La volonté du locataire de Koulouba de rétablir la confiance entre les signataires de l’accord n’a pas eu d’écho favorable. L’appel d’IBK reste inaudible du côté de la Coordination et de la Plateforme.
L’appel lancé en faveur de l’accélération du processus de paix a du mal à être suivi par les parties. Après son premier cri de cœur et sa main tendue afin que les groupes déposent les armes avec à la clé une loi d’Entente nationale, IBK instruit à nouveau au gouvernement de créer les conditions pour maintenir un climat de confiance.
“Je vous exhorte à poursuivre les efforts pour maintenir le climat de confiance entre les parties signataires de l’accord, tout en prenant en compte des aspirations des uns et des autres”, a-t-il plaidé lors du premier conseil des ministres de l’équipe Soumeylou Boubèye Maïga.
Même si le chef de l‘Etat ne le dit pas ouvertement, ses propos démontrent à suffisance le retard accusé dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation sur le terrain. “Je vous demande de ne jamais perdre de vue que l’accélération de la mise en œuvre dudit accord est une des conditions essentielles pour la paix et la tranquillité sociale”, a lancé IBK.
Et de réitérer sa volonté de concrétiser la loi d’Entente nationale : “La paix ne sera durable qu’au prix d’une entente nationale. C’est dans ce cadre que la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale issue des conclusions de la Conférence d’entente nationale, propose des mesures d’amnistie en faveur de certains acteurs de la rébellion armée de 2012. Je vous demande d’initier très rapidement un projet de loi sur l’Entente nationale qui prendra en charge ces propositions”.
Pas de répondant
Que ce soit son projet de loi sur l’Entente nationale ou son appel au nouveau gouvernement à renforcer la confiance entre les signataires de l’accord, IBK semble être de moins en moins écouté par les acteurs.
Interrogés sur les initiatives du président Kéita, des responsables de groupes armés signataires ne s’emballent pas. “Nous sommes habitués aux effets d’annonce, mais nous savons pertinemment qu’entre les discours officiels et les actes, il y a un grand fossé qui les séparent”, nous a confié un cadre de la CMA, sous le couvert de l’anonymat.
Selon cet interlocuteur, il est difficile de croire à un changement dans la mesure où la confiance a été lourdement entachée et les partis signataires ne sont plus sur la même longueur d’onde que le gouvernement. Tout comme, expliquera-t-il, les partenaires et le gouvernement ne parlent plus le même langage.
Moins bavard, un responsable de la Plateforme estime qu’il y a moins de chances que les actions annoncées par IBK puissent aboutir sur le terrain. “La situation est telle que nous ne sentons plus la volonté d’aller à l’application de l’accord. Et même le fait que le président de la République demande aux gens de déposer les armes sans passer par les signataires démontrent un malaise. Par cet acte, IBK a porté un sérieux coup à la confiance qu’il prône et demande à son gouvernement de maintenir”, soulignera-t-il.
Des prises de position qui confirment que la CMA et la Plateforme ont la même position sur le régime. Et les deux l’ont démontré à travers un communiqué conjoint rendu public le lendemain de la composition du gouvernement SBM.
Alpha Mahamane Cissé
Processus paix L’appel d’IBK inaudible chez signataires