Le président a rendez-vous dans un hôpital militaire, au moment où les Etats-Unis s’inquiètent sur son état de santé mental.
Donald Trump est-il “l’individu en meilleure santé jamais élu à la présidence” des Etats-Unis ? Ça, c’est ce qu’affirmait son médecin personnel durant la campagne électorale. Depuis, ses détracteurs s’interrogent ouvertement sur l’état de santé mentale du milliardaire de 71 ans.
Des spéculations que la visite médicale prévue ce vendredi ne suffira pas à faire cesser. Car si Donald Trump a rendez-vous à Walter-Reed, un hôpital militaire de la banlieue de Washington, aucun examen psychiatrique n’est prévu pour celui qui s’est lui-même qualifié de “génie très stable”. Le bilan de santé devrait se limiter au poids, à la pression artérielle et au taux de cholestérol.
Donald Trump est le président le plus âgé jamais élu à la Maison-Blanche. Il n’a aucune obligation de se soumettre à un bilan de santé, ni d’en communiquer les résultats. C’est cependant devenu une tradition et l’exécutif a fait savoir qu’il s’inscrirait dans les pas de ses prédécesseurs.
Démence sénile ?
Les interrogations sur son état de santé ont été relancées ces derniers jours par le livre polémique du journaliste Michael Wolff, qui dresse un portrait au vitriol de l’ancien magnat de l’immobilier. Dans “Fire and Fury: Inside the Trump White House“, Trump est décrit comme un enfant souffrant de troubles de l’attention, tandis que son entourage révèle ses doutes sur sa capacité à gouverner. “Ils disent de lui que c’est un crétin, un idiot.”
Des doutes déjà formulés à voix haute dès la campagne. “Je suis de plus en plus convaincu qu’il est complètement fou”, écrivait un chroniqueur du “Washington Post” à quelques mois du scrutin. Sa première année de mandat n’a pas rassuré, loin de là. Ses tirades de tweets, sa gestuelle, ses difficultés d’élocution ont attisé les spéculations. Le journaliste David Pakman a ainsi avancé que le président souffrait de démence mentale, peut-être les premiers signes de maladie d’Alzheimer. Consultée par des élus démocrates en décembre, le Dr Bandy X. Lee, une psychiatre de l’université Yale, redoute :
“Trump va empirer et devenir incontrôlable sous la pression de la présidence.”
La Maison-Blanche réplique qu’il est “répugnant” de s’adonner ainsi à des diagnostics à distance. Lundi, le porte-parole Hogan Gid a réagi :
“Les journalistes manquent à leur devoir le plus élémentaire lorsqu’ils s’appuient sur des psychiatres qui n’ont jamais eu le moindre échange avec le président.”
Comme Reagan ?
Dans les années 1980, c’est l’état de santé du président Ronald Reagan qui avait inquiété les Etats-Unis, certains observateurs s’interrogeant sur la détérioration de ses capacités intellectuelles. Il annoncera d’ailleurs, quelques années après avoir quitté le pouvoir, être atteint de la maladie d’Alzheimer.
En 1994, l’ancien président américain Jimmy Carter avait lui-même tiré la sonnette d’alarme, s’inquiétant, dans le “Journal of the American Medical Association”, du “danger” que représentait pour les Etats-Unis la possibilité que les capacités d’un président soit réduites du fait d’une “maladie neurologique”.
Mais rien n’a bougé depuis. En avril, Jamie Raskin, élu démocrate du Congrès, a déposé un projet de loi prévoyant la création d’une commission de 11 personnes composée essentiellement de psychiatres et de neurologues, qui pourrait être appelée à se prononcer sur la santé mentale du président.
Il s’appuie sur le 25e amendement de la Constitution, ratifié en 1967, qui prévoit que le vice-président gouverne en cas d’incapacité du président à exercer les pouvoirs. Mais ne prévoit aucune entité qui aurait le pouvoir d’examiner la santé mentale du président. Il explique à l’AFP :
“Nous avons besoin de cet organe, pas seulement pour cette présidence mais aussi pour toutes celles à venir.
Les auteurs du 25e amendement avaient compris le danger d’avoir un président n’étant pas en pleine possession de ses capacités dans l’âge nucléaire dans lequel nous vivons.
J’allume la télévision et la radio et le débat fait rage sur le fait de savoir si le président est mentalement apte. Ce dont nous avons vraiment besoin est d’un processus pour lequel cette question peut être examinée en cas de crise.”
Dans un Congrès dominé par les républicains, le texte n’a, à ce stade, aucune chance d’aboutir. Mais il pourrait contribuer à un débat plus large sur ce thème.
Donald Trump passe sa visite médicale… mais on ne saura pas s’il est fou
(Avec AFP)
Source: L’Obs