Malabo (Guinée équatoriale) – La Guinée équatoriale a affirmé mercredi “avoir fait avorter” un coup d’Etat préparé fin décembre par un “groupe de mercenaires” étrangers qui voulaient “attaquer le chef de l’Etat” Teodoro Obiang Nguema pour le compte de “partis politiques d’opposition radicale”.
“Le ministère de la Sécurité nationale informe la population que le 24 décembre, un groupe de mercenaires tchadiens, soudanais et centrafricains ont infiltré les localités de Kye Ossi, Ebibeyin, Mongomo, Bata et Malabo pour attaquer le chef de l’Etat, qui se trouvait dans le palais présidentiel de Koete Mongomo pour passer les fêtes de fin d’année”, explique un communiqué du ministre de la Sécurité, Nicolas Obama Nchama, lu à la radio d’Etat.
Dirigeant son pays d’une main de fer depuis son accession à la présidence en 1979 par un coup d’État, Teodoro Obiang, âgé de 75 ans et doyen des chefs d’État du continent pour la longévité au pouvoir, a été réélu en avril 2016 avec plus de 90% des suffrages.
Le ministre ajoute dans le communiqué avoir “activé immédiatement une opération de démantèlement en collaboration avec les services de sécurité du Cameroun”.
Le 27 décembre, une trentaine d’hommes armés avaient été arrêtés à la frontière entre le Cameroun et la Guinée équatoriale par la police camerounaise, avaient déclaré la semaine dernière des sources camerounaises et diplomatiques équato-guinéennes.
Mercredi, l’AFP a appris que l’ambassadeur de Guinée équatoriale au Tchad, en villégiature à Ebibeyin, dans la partie continentale du pays, à la frontière camerounaise, pour les fêtes de fin d’année, avait été arrêté le 30 décembre par les autorités équato-guinéennes, selon un de ses cousins et une source policière de haut rang s’exprimant sous couvert de l’anonymat.
M. Enrique Nsue Anguesom est détenu depuis détenu dans un camp militaire de Bata, la capitale économique, “pour des raisons d’enquête concernant les hommes interpellés” le 27 décembre, selon ces mêmes sources. L’information n’a pu être confirmée par l’AFP de source officielle.
Le 27 également, les frontières équato-guinéennes avec le Gabon et le Cameroun ont été fermées à Kye Ossie, là où ont eu lieu les arrestations, avaient alors déclaré des sources concordantes. Des sources locales contactées par l’AFP avaient en outre indiqué que des renforts de l’armée équato-guinéenne avaient été envoyés à la frontière avec le Cameroun,
Les autorités équato-guinéennes n’ont pu être jointes depuis par l’AFP pour obtenir confirmation de la fermeture des frontières et de l’envoi de renforts.
Selon le communiqué de mercredi, le gouvernement de Malabo accuse ces “mercenaires” d’avoir été “contractés par des Equato-guinéens militants de certains partis d’opposition radicale avec le soutien de certaines puissances” étrangères, sans donner plus de détails.
Depuis les élections générales du 12 novembre, où le pouvoir a obtenu 99 sièges sur 100 au Parlement, le parti d’opposition Citoyens pour l’innovation (CI) – qui a obtenu le dernier siège – dénonce des “dizaines” d’arrestations de ses militants, dans les capitales politique Malabo et économique Bata.
Les autorités n’ont pu être jointes par l’AFP concernant ces présumées arrestations. Les médias publics n’en ont pas fait état.
L’ambassadeur de Guinée équatoriale à Paris avait parlé vendredi dernier de “tentative de déstabilisation”, tandis que le président Obiang a dénoncé le lendemain une “guerre” en préparation contre lui, en restant vague et n’indiquant pas s’il faisait référence à la trentaine d’hommes armés interpellés mercredi.
AFP