, pour que ces pays prennent en charge, à terme, leur propre sécurité, a rappelé Florence Parly. « “Barkhane” aujourd’hui change de visage. La France sera présente aussi longtemps que nécessaire, mais la présence de la France n’est pas éternelle. Le Sahel doit prendre sa sécurité en main et nous sommes là, vous êtes là, pour les aider. »